Le dénombrement annuel des oiseaux d'eau a eu lieu ce dimanche 13 janvier autour du Lac de Serre-Ponçon. Ce comptage, organisé par le Parc national des Écrins et coordonné au niveau régional par la Ligue de Protection des Oiseaux, s'inscrit dans une opération internationale qui vise à suivre l'évolution des populations d'oiseaux d'eau d'un point de vue géographique et numérique, et à définir l'importance des zones humides qui accueillent des oiseaux en hiver.
Les résultats provenant de 143 pays sont collectés par Wetlands international, une organisation basée aux Pays-Bas. 150 000 bénévoles et professionnels collectent ainsi des informations concernant 871 espèces d'oiseaux d'eau sur 25 000 sites.
Ce programme, qui a connu quelques modifications depuis sa création, a débuté en 1967.
Un dossier « synthèse » est paru en 2017 dans L'oiseau magazine : à télécharger ici
Au niveau français, ce sont 1 500 sites qui sont recensés avec, au final, près d'un million de données obtenues chaque année.
La journée était ouverte à tous, ornithologues confirmés et simples amateurs. Ce ne sont pas moins de 20 personnes qui ont scruté le plan d'eau et ses berges à la jumelle et à la longue-vue.
La météo est restée très favorable, ensoleillée, avec très peu de vent. La température négative en début de matinée s'est bien améliorée par la suite. Le lac est à un niveau relativement haut pour cette époque. Le plan d'eau d'Embrun lui est gelé et n’accueille aucun oiseau ce dimanche.
La méthode consiste à parcourir une partie des rives du lac de Serre-Ponçon et du plan d'eau d'Embrun en s'arrêtant sur des points d'observations fixés à l'avance. Le périmètre important du lac impose de constituer trois équipes encadrées par des agents du Parc national et ayant chacune la responsabilité d'une partie du lac (queue du lac, baie St-Michel, Ubaye).
L'ensemble des oiseaux d'eau observés est noté pour chaque secteur de comptage simultanément par les trois équipes reliées par radio, ce qui permet de réduire le risque de double comptage.
Les petits passereaux peuvent également être notés (bergeronnettes, cincles, pipits,...)
Michel Bouche, technicien patrimoine du Parc national des Ecrins dans l'Embrunais, a fait le bilan des résultats de l'année et nous livre leur analyse.
Répartition numérique des principales espèces observées lors des comptages Wetlands sur le lac de Serre-Ponçon de 2014 à 2019
Le nombre total d'oiseaux observés (1 060) est l'un des plus importants de ces dernières années. Toutefois ces résultats n'ont de sens qu'à une échelle biogéographique continentale puisqu'il s'agit pour beaucoup d'entre eux d'oiseaux nordiques qui viennent passer l'hiver sur des zones d'eau libre. Leur nombre est donc très dépendant de la température et des conditions climatiques.
Cette fois encore, 5 espèces représentent 99 % de l'effectif observé.
On note que le nombre de goélands leucophés observés est le plus élevé depuis 2014 avec 660 individus mais reste très comparable au chiffre de 2018. Il conditionne fortement le résultat global. Mis à part un creux en 2016 et 2017, l’espèce est en forte progression localement.
Aucune observation de goéland cendré à mentionner, comme en 2017, alors que le lac de Serre-Ponçon est l'un des sites où cette espèce relativement rare est habituellement présente.
La mouette rieuse est bien représentée cette année (46 individus). Cette espèce semble être en progression sur le lac en hiver
Avec 145 individus recensés, les grèbes huppés sont dans la moyenne de ces 6 dernières années.
Quant au nombre de grands cormorans, il est remarquablement stable d'une année à l'autre : a-t-on atteint la capacité d'accueil hivernale pour cette espèce ?
Cette année, on peut aussi souligner le nombre important de canards colverts (166) : l'effectif de ce canard de surface est très variable d'une année à l'autre, sans doute en fonction du niveau du plan d'eau et de la surface de glace.
Images d'archive - Parc national des Écrins
Les observateurs ont pu noter la présence exceptionnelle de 3 fuligules milouin et de 3 sarcelles d'hiver : ces espèces sont beaucoup plus courantes sur des plans d'eau peu profonds, végétalisés et à niveau constant, du fait de leur régime et de leur mode d'alimentation.
Pour mémoire et de façon plus anecdotique : héron cendré (2), chevalier guignette (2), bergeronnette grise, bergeronnette des ruisseaux, pipit spioncelle, corneille noire ont également été observés sur les rivages.
En 2017 et 2018, quelques chamois avaient été observés au bord du lac en rive droite sur la commune de Rousset. En 2019, c'est sur la commune du Sauze le Lac que cet « oiseau d'eau » un peu particulier s'est montré...