Un agriculteur argentiérois primé au Concours général

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La parcelle gagnante du concours prairies fleuries à la Muraigne (Fournel) © T. Maillet - PNE
La très bonne nouvelle est tombée vendredi 4 mars au Salon de l’agriculture à Paris : Vincent Bellot, agriculteur à L'Argentière-la-Bessée, a remporté le Deuxième prix national au Concours général des pratiques agroécologiques grâce à sa prairie fleurie du vallon du Fournel. Une très belle récompense pour cet éleveur qui représentait aux côtés de Jean-Luc Motte (Saint-Bonnet-en-Champsaur) le territoire des Écrins.

Portait du vainqueur

En 2021, c’est la 2e fois que Vincent Bellot participe au concours local des prairies fleuries organisé par le Parc national des Écrins et la chambre d’agriculture des Hautes-Alpes. Cette fois, c’est une parcelle située dans le vallon du Fournel qu’il présente. « La parcelle est dans le secteur des reines des Alpes, une fleur rare et protégée, explique Vincent. Pour aider au renouvellement des plantes, je pratique une fauche tardive : 2 ans sur 5, je fauche après le 15 août, le reste du temps, après le 10 juillet. » Le choix de cette prairie est le bon puisqu’il remporte le concours local et avec, l’honneur de représenter le territoire des Écrins au Concours général agricole.

Remise des prix sur le stand du ministère de l'agriculture © M. Della-Vedova - PNE 4 mars 2022 : Remise des prix sur le stand du ministère de l'agriculture

Le voyage jusqu’à Paris et le Salon de l’agriculture n’a pas non plus été vain : Vincent remporte le 4 mars dernier le Deuxième prix national des pratiques agroécologiques dans la catégorie « prairies et parcours », « fauche prioritaire en montagne ». Une grande fierté pour cet éleveur ovin qui a repris une partie de l’exploitation familiale en 2006 : « Cette récompense est super gratifiante car elle met à l’honneur tout le travail fait sur plusieurs décennies voire générations. C’est une reconnaissance que nos activités peuvent entretenir des prairies de plus en plus riches en biodiversité. »

Vincent Bello, lauréat du Deuxième prix © M. Della-Vedova - PNE Vincent Bello, lauréat du Deuxième prix © M. Della-Vedova - PNE

Plus qu’un réel impact sur son travail, Vincent espère que ce prix permettra d’ouvrir les yeux au grand public : « J’aimerais que les gens prennent conscience que tous les agriculteurs ne font pas n’importe quoi, qu’on peut aussi avoir de bonnes pratiques. » C’est avec le plein soutien des autres agriculteurs de la vallée que Vincent a participé à cette aventure parisienne : « Ils ont été très contents que je monte à Paris. Ici, c’est rare que les agriculteurs ne s’inscrivent pas au concours des prairies fleuries, tout le monde aime ça. » Et Vincent tient à le souligner, « ce n’est pas juste une prairie qui a gagné, c’est un secteur. Si l’hygrométrie ou la sécheresse avait été différente l’année dernière, ce n’est pas ma parcelle qui aurait gagné mais une autre ».

En famille au Salon de l'agriculture © M. Della-Vedova - PNE Au Salon de l'agriculture, Vincent Bellot (à gauche), Jean-Luc Motte (au milieu) et leurs familles, accompagnés de Muriel Della-Vedova (à droite), chargée de mission agriculture au Parc national des Écrins

L’autre finaliste pas si malheureux !

Autre participant au Concours général agricole, Jean-Luc Motte présentait lui une parcelle dans la catégorie « agroforesterie ». Située à Villard Trottier (Saint-Bonnet-en-Champsaur), cette parcelle lui a permis de remporter le concours local d’agroforesterie en 2021. Typique du bocage champsaurin, elle est entourée de haies qui sont entretenues traditionnellement. « Nous taillons les frênes en têtard, précise Jean-Luc. Mon père a toujours fait ainsi et nous avons continué. Cela permet de faire du bois régulièrement sans couper l’arbre et de s’assurer une ressource durable. Et puis les arbres sont quand même plus agréables à la vue que des haies rasées ! » La pratique de l’agroforesterie est également pleine de vertus pour les animaux, comme l’explique Jean-Luc : « Les haies abritent les bêtes l’été quand il fait chaud, mais aussi à l’automne quand la bise souffle. Les parcelles avec des haies sont celles qu’on garde quand il fait mauvais temps. »

La parcelle gagnante du concours d'agroforesterie à Villard-Trottier © D. Vincent - PNE La parcelle de Jean-Luc Motte, gagnante du concours d'agroforesterie à Villard-Trottier

S’il n’a pas été récompensé au Concours général agricole, Jean-Luc tire un vrai plaisir d’avoir fait le déplacement à Paris : « Ça a été une fierté de gagner ici, mais plus encore d’aller à Paris. C’est une forme de reconnaissance que ce qu’on fait est bien. Avec ma fille qui va reprendre l’exploitation, on part faire les haies à la tronçonneuse. Pas à la débroussailleuse, ça fait des dégâts aux arbres. Mais on est les seuls ici à faire comme ça aujourd’hui. »

Jean-Luc Motte, participant au Concours général agricole © S. Guion

Dans son exploitation familiale de vaches laitières, cette pratique s’inscrit dans un projet plus global. « On ne fait plus d’ensilage, on ne donne plus de maïs aux animaux, que du foin. Depuis le 1er janvier, notre lait est livré à la Fromagerie de la Durance. » Il faut dire que les choses ont changé depuis sa reprise de l’exploitation en 1989 : « Les produits locaux ont plus la côte que les produits industriels. Quand je me suis installé, il fallait produire. Aujourd’hui, on n’est plus dans cette optique-là, il faut plutôt faire moins mais de meilleure qualité. C’est ce que ma fille apprend en lycée agricole et c’est ce que je fais pour lui laisser quelque chose qui tienne la route. »