Pourquoi les drones sont interdits en cœur de parc

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L’amélioration des technologies et la baisse des prix ces dernières années ont conduit à une explosion de l’usage des drones, professionnels ou amateurs. La montagne n’échappe à cet effet de mode, et ce, même dans le cœur du parc national où l’usage des drones est strictement interdit. L’impact de ces engins n’est pourtant pas anodin, comme nous allons le voir dans cet article.

Drone au-dessus du col de Gleize © M. Corail - PNE

Un dérangement majeur pour la faune

Même si il n’existe encore aucune étude scientifique sur l’impact des drones sur les animaux sauvages, les images parlent souvent d’elles-même. Quiconque a déjà visionné sur Internet des vidéos réalisées par des amateurs a souvent pu distinguer très clairement des scènes de fuite et de stress chez les animaux filmés.

Harde de femelles et de jeunes © R. Papet - PNE Pour tous les animaux chassés par des prédateurs aériens (marmottes, faons de chevreuil, cabris de chamois, perdrix, tétras lyres, lagopèdes...), le drone est identifié comme tel et provoque l’affolement sur place. Yoann Bunz, chargé de mission faune vertébrée au Parc national, complète : « Dans les hardes de chevreuil, de chamois ou de bouquetins, ce dérangement peut entraîner l’éparpillement des groupes, mettant en péril les individus les plus faibles ou les plus jeunes. Il peut également générer des mouvements de panique massifs qui mettront en danger les animaux tentés de franchir des torrents ou des barres rocheuses pour fuir l’intrus. »

Enfin, si le bruit est désagréable pour l’oreille humaine, comment imaginer qu’il ne puisse pas l’être pour des oreilles animales habituées à la quiétude de la nature ?

Le cas des oiseaux

Autres espèces qui considèrent le drone comme un prédateur, en particulier s’il vole trop proche de leur nid : les rapaces. Dans ce cas de figure, ils chercheront à chasser ou à éliminer l’intrus, au risque d’entrer en collision avec le drone, de se blesser… et d’endommager l’engin au passage.

Tichodrome échelette en nourrissage © M. Coulon - PNE Chez tous les oiseaux en période de reproduction, le drone représente un danger pour la survie des espèces, comme l’explique Yoann Bunz : « Les survols par drone peuvent provoquer des envols d’oiseaux réguliers, avec le risque que les parents abandonnent la couvée ou s’absentent trop longtemps du nid. Le nourrissage des petits peut aussi être contrarié. Toute l’énergie qui est déployée à la fuite sera de l’énergie en moins pour s’occuper des jeunes. Leur croissance peut en être affectée, et dans le pire des cas, ils peuvent être voués à une mort lente mais certaine. »

Les drones en cœur de parc : une infraction

C’est pour l’ensemble de ces raisons, et également pour assurer aux visiteurs un moment de sérénité en montagne, que l’usage du drone est interdit en cœur de parc national. Nous rappelons à tous les utilisateurs amateurs que le pilote est entièrement responsable de l’endroit où il fait voler son drone. Avant de se déplacer, il doit donc systématiquement vérifier si la réglementation en place sur la zone envisagée l’autorise ou non à faire décoller son engin, et si oui, à quelle altitude maximale il peut voler. Concernant les drones professionnels, ils sont théoriquement tous dotés d’une cartographie dans leur logiciel où la zone cœur de parc est référencée comme une zone interdite au vol de drone.

Infraction survol de drone en cœur de parc © M. Corail - PNE Comme le souligne Pierre-Henri Peyret, chef du secteur Oisans-Valbonnais, « le matériel évolue rapidement, avec une vitesse et une puissance qui ne fait qu’augmenter, ce qui rajoute encore à la nuisance et à la difficulté d’identifier les personnes ». En tant qu’inspecteurs de l’environnement, les gardes-moniteurs du Parc national sont chargés de faire respecter la réglementation et peuvent à ce titre sanctionner toute infraction, survol de drones et autres.

Très occasionnellement, une autorisation de survol par drone en cœur de parc peut être accordée par le directeur, uniquement dans le cadre d’une mission scientifique ou d’un suivi des risques naturels.

Le Geoportail de l'IGN fournit un outil cartographique pour localiser les zones interdites de survol ou imposant des limitations : https://www.geoportail.gouv.fr/donnees/restrictions-uas-categorie-ouverte-et-aeromodelisme