Des interventions dans les centres de vacances...

« En Champsaur, terre d’accueil pour les centres de vacances, classes de neige, rousses ou vertes, nous intervenions dans plus de 12 centres. Dès les années 1970, nous sommes mis à contribution pour « semer la bonne nouvelle de la protection de la nature ». À cette époque, le métier d’accompagnateur en moyenne montagne n’était que balbutiant. Comme des missionnaires, nous intervenions surtout l’hiver dans les centres de la vallée. Nous partions avec mon 4L Renault chargé d’un écran, du projecteur photos, de divers montages diapos, d’un tableau récapitulatif sur l’histoire de la protection de la nature et l’organisation du Parc. Et bien sûr de la pelle à neige et parfois des chaînes ! Les animations étaient en fin d’après-midi, avant le souper. La salle de projection était souvent la salle du réfectoire que nous devions partager avec les personnels de service.

Et les écoles du Champsaur

Avec les petits Champsaurins, nous ne restions pas inactifs et nous intervenions toute l’année. C’est souvent sur les skis de fond que nous glissions l’hiver sur les pistes de la vallée à la recherche des traces. À la clé, beaucoup d’histoires à leur raconter sur la vie du petit peuple qui laissait ses empreintes sur ce manteau blanc. À chaque saison, ces sorties s’orientaient sur d’autres thèmes : éveil de la vie des végétaux, arbres et arbustes qui nous entouraient… Nos maîtres mots était donner, partager et témoigner, pour faire comprendre aux enfants que la Terre n’est pas aux hommes mais à tous les êtres vivants.

L’école de Champoléon, ou l’origine du cheval de bois au col éponyme

Puisque j’habitais les Borels à Champoléon, nous sortions avec les élèves de la classe unique, de la maternelle au CM2 : 14 petits avides de connaître. Ils avaient conscience de leur environnement, parcourant régulièrement la vallée. Sur la porte de l’école, un simple panneau : « La classe est dehors ». Pas de dossier pour l’administration. La simplicité et la spontanéité pour découvrir la vie au fil des saisons. La vie des aigles royaux bien présents dans la vallée. Bien sûr le fourmillement des fourmis rousses et la « dégustation d’une fourmi » pour goûter et sentir l’acide formique. Faire découvrir la nature par la vue, l’écoute, le toucher, le goût et la senteur. Aussi leur faire prendre conscience de leur corps. À chaque sortie, nous terminions par un jeu, souvent le « béret », récapitulatif de ce que l’on avait découvert ce jour-là.

Avec eux et la maîtresse Danièle, nous sommes montés au col du Cheval de bois y déposer le premier cheval de bois. Maintenant, ce doit être le troisième ou le quatrième et je compte y monter mon cheval à bascule que j’ai eu lorsque j’étais enfant…

Des observations grandeur nature !

Avec les petits maternels de la classe de Mimie au Pont-du-Fossé, nous avions travaillé sur les oiseaux , comparé leurs becs avec des outils : pince à épiler, pince universelle, marteau, passoire…

Avec Josiane dans sa classe à Chabottes, les sorties étaient régulières et sur plusieurs années. Au fil des saisons, nous allions à la découverte du bord du Drac et de la forêt à côté de l’école, tous les sens en éveil. Aux Roranches, nous allions au printemps à la recherche des aigles royaux dans la falaise du Palastre. Parades, accouplements : à chaque fois de belles observations ! »

Côté lecture...

ROUX I., Etude Action Education Environnement, DIRECTION DEPARTEMENTALE JEUNESSE ET SPORTS, PARC NATIONAL DES ECRINS, DIRECTION REGIONALE DE L'ENVIRONNEMENT PACA, CONSEIL GENERAL DES HAUTES-ALPES, 1995.

DULAC O., PARC NATIONAL DES ECRINS, Visa pour le Champsaur : Livret pédagogique du Parc national des Ecrins, PARC NATIONAL DES ECRINS, 1995.

L'homme et la protection de la nature, PEMF, BT NATURE, 1982.