Une opération minutieusement préparée...
« Cette opération est une superbe histoire qui aura marqué ma carrière ! Le Parc des Écrins avait été créé depuis une quinzaine d’années quand le ministère de l’environnement a proposé à différents parcs naturels de participer à la réintroduction du bouquetin dans les massifs où il était présent autrefois. Notre Parc a adhéré et a pris conscience de l’importance de ce nouveau projet. Ça a marqué le début d’un travail collectif passionnant. Nous sommes allés voir nos collègues de Vanoise qui nous ont montré les sites où vivaient les bouquetins. Nous avons eu de très bons échanges, nous avons beaucoup appris d’eux. On ne voulait pas se planter ! Avec l’aide de différentes personnes du terrain comme du monde scientifique, il a été décidé que dans le Valbonnais, c’est le site du Gragnolet qui serait favorable au lâcher.
28 bouquetins ont été réintroduits dans le Valbonnais : 16 bêtes en avril 1989, 12 bêtes en avril 1990.
Mais non sans inquiétudes !
Les collègues de Vanoise ont capturé les bouquetins choisis, les ont endormi et ont fait des prélèvements sanguins et des mesures physiques pour voir l’état de santé des animaux, pour éviter tout transfert de maladies sur le nouveau site des Écrins. Le transport des bouquetins se faisait la nuit, après le feu vert du vétérinaire, pour être sur le site du lâcher vers 6 à 7 heures du matin. Ces trajets étaient stressants, car l’anesthésie et la route présentaient quand même des risques pour les animaux...
Un peu d'humour à l'occasion de la réintroduction !
La population locale était présente. Cet événement a été l’occasion d’un échange scolaire : l’école d’Entraigues a assisté à la capture des bouquetins en Maurienne et les élèves du Bourget étaient présents au lâcher.
Rassemblement à l'occasion du 2e lâcher de bouquetins.
Les débuts du suivi de cette nouvelle population
Cinq bouquetins étaient équipés de colliers émetteurs qui nous permettaient de mieux les localiser et de comprendre leurs déplacements. Le relief assez escarpé nous demandait de grands dénivelés pour retrouver les individus, qui l’été, se trouvent entre 2 500 et 3 000 m d’altitude… Notre travail d’observation nous a permis de découvrir et d’apprécier ces bouquetins dans leurs nouveaux milieux.
C’est pour moi une expérience très positive, riche en relations humaines, qui je pense, a beaucoup motivé l’équipe d’Entraigues. Nous étions sensibles au fait que c’était une espèce qui allait disparaître. Avec le recul, avoir contribué à son développement me remplit d’émotion. »
Côté lecture...
GUIRAL G., Réintroduction du bouquetin des Alpes dans le Parc national des Ecrins : secteur du Valbonnais 1989 - 1991, PARC NATIONAL DES ECRINS, 1991.
GALINDO C., Etude scientifique sur la réintroduction du Bouquetin des Alpes (Capra ibex ibes) dans 3 secteurs du Parc national des Ecrins : l'Embrunais, le Valbonnais et le Champsaur, UNIVERSITE D'AIX-MARSEILLE III, PARC NATIONAL DES ECRINS, 2005.
MOINE C., Le Valbonnais et la réintroduction du bouquetin des Alpes, 1991.
et attention pépite ! :
Parc national des Ecrins, Le grand retour du bouquetin des Alpes : Le Journal de la réintroduction dans le Valbonnais, 1989 à 1994 - n° 1 au n° 17