Pour comprendre le foisonnement de chapelles dans les Écrins, il est nécessaire d'appréhender d'un œil nouveau les notions de distance en fonction des saisons ainsi que l'organisation de la vie en hameaux.
L'accès hivernal des vallées, aujourd'hui permise par le déneigement des chaussées, est une évolution relativement récente. Auparavant, chaque hameau devait avoir accès au culte et ce, par tous les temps. Certaines communes comptent ainsi plus de quinze chapelles sur leur territoire
La diminution de la pratique religieuse a entraîné, depuis le début du XXe siècle, le déclin d'un grand nombre de ses édifices. Mais l'intérêt architectural et historique des chapelles prend le relais : depuis quelques années, les habitants redécouvrent leur patrimoine et souhaitent le protéger.
Le Parc national des Écrins propose en ce sens une aide technique aux communes adhérentes pour les aider à restaurer ces bâtiments particuliers, souvent très soignés malgré leurs dimensions restreintes.
L'architecture des chapelles
La beauté d'une chapelle se retrouve avant tout dans le petit détail, le décor discret, l'adaptation, toujours unique, du bâtiment à son milieu. Toutes différentes, il reste toutefois possible de dégager quelques caractéristiques générales.
La difficulté de l'approvisionnement en matériaux et les conditions difficiles impliquent la construction de bâtiments assez modestes.
Les chapelles des Écrins sont presque toujours composées d'une nef unique, sans transept, et terminées par un chœur voûté en cul-de-four.
La façade principale est percée d'une unique porte souvent surmontée d'un petit oculus ; un clocheton à arcade couronne le tout.
Les enduits varient selon les sables et graviers de chaque vallée mais on attache toujours un soin particulier à la façade principale, par rapport aux murs gouttereaux.
Parfois, un badigeon blanc ou coloré vient éclairer le bâtiment et permet d'apprécier de petits chefs-d’œuvre d'art rural.
Les variations d'une vallée à l'autre s'apprécient surtout au niveau de la couverture d'un bâtiment. Les constructeurs ont bien entendu toujours privilégié les matériaux les plus proches, qui peuvent varier du chaume à l'ardoise, en passant par le bardeau de mélèze ou la tuile écaille.
Quelques chapelles sur le territoire du Parc national des Écrins
Chapelle du Mont Guillaume, Embrun
Construite en hommage au saint du même nom, la chapelle Saint guillaume est l'une des plus remarquables du secteur de l’Embrunais. Elle domine toute la vallée de la Durance et la ville d’Embrun.
Son architecture est singulière, très trapue et arrondie, faites de procédés constructifs distincts. L’ensemble est maçonné en pierres, dont une partie est assemblée au ciment, et l’autre à sec. La couverture est composée de larges lauzes, tandis qu’un petit clocheton surmonte le tout.
Toujours active, elle fait l’objet une fois l’an d’un pèlerinage célébré par les prieurs de Saint Guillaume. Forte de 70 membres, cette confrérie d’hommes laïcs qui « s’engagent à maintenir en état chapelles, oratoires et croix, à faire œuvre de solidarité, et à faire vivre la tradition et la prière » existe depuis le XIIIe siècle. Même si tout prieur l’est à vie, chaque année, la confrérie reçoit le renfort de deux nouveaux membres, choisis trois ans auparavant : l’un habitant l’adroit (l’adret, ici, le versant de la ville), l’autre l’ubac (le versant de la campagne). Il n'y a pas de distinction sociale au sein des prieurs. Avocat, charpentier, barman, …, tout le monde est logé à la même enseigne et partage les mêmes valeurs.
Chapelle de la Saulce, Orcières
Située en cœur du parc national, cette chapelle est visible sur le sentier reliant le très beau hameau de Prapic au Saut du Laire. La chapelle primitive, datant de 1843, fut emportée par une avalanche, puis reconstruite en 1907. La nouvelle construction est protégée des avalanches par une abside pleine formant une étrave très solide. Une belle adaptation de l’architecture religieuse aux caractéristiques montagnardes, sans modifier son aspect extérieur.
Chapelle d’Ailefroide, Pelvoux
La Chapelle Notre-Dame-du-Bon-Secours-Saint-Pierre-et-Saint-Paul possède de nombreux détails qui méritent le coup d’œil. Elle se différencie en effet de bon nombre de ses semblables avec son petit clocheton charpenté et sa façade peinte au nom des saints protecteurs.
A l’intérieur, une série de deux voûtes d’arêtes retombent sur des pilastres et offrent à l’édifice un aspect très soigné.
Glossaire :
- Abside : partie circulaire d’une chapelle qui accueille le choeur de celle-ci.
- Choeur : secteur de l'église accueillant l'autel.
- Mur gouttereau : Par opposition au mur pignon, c'est le mur situé sous la descente de toit, il accueille la gouttière.
- Nef : secteur de l'église accueillant les fidèles.
- Oculus : petite ouverture circulaire
- Pilastre : support rectangulaire encastré dans un mur, avec une base et un chapiteau.
- Transept : il coupe la nef à angle droit, et forme symboliquement une croix latine.
- Voûte d’arêtes : intersection de deux berceaux qui se croisent à angle droit
















