Des écrevisses se cachent dans le lac de Saint-Apollinaire

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Lors du curage du lac de Charance (Gap) à la fin des années 1980, les écrevisses à pied blanc présentes dans le plan d’eau ont été déplacées au lac de Saint-Apollinaire. Depuis, le Parc national, en lien avec la commune et aujourd’hui l’OFB (Office français de la biodiversité), a mis en place un suivi de cette espèce autochtone et protégée.

Ecrevisse à pieds blancs © M. Corail - PNE

Chaque automne, des prélèvements et des comptages, de nuit à la frontale pour mieux voir les écrevisses, sont réalisés aux mêmes endroits dans les canaux en contrebas du lac. Résultats de la « pêche » de l’automne 2022 : parmi les 118 individus récoltés (puis relâchés), le poids et la taille varie beaucoup, de 27 grammes à 8,3 cm. Comme l’explique Olivier Lefrançois, garde-moniteur dans l’Embrunais, « avec cette opération annuelle, on ne vise pas l’exhaustivité, mais plutôt à surveiller le niveau d’abondance des écrevisses ».

Mesure des écrevisses © M. Coulon - PNE Mesure des écrevisses © M. Coulon - PNE

Pesée et mesure des écrevisses récoltées dans les canaux

Car le réchauffement climatique pèse déjà sur la répartition des écrevisses. Ces dernières années, le niveau du lac a régulièrement baissé, entraînant l’assèchement des canaux situés directement sous le lac. Depuis 5 ans, on observe ainsi la descente en altitude des écrevisses, qui se réfugient dans les canaux plus bas, encore alimentés en eau par les fuites naturelles du lac.

Malgré la pose infructueuse de nasses dans le lac en octobre 2022 (une seule écrevisse récoltée !), les agents du Parc de l’Embrunais suspectent que le gros de la population se cache dans le lac lui-même. Un suivi spécifique, en lien avec le réchauffement climatique, est donc en œuvre, via des mesures régulières de la hauteur et de la température de l’eau.

Pose de nasse © M. Coulon - PNE

Pose de nasse dans le lac de Saint-Apollinaire

Le partenariat entre le Parc national et la commune de Saint-Apollinaire sur le suivi et la protection des écrevisses à pied blanc est historique. Au Parc le suivi scientifique de l’espèce et de son milieu, à la commune l’entretien des bords de canaux pour que les roseaux n’envahissent pas l’eau.

À ne pas mélanger !

L’écrevisse à pied blanc est la seule écrevisse autochtone présente dans les Écrins. Elle est menacée par deux cousines nord-américaines : l’écrevisse de Californie (ou écrevisse signal) et l’écrevisse américaine. Ces deux espèces invasives sont porteuses saines de la peste de l'écrevisse qui se transmet aux écrevisses locales, provocant leur disparition.