De l'abri sous roche au refuge bois

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 Tout comme les bergers, chasseurs de chamois et autres cristalliers, les premiers alpinistes se sont tout d'abord "aménagés" des abris sous des roches (les "balmes") ou dans des grottes.

Des "refuges" très sommaires, souvent humides et mal isolés, mais qui permettaient néanmoins de faire une étape sur l'itinéraire des ascensions.

 

L'abri sous roche Tuckett © Christian Baïsset - Parc national des Ecrins  Sur l'itinéraire conduisant au sommet des Ecrins, les premiers alpinistes font d'abord halte dans un abri sous roche qu'ils appellent affectueusement "l'hôtel Tuckett", du nom de l'alpiniste britannique qui fut l'un des premiers à tenter cette ascension, en 1862.

Ancien refuge Tuckett © Christian Couloumy - Parc national des Ecrins Les "habitations pastorales et constructions en pierre venues plus tard étaient généralement plus confortables mais il n'était pas toujours évident de trouver les matériaux de construction sur place ... En 1886, une construction en dur est réalisée près de l'abri Tuckett : 12 tonnes de matériaux sont acheminées par les guides de la Vallouise...

 Par contre, acheminer des morceaux de bois pouvait être envisagé. Ainsi, la préfabrication des refuges en bois, transportés par morceaux pour un montage sur site, s'est développé progressivement dans les Ecrins et notamment après l'essai de la construction des refuges Cézanne et Lemercier, en 1891. Le chantier peut alors être préparé dans la vallée ; les pièces de bois sont dimmensionnées pour être transportées à dos d'homme et de mulets... et le montage est organisé pendant la "courte" période d'été, propice au chantier sur le site.

Refuge modèle Lemercier 1891-1894 Le refuge Cézanne (1874 m) et le glacier Blanc - collection Lucien Tron Le refuge de La lauze inaugure la technique en 1878 mais il sera emporté par une avalanche dix ans plus tard. En 1891, sa reconstruction (il devient le refuge Chancel), tout comme l'édification des refuges lemercier et Cézanne (inaugurés la même année) reposent sur un même principe de fabrication en bois, conçu par l'ingénieur Ledeuil.

Le refuge Caron 1903 L'expérience de l'hiver ayant démontré la solidité de ces refuges en "bois goudronné", la construction d'un refuge similaire a ensuite été décidée  pour l'Alpe de Villar d'Arène (1892). Viendront ensuite le Promontoire (1901), le premier refuge des Ecrins, l'abri Caron (1903),  l'Aigle (1910) ...

Pour autant, les refuges de bois sont aussi vulnérables aux intempéries... et aux incendies (l'abri Caron est détruit par un incendie  en 1921). Pendant longtemps, les avantages et inconvénients du bois et de la pierre n'ont pas permis de donner une prédominance affirmée à l'une ou l'autre de ces deux techniques.

A lire, à écouter

Au centre de documentation du Parc national des Ecrins :

  • La Meije Reine de l'Oisans, CHAPOUTOT P., photographies CHEVAILLOT F., Ed Hoëbeke, pp 129-132, 2000
  • La mémoire de l'Aigle, dvd, Club Alpin Français, 2008
  • Le Club Alpin Français et ses refuges en 1998, article, revue La Montagne et Alpinisme, pp 10-41, 1998
Refuge de l'Aigle © Hélène Quellier - Parc national des Ecrins
L'équipe des Compagnons qui a restauré le refuge Lemercier en 1997 © Claire Gondre - Parc national des Ecrins
L'ancien refuge en bois du Sélé (2 699 m) © Marie-Geneviève Nicolas - Parc national des Ecrins
Le refuge Cézanne sous la neige © Parc national des Ecrins
De la Bérarde à Ailefroide, le refuge du Sélé (3202 m) - coll. Parc national des Ecrins