Glacier Blanc : l’année de tous les records

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Les Écrins et le glacier Blanc au coucher du soleil © M. Coulon - PNE
Nos craintes du mois de juin se sont malheureusement concrétisées : à l’hiver et au printemps exceptionnellement secs, a succédé un été aux températures souvent caniculaires et continuellement au-dessus des normales saisonnières. L’année 2022 constitue un triple record pour le glacier Blanc depuis 23 ans : le plus faible enneigement enregistré l’hiver dernier (2021-2022), la plus forte fonte estivale et le bilan annuel le plus déficitaire. De quoi largement détrôner l’année tristement célèbre de 2003...

Pose d'un jalon dans la glace © M. Coulon - PNE Les relevés réalisés entre début juin et début août par les équipes du Parc national et d’INRAE ont révélé une fonte moyenne de glace de 8 cm/jour à 2 900 m d’altitude, soit presque 5 mètres d’épaisseur en 2 mois ! Sur l’ensemble de la saison estivale, la fonte (4,25 m d’eau) est presque 2 fois plus importante que la moyenne calculée sur la période d’observation 2000-2022.

En cause, la perte très rapide de sa couverture de neige de l’hiver, dès le début du mois de juin, qui a décuplé l’effet des températures élevées, atteintes elles aussi précocement, dès le début du printemps. La fonte de glace a ainsi débuté très tôt et de manière intense.

Pose d'un jalon dans la glace © M. Coulon - PNE

Le bilan annuel établi après la dernière visite de l’équipe glaciers le 20 septembre 2022 s’avère particulièrement déficitaire : le glacier a perdu 4 fois plus de masse (-3,4 m d’eau) que la moyenne des 23 dernières années d’observation (-0,8 m d’eau). C’est ainsi 17 millions de m³ de glace qui ont été déstockés et qui ont alimenté la Durance, l’équivalent de 60 cm de niveau d’eau dans le lac de Serre-Ponçon. Le glacier Blanc a ainsi perdu en une seule année environ 3 à 4 % de son épaisseur moyenne (entre 100 et 130 mètres). À ce rythme accéléré, il disparaîtrait en une trentaine d’années...

Le bilan de masse du glacier Blanc depuis 2000

Très loin de refléter cette considérable perte d’épaisseur et à la faveur d’une topographie favorable dans la zone du front, le glacier n’a reculé que de 30 mètres entre 2021 et 2022.

Le front du glacier Blanc en 2002 © J. Faure - PNE Le front du glacier Blanc en 2012 © M. Bouvier - PNE Le front du glacier Blanc en 2022 © T. Maillet - PNE

Le front du glacier Blanc en 2002, 2012 et 2022

Le constat à l’issue de l’été est malheureusement le même partout dans les Alpes : en Suisse où l’épaisseur de tous les glaciers a été mesurée, on estime qu’ils ont perdu en moyenne 5 à 6 % d’épaisseur cette année.