Du troupeau... aux chauves-souris

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Une journée d'échanges avec les éleveurs a eu lieu dans le Valgaudemar pour favoriser des traitements sanitaires du bétail compatibles avec la biodiversité... Localement, les pratiques sont plutôt en accord avec les recommandations.

Rien n'est anodin dans la chaîne alimentaire. Ce qu'ingère le bétail se retrouve dans ses crottes, puis dans le sol et/ou dans les insectes qui les consomment... en enfin dans les chauve-souris qui s'en nourrissent à leur tour.

Une formation à destination des éleveurs des cantons de St Firmin et de Saint-Bonnet vient d'avoir lieu à la Chapelle-en-Valgaudemar, pour valoriser les bonnes pratiques de lutte antiparasitaire en lien avec la biodiversité. Cette rencontre, co-organisée par le Parc, la mairie et la chambre d'agriculture, a été financée par des crédits natura 2000 du site du Valgaudemar, dans le cadre des mesures de conservation des chiroptères.

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Cette journée, a été animée par Dominique Gauthier, directeur du laboratoire départemental d'analyses vétérinaires des Hautes-Alpes et a permis d'échanger en s'appuyant sur les pratiques de la douzaine d'éleveurs présents, essentiellement ovins. De fait, tous les éleveurs ne pratiquent pas des traitements systématiques. De plus, un traitement à l'entrée en bergerie, comme le pratique la plupart des professionnels présents, a l'avantage de ne pas disperser dans l'environnement les rémanents des traitements qui peuvent avoir un impact environnemental jusqu'à 5 mois après le traitement. C'est essentiel et c'est ainsi que, localement, les pratiques sont globalement adaptées.

Concernant les traitements, des alternatives existent. Elles feront l'objet d'une rencontre spécifique avec les éleveurs, intéressés par cette démarche et qui souhaitent approfondir ces sujets.

En effet, l'utilisation trop fréquente de certains traitements médicamenteux peut se révéler préjudiciable car elle entraine une moindre immunité des animaux, la résistance de nombreux parasites et la moindre efficacité des préparations.

2012-12-bousier-m-coulonDe plus, son impact sur la chaine alimentaire est important : la présence de résidus dans les crottes des troupeaux impactent d'abord les coprophages (dont le bousier est le représentant le plus connu).

En cascade, les animaux présents au sommet des chaines alimentaires incluant les insectes (oiseaux, chauve-souris) vont être touchés. Le lindane, un organo-chloré, interdit depuis bien longtemps a encore aujourd'hui des répercussions, sur les rapaces notamment.

Les bousiers sont aussi des auxiliaires précieux en agriculture, en accélérant l'intégration des déjections dans le sol et en apportant des bactéries qui minéralisent l'azote organique du sol.

L'immunité des jeunes ruminants, qui les protégera tout autant que les médicaments, est un facteur clé. Elle s'acquiert par l'ingestion et l'hébergement d'une faible quantité de parasites. Cette "prémunition" sera bénéfique dans l'équilibre dynamique qu'elles créent entre le parasite et son hôte. La présentation a permis de mettre en avant la coprologie (étude des excréments) comme diagnostic de l'état sanitaire réel des troupeaux. Cette approche permet de choisir de traiter (ou pas) en fonction de l'état sanitaire du troupeau. Elle est soutenue par la Région PACA au travers de la FRGDS qui offre la gratuité de la démarche aux éleveurs qui souhaitent la pratiquer.

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Les animaux présents au sommet des chaines alimentaires incluant les insectes (oiseaux, chauve-souris) sont concernés par les pratiques agricoles.