2 jeunes éleveurs de Réallon récompensés pour leur prairie fleurie

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Dans la prairie fleurie de Régis Peyron à Réallon © M. Coulon - PNE
Pour l’édition 2022 du concours agricole dit des prairies fleuries, le jury a mis le cap sur l’Embrunais ! Après la visite des 8 parcelles candidates et de longues délibérations, ce sont Marine et Pierre Gourlain, à la tête de la Ferme du Bayle à Réallon, qui ont obtenu le premier prix.

Départager l’excellence !

Après la Vallouise l’an dernier, le jury du concours s’est intéressé cette année aux prairies naturelles de fauche de l’Embrunais, et plus particulièrement aux 8 parcelles candidates à Prunières, Puy-Sanières, Réallon et Châteauroux-les-Alpes. Des parcelles remarquables en tous points, qu’il s’agisse de la richesse agronomique, de la diversité végétale et animale ou de la qualité de l’environnement aux alentours. « On juge l’exception ici », a parfaitement résumé Sébastien Guion, de la chambre d'agriculture des Hautes-Alpes. Les délibérations qui ont suivi la visite des parcelles ont donc été particulièrement difficiles, avec des rebondissements jusqu’au bout et un classement très serré !

Le jury sur la parcelle de Marine et Pierre Gourlain à Réallon © M. Coulon - PNE

Une parcelle gagnante très complète

Sur la parcelle de Marine et Pierre Gourlain à Réallon © M. Coulon - PNE Ce sont finalement Marine et Pierre Gourlain, 2 jeunes éleveurs caprins à Réallon, qui ont remporté le premier prix pour une parcelle située sous la station de ski. Parmi les critères décisifs, une diversité de plantes remarquable avec 52 espèces identifiées, un fourrage productif et très nutritif pour les animaux, des pollinisateurs sauvages présents en grand nombre et une grande variété de micro-habitats à proximité (murets, clapiers, haies, grands arbres). Le jury a également considéré que cette parcelle était la plus représentative du territoire, avec en ligne de mire le Concours général agricole. Car les heureux gagnants du concours de l’Embrunais représenteront les Écrins l’an prochain à Paris…

Le jury et les participants du concours. Marine Gourlain est en bas, 2e en partant de la droite © I. Miard - PNE

2 autres participants distingués

Deux autres parcelles ont également été mises en valeur, preuve des notes très serrées entre les 3 prairies sur le podium. La parcelle de Clément Lions, située sur les hauteurs de Châteauroux-les-Alpes, a ainsi retenu l’attention du jury par sa variété floristique (60 espèces) et la quantité d’insectes présents. Du fait de l’altitude et de la difficulté d’accès de la prairie, le maintien de la fauche est un vrai défi, relevé avec succès par l’agriculteur qui produit un foin de qualité à destination de ses agneaux et agnelles.

Sur la parcelle de Clément Lions © H. Martineu - PNE Sur la parcelle de Catherine Ollieu © M. Coulon - PNE

Catherine Ollieu, agricultrice à Réallon, a également reçu les félicitations du jury pour sa parcelle située au-dessus du hameau des Gourniers. Ont été soulignés la richesse des espèces florales présentes (54), et en particulier des légumineuses qui fournissent des protéines aux animaux, l’abondance du fourrage malgré l’altitude (1 500 mètres), et l’importance de cette prairie dans un environnement en cours de fermeture.

Un concours aux objectifs multiples

En plus de récompenser des savoir-faire et des pratiques respectueuses de l’environnement, le concours des prairies fleuries s’emploie à créer du lien, à la fois entre les agriculteurs participants et entre eux, le Parc national et la chambre d’agriculture. Comme l’explique Pierre Commenville, « ce concours est intéressant car il apporte d’autres regards qui viennent enrichir celui de l’agriculteur ». Pour Vincent Bellot, président du jury en sa qualité de gagnant de l’édition précédente et du Deuxième prix national au Concours général agricole, il s’agit aussi de faire évoluer l’image du métier. « C’est bien de parler des agriculteurs comme ça. L’agriculture, ce n’est pas que des chiens, des tracteurs et du bruit ! Ce sont aussi des choses en faveur de la biodiversité. »

Le portrait des gagnants

Marine Gourlain sur sa parcelle à Réallon © M. Coulon - PNE Marine Gourlain, gagnante du concours avec son mari Pierre, nous dit quelques mots sur leur exploitation : « Ça fait 4 ans qu’on a repris la ferme, mais la chèvrerie existe depuis une trentaine d’années. Nous avons une cinquantaine de chèvres laitières, une vache, 4 chevaux, 11 hectares de prés de fauche et 40 hectares de parcours pour les animaux, le tout en agriculture bio. » Une jolie réussite pour ces 2 jeunes éleveurs de 29 ans qui ne ne destinaient pas à l’agriculture à l’origine. « On n’est pas issus de familles d’agriculteurs, explique Marine. On a commencé des études dans l’environnement et les espaces montagnards et pastoraux. On y a croisé plein d’éleveurs, ce qui nous a donné envie de faire ce métier. Être agriculteur est une bonne façon de gérer son espace ! » Petit changement de trajectoire donc : Marine et Pierre poursuivent leur parcours avec une formation sur l’élevage des chèvres et la transformation fromagère. « Pour notre apprentissage, j’ai travaillé à Puy-Sanières et mon mari à La Bréole. Il est originaire de l’Oise et moi de Marseille, mais j’ai de la famille dans le Queyras. On avait tous les deux envie de s’installer en montagne, dans les Hautes-Alpes. Après 2 ans de recherche d’une ferme à reprendre, avec toute la problématique de la reprise quand on est pas du milieu, nous sommes arrivés à la Ferme du Bayle et la passation s’est très bien passée ! »

Sur la parcelle de Marine et Pierre Gourlain à Réallon © M. Coulon - PNE

Au sujet du concours des prairies fleuries, c’est la première participation du couple. « J’en avais entendu parler dans le Queyras où il y a le même concours. Ça m’a tout de suite intéressée car je fais partie d’un groupe de femmes agricultrices qui s’appelle Favoriser l’agriculture de montagne, et on a eu récemment des formations sur les prairies fleuries. C’est un enjeu pour l’agriculture aujourd’hui. Grâce au concours, on a appris beaucoup de choses sur notre parcelle concernant la botanique, l’entomologie… Et puis on a eu beaucoup d’échos positifs ! »

Sur la parcelle de Marine et Pierre Gourlain à Réallon © M. Coulon - PNE C’est pourtant avec une grande surprise que Marine a accueilli la nouvelle de sa victoire. « Je ne m’y attendais vraiment pas ! Mais ça vient récompenser tous nos efforts. On réfléchit tout le temps à tout ce qu’on fait, pour le faire du mieux possible et avoir l’impact le moins négatif sur l’environnement, et c’est parfois fatiguant ! J’espère que notre exemple va sensibiliser le monde agricole et faire réfléchir sur les pratiques, comme les pesticides et les vermifuges qui peuvent avoir un impact sur la petite faune. Au Salon de l’agriculture à Paris, ce sera l’occasion d’en parler. J’espère semer ma graine sur tout ça ! »