L’inventaire des mille-pattes se poursuit dans les Écrins

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Dans la grande famille très diversifiée des arthropodes (les pieds articulés en grec), on retrouve toutes les petites bêtes que nous appelons communément les mille-pattes. Cloportes, iules et autres gloméris font actuellement l’objet d’un inventaire sur tout le territoire du parc national. Objectif : mieux connaître ces espèces « invisibles » mais pourtant indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes.

Gloméris marginé - © D. Combrisson - PNE Facilement identifiable, le gloméris marginé, Glomeris marginata (Villers, 1789), est une espèce assez fréquente et bien répandue sur tout le territoire du parc comme dans l’essentiel de notre pays. Lorsqu’il est dérangé, il s’enroule en boule pour se protéger. Il s’agit d’une espèce d’invertébrés vivant principalement au niveau du sol, sous les pierres, le bois mort et pour certains d’entre eux, dans les zones humides.

La connaissance de ce groupe reste encore très lacunaire. C’est pourquoi le Parc national a entrepris de compléter l’inventaire de ces espèces débuté il y a 3 ans par un protocole de récolte aléatoire sur l’ensemble de son espace géographique tout au long de l’année.

Porcellio montanus - © D. Combrisson - PNE Porcellio montanus (Budde-Lund, 1885), photographié au col du Lautaret. Il s’agit d’une espèce montagnarde assez robuste.

Damien Combrisson, chargé de mission invertébrés au Parc national, nous apprend que « ces invertébrés du sol sont une composante essentielle dans la structuration des écosystèmes. Ils contribuent à les façonner au travers du recyclage de la matière organique. Les iules, gloméris et autres cloportes sont appelés macro-décomposeurs. Ils fragmentent les éléments grossiers (feuilles, écorces) en petits éléments que d’autres espèces vont consommer jusqu’à la constitution d’un humus qui sera assimilable par les plantes. »

Une mission d’inventaire d’une dizaine de jours

Durant la première quinzaine du mois de mai, le Parc national a missionné Franck Noël, expert naturaliste, afin de renforcer l’état des connaissances de ces espèces au travers d’un inventaire sur l’ensemble des secteurs. Des zones humides du col du Lautaret aux mines abandonnées de l’Argentière-la-Bessée, du steppique Durancien aux cavités naturelles du plateau de la Coche à Saint-Jean-Saint Nicolas, les prospections sur ce vaste territoire ont permis de révéler la présence de ces espèces aux mœurs discrètes dans des milieux variés.

Inventaire des cloportes par Franck Noël - © D. Combrisson - PNE Inventaire des isopodes conduit par Franck Noël. L’étude des spécimens se fait en laboratoire et le prélèvement de quelques individus est obligatoire pour pouvoir les identifier.

L’aide des agents du Parc a été plus que bienvenue quand on sait que les prospections sont sportives, ininterrompues, et souvent de nuit ! Grâce à leur connaissance fine du territoire ainsi qu’à leur expertise développée depuis plusieurs années sur la collecte des invertébrés, ils ont permis une collecte renforcée de ces petites bêtes.

Un groupe faunistique qui éveille la curiosité

Partageant le même esprit de curiosité, quelques participants éclairés ont également prêté main forte à l’inventaire en permettant des collectes dans des lieux atypiques. Philippe Bertochio, membre du spéléo-club de Gap, a ainsi guidé l’équipe de travail dans le dédale des cavités du plateau de la Coche (Saint Jean-Saint Nicolas). Bruno Ancel, du service culturel de l’Argentière la Bessée, a quant à lui ouvert les galeries historiques de la mine d’argent afin d’inventorier les espèces troglophiles qui ont pu coloniser ce milieu façonné par l’homme.

Collecte d’invertébrés en cavité souterraine - © L. Chaillot - PNE Actuellement, 15 espèces de diplopodes (gloméris, iules) et 19 espèces d’isopodes (cloportes) sont connues sur le territoire du parc national. La mission d’inventaire de ce printemps a permis de mettre en évidence la présence de nouvelles espèces, dont certains taxons particulièrement rares à l’échelle nationale. Les prélèvements seront étudiés à partir des caractères morpho-anatomiques des spécimens grâce à l’utilisation d’une loupe binoculaire.

L’ensemble des résultats seront connus dans le courant de cet été et pourront être consultés sur le site du Parc https://biodiversite.ecrins-parcnational.fr/.

Cette étude a bénéficié du soutien financier de la GMF.