
Une reproduction à haut risque !
C’est la quatrième fois que notre trio entreprend une reproduction. Après deux réussites en 2018 et 2019, la couvaison 2020 s’est soldée par un échec, avec la mort du gypaèton 4 semaines après l’éclosion. Le confinement rendant impossible les observations régulières à ce moment-là, rien n’est sûr concernant les circonstances de la mort du petit. On peut simplement supposer une prédation par des grands corbeaux, dont le nid était situé à 200 mètres de celui des gypaètes.
Cet automne, le trio a construit son aire du côté des falaises des Bans, en rive gauche de la Romanche. À la différence de ses voisins du Mercantour, il déménage pour le moment tous les ans, signe que les conditions de vie sont encore perfectibles ! Exposition aux intempéries, au vent, au soleil, altitude : autant de critères qui peuvent jouer en bien ou en mal pour le confort du nid et de ses occupants…
Une ponte très précoce cette année
Même si notre trio est toujours à la recherche du nid parfait, il acquiert d’année en année de l’expérience en matière de reproduction. Preuve en est cette ponte très précoce par rapport aux moyennes de l’espèce.
La couvaison chez le gypaète dure en général entre 55 et 58 jours. Avec une ponte le 25 décembre, l'éclosion est donc à prévoir entre le 17 et le 20 février prochain. Affaire à suivre !
La reproduction du gypaète en bref
- 2 à 3 mois avant la ponte : choix du nid et rechargement de l’aire
- 90 à 50 jours avant la ponte : début de l’accouplement
- 55 à 58 jours après la ponte : couvaison
- Environ 4 mois d’élevage du jeune
- 116 à 127 jours après l’éclosion : envol du jeune
Pourquoi un trio ?
Les trios sont loin d’être une exception chez les gypaètes. Dans les Pyrénées, là où l’espèce est suivie depuis le plus longtemps, les trios représentent 15 à 17 % des ménages. Même si aucune étude n’a prouvé une meilleure réussite de la reproduction chez les trios, tout donne à penser qu’ils doivent y trouver un bénéfice certain : il est par exemple plus facile d’alterner la couvaison, de se relayer pour aller chercher à manger ou élever le jeune.
Objectif : protéger la reproduction
Entre la couvaison et l’élevage du jeune, le nid des gypaètes est occupé pendant 6 mois de l’année, ce qui est énorme chez les oiseaux ! Durant toute cette période, l’espèce est vulnérable et doit être protégée spécifiquement. Le Parc a donc mis en place une réglementation particulière : dans la zone dite de sensibilité majeure, à proximité immédiate de l’aire, toute activité humaine est interdite ; dans la zone dite tampon, les survols sont interdits.
Des bénévoles très impliqués !
Toutes les connaissances acquises depuis 2016 sur le trio de gypaètes sont le fruit d’observations régulières par les agents du Parc, mais aussi par une poignée de passionnés. Armés de leurs jumelles et de leurs longue-vues, Marie-Françoise Aubert, David Chalaron et les bénévoles de l’association Envergures alpines, n’hésitent pas à sortir par tous les temps (même par grand froid !) pour tenter d’observer les péripéties conjugales de notre trio. Un grand merci pour leur engagement et leurs contributions !
Pour en savoir plus sur le gypaète barbu, consulter le portail Biodiv'Écrins.