
Les relevés réalisés entre début juin et début août par les équipes du Parc national et d’INRAE ont révélé une fonte moyenne de glace de 8 cm/jour à 2 900 m d’altitude, soit presque 5 mètres d’épaisseur en 2 mois ! Sur l’ensemble de la saison estivale, la fonte (4,25 m d’eau) est presque 2 fois plus importante que la moyenne calculée sur la période d’observation 2000-2022.
En cause, la perte très rapide de sa couverture de neige de l’hiver, dès le début du mois de juin, qui a décuplé l’effet des températures élevées, atteintes elles aussi précocement, dès le début du printemps. La fonte de glace a ainsi débuté très tôt et de manière intense.
Le bilan annuel établi après la dernière visite de l’équipe glaciers le 20 septembre 2022 s’avère particulièrement déficitaire : le glacier a perdu 4 fois plus de masse (-3,4 m d’eau) que la moyenne des 23 dernières années d’observation (-0,8 m d’eau). C’est ainsi 17 millions de m³ de glace qui ont été déstockés et qui ont alimenté la Durance, l’équivalent de 60 cm de niveau d’eau dans le lac de Serre-Ponçon. Le glacier Blanc a ainsi perdu en une seule année environ 3 à 4 % de son épaisseur moyenne (entre 100 et 130 mètres). À ce rythme accéléré, il disparaîtrait en une trentaine d’années...
Très loin de refléter cette considérable perte d’épaisseur et à la faveur d’une topographie favorable dans la zone du front, le glacier n’a reculé que de 30 mètres entre 2021 et 2022.
Le front du glacier Blanc en 2002, 2012 et 2022
Le constat à l’issue de l’été est malheureusement le même partout dans les Alpes : en Suisse où l’épaisseur de tous les glaciers a été mesurée, on estime qu’ils ont perdu en moyenne 5 à 6 % d’épaisseur cette année.