Conseil scientifique : c'était la 100ème séance !

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100ème séance du Conseil scientifique du Parc national des Ecrins - janvier 2017 © P.Saulay - Parc national des Ecrins
Une session extraordinaire donc, avec un moment consacré à des témoignages forts de l'histoire de cette instance... et donc du Parc national !

Pour sa 100ème réunion, le conseil scientifique du Parc national était réuni sur Gap, à Charance, ce vendredi 13 janvier.

Marie-Hélène Cruveillé, président du Conseil scientifique du Parc national des Ecrins - © P-Saulay- Parc national des Ecrins Un conseil scientifique enneigé : « on reste dans la tradition, chaque fois qu'on s'est réunis en janvier on est arrivés dans la neige !», a rappelé la présidente, en présentant ses vœux aux participants.

Le conseil scientifique du Parc national des Ecrins est une instance amenée à conseiller le Parc national notamment sur les aspects de connaissances, de suivi et de gestion du patrimoine naturel. Son avis est obligatoire pour les travaux dans le coeur du parc national. Il est actuellement présidé par Marie-Hélène Cruveillé, directrice de l'IRSTEA (Institut de Recherche en Sciences et Technologies pour l'Environnement et l'Agriculture).

La 100ème !

Un conseil scientifique extraordinaire donc, avec quelques invités de marque qui ont apporté leur témoignage et quelques anecdotes liées à l'histoire de cette instance !

Jean-Pierre Raffin, qui l'a présidé pendant 5 ans, continue de siéger au conseil scientifique qu'il connaît très bien. Il a évoqué quelques séances « hautes en couleur » qui ont marqué l'histoire du Parc national, en agrémentant son propos de ses dessins réalisés pour l'occasion.

La sagesse des scientifiques n'exclut pas la bonne humeur... loin s'en faut !

Les dessins de JP Raffin - © P-Saulay- Parc national des Ecrins Jean-Pierre Raffin © P-Saulay- Parc national des Ecrins

D'abord en 1977, concernant des tirs « de sélection » de tétras lyre et de chamois, autorisés sans l'avis du conseil, qui a failli démissionner en bloc…

Puis les projets de barrages hydrauliques en Haute-Romanche, de 1978 à 1993, sans études d'impact, en zones périphérique et centrale. Le directeur d'alors, Michel Dies, avait autorisé les agents du Parc national à participer, en uniforme, à une manifestation organisée par des associations de défense de l'Environnement (FNE et FRAPNA) rassemblant 3 000 personnes au col du Lautaret !
Projets finalement abandonnés...

Enfin, en 1992, la mise en place de la Réserve intégrale du Lauvitel : une visite sur le terrain au cours de laquelle une vire rocheuse délicate à passer, pour accéder au fond du vallon, a bien failli compromettre le projet !...

Gaëlle Ronsin, doctorante en sociologie - © P-Saulay- Parc national des Ecrins Gaëlle Ronsin, doctorante en sociologie, a ensuite présenté son travail sur l'étude du conseil scientifique, en tant que groupe social, avec sa structure et ses modes de fonctionnement comme autant de comportements « faunistiques » et de rituels… à prendre au second degré !

Selon la présidente, il y a toujours eu avec les responsables scientifiques du Parc national « une complicité qui nous a toujours été utile, c’est l’occasion de vous remercier pour toutes ces années que vous avez consacrées au conseil scientifique. Les directeurs ont, eux aussi, été très près et à l’écoute du conseil, ils sont là à quatre aujourd'hui, c’est un signe ! ». 

Les anciens directeurs du Parc national (Bertrand Galtier, Michel Sommier et Philippe Traub) étaient en effet présents, aux côtés de Pierre Commenville, l'actuel directeur.

Elle les a ensuite remerciés de leur « attachement au parc national et à nos travaux, y compris quand nous n'étions pas d’accord, c’est un avis consultatif, le directeur peut le suivre ou pas. Ce dialogue a toujours existé et ne s’est jamais démenti ».

Michel Sommier, Bertrand Galtier, Pierre Commenville, Philippe Traub - 4 directeurs du Parc national des Ecrins © P-Saulay- Parc national des Ecrins
Michel Sommier, Bertrand Galtier, Pierre Commenville, Philippe Traub

Les anciens responsables du service scientifique (Hervé Cortot, Lucien Tron), aux côtés de leur successeur, Richard Bonet, étaient présents également.

Ils ont évoqué quelques souvenirs marquants, avec, pour tous, comme point commun, la passion et l'attachement au territoire et à ses patrimoines en toile de fond.

Lucien Tron © P-Saulay- Parc national des Ecrins Hervé Cortot - © P-Saulay- Parc national des Ecrins

Hervé Cortot, Lucien Tron, Richard Bonet, 3 responsables du service scientifique - © P-Saulay- Parc national des Ecrins
Après Jean-Pierre Dalmas (absent mais qui avait transmis une missive), Lucien Tron (au centre), puis Hervé Cortot (à gauche) ont dirigé le service scientifique du Parc national, créé en 1977, relayés actuellement par Richard Bonet (à droite sur l'image)

Le Conseil scientifique : des échanges et des avis

Constitué d’une vingtaine de membres sollicités pour leurs compétences dans la connaissance du patrimoine naturel et culturel,  le conseil scientifique est une instance de conseil dont l’avis est obligatoire pour tous les travaux concernant le cœur du parc national.
La nouvelle loi de 2006 a nettement renforcé son rôle.

Voir le "trombinoscope" de l'actuel Conseil scientifique, renouvelé en 2015

Le Conseil scientifique accompagne les équipes du Parc national dans la définition des objectifs et la mise en œuvre des protocoles associés. Il les conseille sur l’accompagnement ou le soutien à des programmes de recherche.
Le Conseil oriente les thématiques de recherche et les programmes qui se déroulent sur le parc national, en fonction des grandes priorités nationales et des attentes locales. Ses membres peuvent jouer un rôle d’expert sur des dossiers particuliers.
Les équipes de recherche ayant travaillé sur le territoire du parc national des Écrins échangent avec le Conseil scientifique sur leurs travaux et leurs résultats.

Les présidents du conseil scientifique du Parc national des Ecrins

1974-1982 : Roger Buvat
1982-2002 : Olivier Dollfus
2002-2006 : Jean-Pierre Raffin
depuis 2006 : Marie-Hélène Cruveillé

Les travaux de la séance du jour

Au-delà de cet intermède "anniversaire", les membres du conseil scientifique ont aussi abordé les sujets "normaux" de leur instance.

Pierre Commenville, arrivé à la direction du Parc national il y a 2 mois, s'est présenté, en soulignant le rôle du conseil : « c'est un honneur que vous nous faites en participant au conseil scientifique de manière bénévole, vous faites beaucoup pour le parc national des Écrins ».

Le conseil scientifique a abordé les différents points de l'ordre du jour - © P-Saulay- Parc national des Ecrins

La candidature du Parc national à la « Liste verte » des aires protégées est présentée en début de matinée par Thierry Durand, directeur adjoint du Parc national : il s'agit d'une « labellisation » proposée par l'UICN (Union Internationale de Conservation de la Nature), qui vise à reconnaître et qualifier l'établissement en matière de gestion et de gouvernance.

Conseil scientifique janvier 2017 -  © P-Saulay- Parc national des Ecrins Plusieurs critères sont pris en compte, tels que l'évaluation des résultats en matière de conservation, le mode de gouvernance, l'efficacité des actions de gestion mises en place, …
Le dépôt de candidatures aura officiellement lieu le 3 mars prochain.

Suite à l'élaboration du dossier de candidature, des rapporteurs étaient venus dans le parc national en août 2016. Un premier avis favorable de l'UICN est intervenu en octobre.

2017 sera l'année de la très probable validation de cette candidature.

Pour en savoir plus : Candidature liste verte

-Pierre Commenville, directeur PNE - Conseil scientifique janvier 2017 -  © P-Saulay- Parc national des Ecrins Le directeur a abordé ensuite la toute nouvelle Agence Française de la Biodiversité (AFB), officiellement née en ce début d'année, à laquelle les parcs nationaux sont rattachés.

Bertrand Galtier, ancien directeur du Parc national, désormais conseiller au cabinet de la secrétaire d’État à la biodiversité, Barbara Pompili, apporte un éclairage sur le fonctionnement de ce nouvel organe d’État.

Marie-Hélène Cruveillé a souligné « l'importance du travail de terrain et de sa prise en compte au niveau national, ainsi que la continuation des échanges entre les conseils scientifiques des parcs avec celui de l'AFB ».

Parmi les nouveautés, l'Atlas Biodiv'Ecrins  rend accessible au grand public les 500 000 données d'observations naturalistes du Parc national, en valorisant le travail des agents de terrain et la photothèque.

Développé en interne par le service informatique du Parc national, en « open source », sa structure peut être diffusée et il commence à être utilisé ailleurs (Parcs nationaux du Mercantour et des Pyrénées, un parc régional normand, …).
Lire aussi  : Biodiv'Ecrins, la connaissance en direct

« Cela faisait un moment que l'on souhaitait avoir un outil comme celui-ci, permettant la mise à disposition des données des espaces naturels », a souligné Marie-Hélène Cruveillé,  saluant la qualité du travail fourni pour créer cet atlas.

Pour finir, la politique de l'eau au Parc national des Écrins a été présenté en trois temps.

Il s'agissait d'abord de rappeler les prérogatives juridique du Parc national : loi de 2006 sur les parcs nationaux, décret de 2009 et charte du Parc national des Ecrins, loi sur l'eau...

Des exemples concrets ont ensuite illustrés les actions du Parc national : exemple scientifique avec le suivi des lacs d'altitude (Clotilde Sagot), exemple d'accompagnement de projets avec les micro-centrales (Julien Guilloux). A ce titre, les membres du Conseil scientifique ont pu voir comment les équipes du Parc national élaborent un « porter à connaissance »  : ce document analyse les enjeux environnementaux et avance des recommandations pour améliorer la qualité des projets. En 2016, 35 porter à connaissance relatifs à l'eau ont été réalisés par le Parc national pour accompagner les travaux et les projets des collectivités locales.

Enfin, une discussion s'est ouverte sur les enjeux du parc national en tant que territoire de tête de bassin versant. La question de la ressource en eau a été particulièrement évoquée au regard du changement climatique et au regard des usages multiples de l'eau. Les membres du Conseil ont rappelé le besoin de solidarité écologique entre l'amont et l'aval, la Durance assurant par exemple l'eau potable pour trois millions de personnes sur la métropole Aix-Marseille.
Pour la présidente du Conseil, "il est pertinent de s'intéresser à la ressource en eau et de donner des avis sur des projets qui concernent la continuité écologique des cours d'eau".

Prochaine session du conseil scientifique en juin 2016.

Conseil scientifique janvier 2017 -  © P-Saulay- Parc national des Ecrins