Comprendre le changement climatique : pédagogie en altitude !

Des lycéens en terminale scientifique expérimentent la collecte d'indicateurs du réchauffement climatique, avec l'appui des agents du Parc national des Écrins. Autour de l'évolution de la végétation, ils ont enquêté sur l'un des alpages sentinelles des Écrins. Puis, une partie d'entre eux est montée au glacier Blanc. Un projet original qui fait l'objet d'un documentaire tourné avec la cinémathèque de montagne.

Quels sont les indicateurs du changement climatique ?
C'est en s'appuyant sur des exemples concrets et locaux, en partenariat avec le Parc national des Écrins, que ce projet a été construit pour un groupe de 14 élèves en terminale S au lycée Aristide Briand à Gap. En lien avec les cours de maths et SVT (sciences et vie de la terre), il s'inscrit dans le cadre d'un atelier pédagogique spécifique encadré pendant l'année 2015-2016.

Ce projet original est suivi par la cinémathèque de montagne qui réalise, avec les élèves, un documentaire sur cette expérience particulière.

Les objectifs du projet

confronter les élèves à l’obtention des données scientifiques de terrain jusqu’à leur utilisation,

rencontrer des acteurs, des métiers autour d’une structure partagée : le Parc national des Ecrins,

prendre conscience de l’interdépendance des acteurs, des ressources et des conditions climatiques,

prendre conscience de la réalité du réchauffement climatique au travers d’un exemple local.

La découverte des acteurs et métiers est un élément supplémentaire, en lien avec l'orientation des études post bac des TS.

Le point de départ le plus important est d’assister aux travaux de mesures réalisés par les agents du Parc national.

Les objectifs pédagogiques étant résolument scientifiques, les travaux portent essentiellement sur :
- l'obtention de données (choix des paramètres mesurés/observés, choix des sites, problèmes rencontrés, limites...),
- le tri des données (aberrations, choix, distribution, validation),
- l'organisation des données (tableaux, graphiques, moyennes, lissages),
- leur utilisation croisée dans la résolution des problématiques (année 2003, 2011 par rapport aux autres par exemple).

Sur un alpage sentinelle

Pour démarrer cette étude, un groupe des lycéens a réalisé une enquête sur l'un des alpages sentinelles des Écrins lors d'une rencontre avec les professionnels impliqués dans l’estive. Le mardi 7 septembre, accompagnés de leur professeur, Sébastien Pardonneau, et de la Cinémathèque de montagne, ils sont montés sur l'alpage de Crouzet pour rencontrer le berger et un agent du Parc national des Ecrins. Leurs pratiques et leur vécu en montagne ainsi que les études menées sur les alpages sentinelles étaient au coeur des entretiens.

Les questions, préparées bien en amont avec leur professeur et la cinémathèque, ont porté sur l'alpage en lui-même, sur son fonctionnement, sa gestion, les différentes contraintes vécues par le berger et l'importance de la météo pour la végétation et la conduite du troupeau.

Clotilde Sagot, technicienne de l'environnement au Parc national a ensuite montré aux élèves les différents dispositifs d'étude mis en place sur l'alpage pour suivre le déneigement et la phénologie de la végétation.

Les différences enregistrées selon les années en matière de déneigement et de phénologie ont illustré utilement cette explication.

En exemple, ci-dessous, des images prises automatiquement par un appareil photo fixe, en 2014 et en 2015.

En 2014, entre janvier et mi-juillet

En 2015, entre avril et mi-juillet

Les élèves ont pu également rencontrer sur son exploitation Laurent Giraud, éleveur à Eygliers, qui envoie des brebis sur l'alpage de Crouzet. Il leur a expliqué l'importance de l'alpage pour le fonctionnement de son exploitation.

Dans les exploitations de montagne, la part de l'alpage dans l'alimentation du troupeau varie entre 25 et plus de 50 % selon les alpages. Ces espaces sont donc particulièrement importants pour le fonctionnement des élevages.

Bilan de masse au glacier Blanc

L'autre partie du groupe (8 élèves encadrés par des professionnels qualifiés et leur professeur de SVT Sebastien Pardonneau) devait participer aux relevés sur site nécessaires pour établir le bilan de masse du glacier Blanc. Le projet initial d'organiser cette sortie les 14 et 15 septembre a dû être reporté en raison des conditions climatiques du week-end et des chutes de neige en altitude.

Finalement, vendredi 25 septembre, à la faveur d'une journée annoncée belle et ensoleillé, le jeunes lycéens et leurs encadrant sont partis pour le glacier Blanc. Martial Bouvier, garde-moniteur du Parc national, qui coordonne les programmes de suivis des glaciers, les a accompagnés pour leur expliquer les différentes mesures réalisées pour suivre l'évolution du front du glacier et son bilan de masse.

Equipés de crampons, casques, baudriers et piolet, les élèves ont découvert les crevasses, les séracs, les bédières, les moraines...

Ils ont réalisé une interview de Martial sur le glacier, tout près d’une crevasse.

"Nous avons fait 1100 m de dénivelé positif, mangé au bord du glacier avant de chausser les crampons pour marcher sur la glace". Les élèves sont même descendus dans une petite crevasse et sont remontés à l’aide de leur piolet.

Deux guides de haute montagne ont assuré les cordées : Pierre Izoard encadrait les élèves sur le glacier et Philippe Ayasse s’occupait des cameramen : Gilles Charensol de la cinémathèque de montagne (réalisateur du film) et Christophe Rosanvallon.