Travailler les matériaux du site
Pour cette édition 2023, la journée annuelle des saisonniers sentiers a pris une forme inédite : un chantier collectif doublé d’une formation. « C’est le Gabion, une association d’Embrun, qui a été chargée de former sur ce chantier, précise Jean-François Lombard, chef du secteur de l’Embrunais. La journée a été courte, mais les notions de base et les points les plus importants ont été acquis. » Au cœur des échanges, la construction en pierre sèche. Depuis la fin des années 1990, le Parc national s’est réapproprié ces techniques pour privilégier au maximum les matériaux du site lors des travaux sur les sentiers (principalement pour la réfection des soutènements).
Des savoir-faire bien présents
Parmi les éléments abordés au cours de la journée, les quatre principes de base de la construction d’un mur en pierre sèche : le pendage (l’inclinaison qu’on va donner au mur), l’assise (les pierres formant la base de l’édifice), le blocage (pour s’assurer qu’il ne reste pas d’espace vide) et le croisement des pierres (pour bien répartir leur poids). Mais comme l’a rappelé Denis, l’un des formateurs du Gabion, « il faut à chaque fois s’adapter au terrain. Ça demande une lecture, d’où l’importance de l’expérience. » Et l’expérience, certains agents du Parc n’en manquent pas ! « On trouve une technicité importante chez certains ouvriers qui sont là parfois depuis plus de 10 ans », explique Jean-François Lombard.
Cette expérience saute vite aux yeux lorsque les saisonniers sentiers passent à l’action. Quelques heures de travail plus tard, quatre murs de soutènement sur le sentier de Chargès ont été relevés, à la seule force des bras et sans autres matériaux que les pierres dénichées à proximité.
Une des portions rénovée : en haut, avant les travaux, en bas, après !
Le début d’un grand chantier de rénovation
Le choix des Gourniers pour cette journée de travail n’est pas anodin, comme l’a expliqué Laurent, l’autre formateur du Gabion. « On a un très beau patrimoine en pierre sèche sur Réallon. Ces constructions font appel à des techniques malheureusement trop oubliées. Même si pendant cette journée, certains avaient plus d’expérience que d’autres, ce chantier a été un bon prétexte pour partager et échanger sur les pratiques. » Jean-François Lombard, chef du secteur de l’Embrunais, complète : « Nous avons choisi Réallon car il y a sur ce sentier 200 mètres de murs en pierre sèche à revoir. Des réflexions sont en cours pour savoir comment les restaurer. Cette journée a permis de reconstruire une dizaine de mètres de murs, c’est un premier pas. Nous pensons faire des murs restants un support de formation pour le futur. »
Les chevilles ouvrières des sentiers
Au printemps et pendant l’été, 18 saisonniers viennent en renfort des gardes-moniteurs pour prendre soin des quelque 750 kilomètres de sentiers entretenus en cœur de parc. Dans chaque vallée, ce sont les chevilles ouvrières du Parc national, qui participent à la pose des passerelles, à la mise en place de la signalétique et à la sécurisation des sentiers endommagés par les intempéries. « Ils ne sont là que sur une saison et ils ne travaillent que sur les sentiers, commente Jean-François Lombard. Du coup, je trouve que cette rencontre annuelle est importante pour qu’ils se connaissent et qu’ils puissent travailler ensemble et échanger sur les savoir-faire. »
L'équipe au complet !