Connaissez-vous le gneiss œillé amphibolique ?
Jean-Baptiste Jacob, géologue, s'intéresse à cette association de roches particulière dans le cadre de sa thèse à l'Institut des Sciences de la Terre de Grenoble.
Accompagné d'Arnaud Pêcher, géologue et membre du conseil scientifique du Parc national, le jeune chercheur s'est rendu dans le Haut Valgaudemar, entre Olan et Gioberney. Son objectif est de compléter les connaissances sur le gneiss oeillé amphibolique que l'on trouve sur ce site, et de mieux dater sa formation.
Gneiss à structures variables
Le gneiss est une roche bien connue des montagnards du massif des Ecrins. Les manuels de géologie la définissent comme une roche métamorphique, c'est-à-dire une roche qui a été transformée. Parfois compacts, les gneiss des Ecrins restent souvent délités, au grand dam des alpinistes exposés aux chutes de pierres !
La transformation de la roche originelle peut s'accompagner d'une recristallisation de grands cristaux (quartz et feldspaths).
Sous l'écrasement de la roche, ces cristaux forment alors des "amandes" ou "yeux" dans le gneiss. Ainsi, le gneiss oeillé constitue une formation que l'on rencontre fréquemment aux quatre coins du globe.
Le gneiss œillé que l'on rencontre entre l'Olan et Chalance contient également des amphibolites, ce qui produit une association peu fréquente.
Ces minéraux sombres se sont cristalisés à partir d'une roche originelle riche en calcium, probablement des laves volcaniques.
Après transformation, la roche présente donc une alternance de lits sombres, franchement amphiboliques et de lits clairs de feldspath.
De beaux yeux cristallisés dans le gneiss
De quand date cette roche ?
La présence marquée de potassium dans le gneiss œillé amphibolique se retrouve dans les roches volcaniques datées du carbonifère supérieur. De ce fait, les gneiss de Chalance pourraient être des marqueurs privilégiés des épisodes magmatiques anciens. Des analyses chimiques de la roche pourraient permettre à Jean-Baptiste Jacob de mieux dater et de mieux comprendre les mécanismes de formation de ce gneiss oeillé amphibolique.
Pour aller plus loin : Géol'Ecrins, le Gneiss oeillé de l'Olan à Chalance
"Les gneiss œillés de l’Olan affleurent en rive droite du Valgaudemar, du Pic du Lauzon à l'Olan. Ils sont toujours associés aux amphibolites.
À proximité du refuge de Chalance, ces gneiss affleurent dans d’excellentes conditions et montrent une grande variété de structures. On retrouve quelques autres témoins d'extension plus réduite, plus au nord dans le massif des Écrins : au Bec du Canard et dans le flanc ouest du col de l'Encoula, où ils sont, comme en Valgaudemar, associés aux amphibolites ; sous le Peigne du Pierroux (cirque de Lauranoure) où ils forment un mince niveau intercalé dans les gneiss acides de la Lavey."