Des bouquetins toujours plus nombreux dans le Champsaur !

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Depuis sa réintroduction en 1994 et 1995, la population de bouquetins hivernant sur les adrets de Champoléon est suivie de près par les gardes-moniteurs du Parc national des Écrins. Comme chaque hiver, plusieurs sessions de comptage ont eu lieu entre janvier et février 2021. Une bonne nouvelle à l’issue des comptages : la population de la vallée est toujours en croissance, avec 337 bouquetins dénombrés cette année, soit une hausse de 7,32 % par rapport à l’année dernière.

Une espèce bien présente à Champoléon l'hiverComptage des bouquetins à Champoléon - © I. Miard - PNE

Après un rapide passage à la Maison de la vallée à Pont-du-Fossé, les participants répartis en binômes ont pris la direction de leur point d’observation attitré. Sept zones de comptage, qui correspondent aux principales zones d’hivernage des bouquetins de cette population, sont réparties sur les adrets de Champoléon. En effet, 80 % des bouquetins de la population hivernent sur cette commune. D’autres noyaux existent, mais sont dénombrés tous les trois ans.
Les bouquetins se rassemblent dans la vallée de la mi-novembre à la mi-mai puis s’éparpillent l’été venu pour se reproduire dans leur secteur de prédilection (Vallouise, la Motte-en-Champsaur ou le Gioberney). Leurs zones d’hivernage préférées : les terrains rocheux sans neige où ils peuvent trouver des végétaux, même moins nutritifs.

Comptage des bouquetins à Champoléon - © I. Miard - PNEUn comptage pas si évident...

« J’en ai un en bas, un mâle qui mange, et un autre gros en-dessous ». À peine les longues-vues installées, les gardes aperçoivent les premiers bouquetins. C’est que le secteur que scrutent Olivier et Rodolphe ce matin, sur le versant sud-est du Puy des Pourroys, est celui où hiverne le plus d’animaux dans la vallée. Pour ne pas compter les mêmes bêtes plusieurs fois, ils respectent tous deux un parcours d’observation dans le sens des aiguilles d’une montre. Et la durée de leur observation n’excédera pas 1 heure à 1 heure 30, « pour rester concentré et lucide » explique Rodolphe.

Trois sessions pour compter le plus d'animaux possible

Aujourd’hui, la tâche est d’autant plus compliquée que beaucoup de bouquetins évoluent seuls. « La semaine dernière, nous avons compté 130 bouquetins ici. On en aura sûrement moins aujourd’hui. » commente Rodolphe. Cette différence n’est pas forcément un problème, puisque trois comptages sont organisés aux mêmes endroits entre janvier et février. Le but : avoir la vision la plus exhaustive possible des animaux présents, en répétant le même protocole d’une sortie à l’autre. À partir du meilleur des comptages, une courbe de tendance pourra être établie.

À la recherche des bouquetins marqués

« Le gros mâle que je vois, c’est Maël », lâche Olivier. Une bague de couleur à chaque oreille : pas de doute, la bête en ligne de mire d’Olivier fait bien partie des 30 bouquetins marqués dans le cadre du suivi de cette population. Glaciale, Kira, Rafale, Cornela, Tigrette et Nala sont repérées dans la foulée. « C’est une bonne nouvelle de pouvoir les observer, explique Rodolphe, car ça nous donne une indication du taux de survie des animaux. »

Bouquetins près de la cascade de Bécé - © R. Papet - PNE Bouquetin dans le vallon du Tourond - © R. Papet - PNE

Une population en croissance...

Après la troisième et dernière session de comptage le 11 février, les résultats tombent : 337 bouquetins ont été observés lors du meilleur comptage, contre 314 en 2020. « Contrairement aux Cerces, la population ici est toujours en croissance, signe que la capacité de charge n’a pas encore été atteinte », commente Rodolphe. Autre élément positif : l’indice de reproduction est meilleur cette année, avec 0,52 petits par femelle en moyenne contre 0,35 en 2020.

... Malgré des conditions climatiques en évolution

Si ces résultats sont encourageants, ils ne font pas pour autant oublier la menace qui pèse sur les bouquetins ici comme ailleurs dans les Écrins et les Alpes : le réchauffement climatique. « Les bouquetins peuvent perdre jusqu’à 30 % de leur poids l’hiver, explique Rodolphe. Depuis toujours, c’est la saison qui régule naturellement les populations. Mais les étés chauds et secs ne sont pas bons non plus, car les bêtes trouvent moins de nourriture pour constituer leurs réserves. » Olivier complète : « On note de plus en plus de discordance entre le pic nourricier de la nature et les besoins des animaux, en particulier pour l’allaitement des petits. Une arrivée trop précoce des végétaux peut conduire à une surmortalité des cabris, comme ça a eu lieu en Vanoise et dans le Grand Paradis. Aujourd’hui, certains étés ont presque plus d’impact qu’un hiver rude. »