Chantier sur les murs paysans des Roranches

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Un premier "stage" a réuni une bonne vingtaine de personnes en deux jours, volontaires pour se former à la restauration et à l'entretien de ces ouvrages en pierres sèches. D'autres chantiers de formation vont avoir lieu dans le haut-Champsaur pour partager ces savoir-faire.

Les ouvrages en pierre sèche sont des éléments marquants du paysage et du patrimoine des vallées de montagne. Ils sont le fruits de savoir-faire dits "traditionnels",  dont la transmission mérite l'intérêt et le soutien.
La communauté de communes du Haut Champsaur, par l'intermédiaire de son directeur François Ricou, a sollicité le Parc national des Ecrins pour élaborer ensemble un programme de formation sur plusieurs des éléments les plus emblématique du territoire que sont les murs de soutènement et d'épierrement en pierre sèche.

 

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Loys Ginoul, le formateur, qualifie ces ouvrages de "murs paysans" parce qu'ils sont exclusivement élevés pour adapter la pente aux pratiques agricoles traditionnelles.
Ouvrages bâtis  avec des pierres de cueillette, issues du site, ces murs ne doivent leur survie qu'à l'entretien régulier que leur portaient les agriculteurs et les éleveurs locaux.

Diagnostiquer, comprendre, restaurer et entretenir sont les mots clés de ces formations conçues sour la forme de chantiers. Le premier des trois à quatre stages qui doivent être organisés sur les communes de cette collectivité s'est déroulé les 5 et 6 juillet derniers, aux Roranches, dans la commune de St Jean St Nicolas. Ce village offre un très bel exemple de hameau où le paysage construit structure le cadre de vie d'une grande qualité, tant paysagère que patrimoniale.

La commune envisage de restaurer la chapelle du hameau située à une centaine de mètre du cœur de village. L'édifice est situé au bout d'un sentier encadré  par un mur de soutènement en pierre sèche et, en aval, par un mur d'épierrement avec une haie de frêne entretenue par des tailles en têtard périodiques.

Deux jours de formation, c'est court pour remplir les objectifs affichés, c'est pourquoi, il a été décidé que le stage ne concernerait que la phase de reconstruction des murs de soutènement. Pour la phase préalable, très importante, de démontage soigné des parties d'ouvrages dégradées, la Communauté de Communes a diligenté l'association lacs Rivières et Sentiers.

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Huit jours de travail-hommes qui ont été ainsi mobilisés pour préparer le chantier : démonter proprement les ouvrages détériorés,  trier les pierres, rechercher les assises saines des murs existants,  terrasser là où les reprises devaient être totales, récupérer et stocker les mottes d'herbe et la terre arable en vue de leur réemploi...

2013-07-formation-sentiers-v295Tout était prêt pour la première journée de formation, le 5 juillet. Ce sont plus particulièrement les agents techniques des collectivités locales, complétés par les agents techniques du Parc national des Ecrins, qui étaient à l'oeuvre. Au cours de la journée, le président de la communauté de communes et son épouse sont pourtant venus prêter main forte à cette joyeuse équipe.
De fait, 16 personnes étaient réparties en 5 chantiers. François Ricou, archéologue à ses heures, a pris en charge sur le premier site la recherche de vestiges et autres indices qui auraient pu aider à dater les murs, objets de ce stage.

Le formateur a commencé par une approche "théorique" des principes fondamentaux qui régissent le montage ou à la restauration des murs en pierre sèche. Théorique pas vraiment, car c'est au travers de plusieurs exercices de manipulation et de pose de quelques pierres qu'il a fait toucher rapidement à son auditoire passionné ces quelques grands principes.
De là, les équipes se sont organisées et le chantier de remontage a pu commencer sous l'œil vigilant et exercé de Loys Ginoul, invitant à ne pas aller trop vite...
Même ceux qui pensaient bien connaître cette technique ont été surpris par la justesse des recommandations du formateur et sa capacité à remettre en cause certaines manières de faire.
Au soir de cette première journée, toutes les assises étaient remontées et, pour certaines portions, seul le couronnement restait à faire.

Changement de "public" pour la deuxième journée. Cette fois, ce sont des élus de la communes de St Jean St Nicolas dont Madame le maire, le directeur de la communauté de communes, le chef du service aménagement du Parc national des Ecrins, des particuliers membres d'associations de protection du patrimoine, le propriétaire des lieux en voisin qui se sont retrouvés sur le chantier. Un aréopage de bonnes volontés qui, sous la houlette du formateur, ont terminé, voire complété par un site supplémentaire la restitution d'une trentaine de mètres d'ouvrage.

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La journée de labeur a soudé les participants tant par l'intensité du travail réalisé que par la complicité effective qui a accompagné tout le déroulement de ce travail.
Mission accomplie, l'accès à la chapelle sur ce court trajet a retrouvé toute sa qualité paysagère et le champ en amont toute son intégrité fonctionnelle.

Rendez vous est donné en septembre pour un second stage sur une typologie de mur un peu différente, sur le site de la route des Usclas à Orcières, sur un mur des Ponts et Chaussée à double parement de pierres.

L'objectif premier est bien d'apporter aux collectivités locales un complément de compétences pour entretenir et restaurer ces ouvrages en pierre sèche. C'est pourquoi ont été conviés les employés des services techniques de la Communauté de Communes et des communes, accompagnés par du personnel technique du Parc national des Ecrins en charge de l'entretien des sentiers.

A terme, la réalisation de ces stages sur 2013 et 2014 doit permettre aux agents des collectivités locales de pouvoir intervenir sur les différents types de murs de soutènement non maçonnés de la vallée.

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