Comptage chamois : la nouvelle méthode expérimentée

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Chamois © M.Coulon - Parc national des Ecrins
Mobilisant des professionnels de la gestion de la nature et des chasseurs, un important comptage a été réalisé selon un nouveau protocole de suivi de l'espèce, le 27 juin dernier dans le Champsaur et le Valgaudemar.

Au tout petit matin, sur 28 postes d'observation,  des chasseurs, gardes du Parc national, de l'ONF et de l'ONCFS se sont retrouvés samedi dernier pour dénombrer les chamois selon un nouveau protocole, testé depuis quelques années dans le cœur du Parc national.

Comptage Chamois Champsaur Valgaudemar - 27 juin 2015 - © MA Bourgeois

Grâce à la participation de l'ensemble des ACCA (sociétés de chasse) du secteur, c'est sous l'égide de la fédération départemantale (FDC05) que cette méthode a donc été expérimentée pour la première fois à l'échelle d'une unité de gestion (UG14). A terme, c'est ce nouveau type de comptage qui devrait être utilisé pour déterminer les plans de chasse.

Comptage Chamois Champsaur Valgaudemar - 27 juin 2015 - © MA Bourgeois

Le nouveau protocole consiste à parcourir plusieurs fois des circuits répartis dans l'unité de gestion.

Les échantillons de la population de chamois du Champsaur et du Valgaudemar sont ainsi observés plus de quatre fois par an et par poste.

Comptage Chamois Champsaur Valgaudemar - 27 juin 2015 - © Richard Bonet - Parc national des Ecrins

« Avec ce suivi fin de la population, il sera possible d'ajuster au plus près les attributions pour définir les quotas de chasse » explique Richard Bonet, responsable du service scientifique du Parc national.

 La moyenne de chamois observés durant l’ensemble des passages sur l’ensemble des circuits permet d’obtenir un indice appelé indice d’abondance pédestre « IPS ». "On cherche à connaître les grandes tendances : stabilité, augmentation ou baisse des effectifs,... "

Samedi dernier, ce sont l'ensemble des parcours et des points fixes qui ont fait l'objet d'un comptage en simultané.

Comptage Chamois Champsaur Valgaudemar - 27 juin 2015 - © MA Bourgeois

Cette opération a été réalisée conjointement par le Parc national des Écrins, l'Office national des forêts (ONF), les lieutenants de Louveterie, les chasseurs des sociétés locales (ACCA), la fédération départementale de chasse (FDC05) et l'office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS).

A l'issue de la période d'observation, tous les participants ont fait le bilan des différents sites de comptage autour d'un apéritif offert par la fédération de chasse. Les échanges d'expériences et ressentis sur ce nouveau protocole étaient au cœur des discussions, et surtout le chamois, rassembleur de tous ces passionnés de l'espèce !
 

L'évolution de la méthode de comptage des chamois

Pendant de longues années, depuis la création du Parc national, le suivi des populations de chamois a été organisé autour de la méthode dite des « comptages lourds » qui nécessite la mobilisation d‘un grand nombre d’observateurs, pendant 2 à 3 jours, afin de dénombrer une unité de gestion complète.

Chamois © M.Coulon - Parc national des Ecrins

A la fin des années 90, un travail d’analyse mené par les spécialistes de l’université de Lyon a montré les limites d’une méthode bien rodée mais devenu inadaptée aux populations de chamois qui s'étaient densifiées.

Le taux d’incertitude peut être supérieur aux variations inter-annuelles des effectifs.... Or les résultats sont principalement utilisés pour établir les prélèvements cynégétiques (plan de chasse).

Partant de ce constat, le Parc et la fédération des chasseurs de l’Isère ont joint leurs efforts pour obtenir des résultats en adaptant de nouvelles méthodes mises au point par l’ONCFS et le CNRS.

La participation du Parc national des Écrins à l’Observatoire de la grande faune et de ses habitats (OGFH) a permis d’engager les réflexions pour travailler sur des méthodes de substitution, notamment indiciaires. La gestion des populations peut alors s’appuyer sur un suivi à long terme à partir d’un faisceau d’indicateurs de changement écologique.

Le protocole consiste à parcourir des circuits répartis sur chaque unité de gestion de nombreuses fois.  La moyenne de chamois observés durant l’ensemble des passages sur l’ensemble des circuits permet d’obtenir un indice appelé indice d’abondance pédestre « IPS ».

L’indice d’abondance pédestre « IPS » est un indicateur fiable de changement des relations chamois-isard / environnement, particulièrement sensible en cas de variations importantes des effectifs (Loison et al., 2006). Il a été récemment validé pour le chamois et l'isard mais son caractère informatif reste cependant conditionné à certaines règles. L'interprétation des données se fait par période pluriannuelle et uniquement en terme de tendance. Par ailleurs, il est nécessaire de prendre en compte, de façon simultanée, plusieurs indicateurs de changement écologique, dont les variations sont à comparer.

C’est donc sur le cumul de ces informations et leur suivi à long terme que devra s’appuyer la gestion des populations de chamois du parc national des Écrins, en partenariat avec les fédérations départementales des chasseurs et les associations cynégétiques.

Ce modèle d'évaluation est repris par la FDC05 sur l'UG14 (Champsaur-Valgaudemar) de gestion cynégétique du chamois. Un biostastiticien a apporté la caution scientifique nécessaire à ce programme rigoureux.