Réhabiliter les chauves-souris !

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Tanguy Stoecklé, cinéaste animalier, a mis son film "Une vie de Grand Rhinolophe" en accès libre pour lutter contrer la mauvaise presse qui touche actuellement les chiroptères, en lien avec la crise du covid-19.

Face à l'abondance des articles de presse qui sont actuellement très négatifs pour les chauves-souris, Tanguy Stoecklé (*), cinéaste animalier spécialisé sur les chauves-souris, a mis son film "Une vie de Grand Rhinolophe" en accès libre sur Youtube.

Le film vient d'être spécialement traduit en 5 langues, il le sera peut-être bientôt en chinois car malheureusement les chauves-souris chinoises ont du souci à se faire avec des évacuations de chauves-souris de leur gîte d'hibernation : voir l'article de sciencs mag (en anglais) sur ce sujet.

Le cinéaste, qui a créé une chaine web pour diffuser de l'information sur les chauves-souris, cite également François Moutou, vétérinaire et épidémiologiste de renom, qui a écrit un texte au sujet du covid-19 et des chauves-souris, de façon à remettre les choses à leur place.

''Les chauves-souris ne sont pas porteuses du SARS-CoV-2, agent du covid-19. Il existe une grande diversité de coronavirus chez les mammifères, humains compris, et chez les oiseaux.

Le coronavirus responsable du covid-19 chez les humains n’est pas présent chez les chauves-souris et nous espérons que les coronavirus présents chez les humains ne sont pas transmissibles aux chauves-souris. Comme tout le vivant, et c’est une de ses caractéristiques, les virus évoluent, s’adaptent et peuvent muter. Aucune barrière d’espèce n’est totalement étanche. Or, dans leur obsession à vouloir toucher à tout, les humains oublient qu’ils sont eux-mêmes vulnérables. La déforestation, la chasse des animaux sauvages dans des lieux toujours plus reculés et leur rapide commercialisation sur de longues distances, favorisent de nouveaux contacts entre espèces et de nouvelles émergences de maladies.

Les chauves-souris sont riches d’au moins 50 millions d’années d’évolution. Ces mammifères sont certainement parmi les plus fascinants du monde. Les 1 300 espèces présentes sur terre jouent un rôle fondamental dans les grands équilibres écologiques. Le film « Une vie de Grand Rhinolophe » lève un voile sur l’intimité de ces fabuleux mammifères.

2 avril 2020 - François Moutou,  docteur vétérinaire, épidémiologiste (1)

Tanguy Stoecklé a eu plusieurs fois l’occasion de travailler auprès du Parc national des Écrins notamment lors du suivi de la colonie de Grands murins au Bourg d'Oisans
voir l'article : Chauves-souris : souriez, vous êtes filmées - octobre 2010

Grand murin - photo David Aupermann

Avec le Grand murin (ci-dessus), le Grand rhinolophe (ci-contre) est une des autres espèces de chauves-souris prioritaires du parc national qui abrite plusieurs colonies sur son territoire ou à proximité immédiate.

Grand Rhinolophe en hibernation - photo Marc Corail - Parc national des Ecrins Actuellement les grands rhinolophes terminent leur période d'hibernation dans les mines, les tunnels ou les grottes du territoire et ne devraient pas tarder à regagner leurs territoires de chasse printaniers.

Certaines chauves-souris sont déjà en activité et visibles en chasse au crépuscule dans les prairies, le long des lisières forestières ou bien encore autour des lampadaires comme la pipistrelle de Kuhl, la pipistrelle commune, le murin de Natterer, la barbastelle ou encore la noctule de Leisler et la sérotine commune.

=> Lire notre dossier : Les chauves-souris, faites-en vos amies !

A écouter aussi : la Ballade de la sérotine, une composition originale de Bruno et Nicolas Labrousse, créée à partir d’enregistrements de chauves-souris (au détecteur à ultrasons), d’amphibiens, d’insectes et d’oiseaux nocturnes.

Naturalistes, à vos écouteurs pour réaliser l'inventaire exhaustif de toutes les espèces présentes dans cet enregistrement !

(1) Pour aller plus loin dans les réflexions, lire aussi :
La vengeance du pangolin ?
Conversation avec François Moutou et Frédéric Keck

La crise du coronavirus nous rappelle brutalement que nous vivons au milieu d'autres espèces. Dans cette discussion ouverte avec le vétérinaire et épidémiologiste François Moutou et l'anthropologue Frédéric Keck, nous tentons de comprendre les causes de la pandémie et d'analyser ses effets sur notre rapport aux autres êtres vivants.
De ces réflexions, des réponses peuvent émerger sur la meilleure manière de prévenir ces phénomènes.