Un événement organisé pour la première fois en France
Le Congrès mondial des rangers est organisé tous les trois ans à l’initiative de la Fédération internationale des rangers (IRF), une organisation créée en 1992 pour développer et promouvoir le métier de garde. Emmanuel Icardo, garde-moniteur au Parc national des Écrins et membre de l’association Gardes Nature de France, nous en dit un peu plus sur ce grand rendez-vous. « C’est un événement complètement exceptionnel qui réunit des gardes professionnels du monde entier. Cette année, il a été organisé dans le sud de la France pour la première et la dernière fois, en tous cas à l’échelle de la vie des participants ! C’était donc une occasion unique, qui a eu un soutien institutionnel important , notamment de l’Office français de la biodiversité et de Réserves Naturelles de France. En plus des agents de terrain, l’événement a rassemblé les grands acteurs de la protection de la nature en France. »
Mettre en commun des solutions
Pour les participants au congrès, l’événement a été un moment privilégié pour échanger sur le quotidien de garde, partager ses expériences et ses difficultés, et trouver des solutions collectives. Comme l’explique Emmanuel Icardo, « on ne parle pas seulement de stratégies ou de grands objectifs, on est beaucoup dans l’opérationnel. Même si les espaces protégés dans le monde ont des milieux, des espèces, des moyens et des modes de gestion différents, on retrouve toujours les mêmes problématiques : les relations avec les communautés locales, le risque de grignotage par les aménagements et les infrastructures, la gestion de l’accueil du public, la surfréquentation dans certains lieux, la pédagogie auprès des habitants et des visiteurs, etc. Chacun invente des solutions de son côté et il est intéressant de les mettre en commun dans ce genre d’événement. »
Pour organiser les échanges, le congrès a été rythmé par des conférences, des ateliers techniques et des visites d’espaces protégés autour de Hyères sous la houlette de leurs gestionnaires. Une bonne occasion d’engager la discussion malgré la barrière des langues ! Le partage s’est également fait très concret avec une soirée consacrée à des dons et des échanges de matériels et équipements entre les participants.
Pendant le congrès, Camille Monchicourt, responsable du pôle SI au Parc national des Écrins, a animé un atelier sur l'outil Geonature qui permet de gérer et valoriser les données sur la faune et la flore.
Des participants d’horizons différents
Le congrès a réuni 450 gardes et représentants d’ONG de 88 pays dont 49 participants français. Autre fait marquant, la quasi mixité des participants. « L’inclusivité et l’égalité hommes femmes, tout comme l’intégration des communautés locales et autochtones dans la gestion des espaces protégés, sont la marque de fabrique de l’IRF », explique Emmanuel. Si certains participants n’ont pas eu à se déplacer beaucoup, la participation d’autres gardes venus d’horizons lointains aurait pu être plus délicate. Emmanuel confirme : « Certaines ONG étaient là aussi car elles ont financé la participation de gardes dont les structures n’ont pas les moyens d’envoyer leurs agents au congrès. »
En France, les gardes des parcs nationaux, des parcs naturels régionaux, des conservatoires du littoral, des réserves naturelles… sont regroupés dans une même structure professionnelle : l’association Gardes nature de France. C’est cette association professionnelle qui s’est chargée de l’organisation de l’événement à Hyères.
Le rôle central des gardes dans la protection de la biodiversité
Le congrès n’a pas uniquement permis les partages d’expériences, il s’est également soldé par la Déclaration de Hyères, dans laquelle ont été énoncées des recommandations pour conforter le rôle des gardes dans la protection de la nature : reconnaissance du métier, développement des compétences, amélioration des conditions de travail et de l’inclusivité… Le tout dans l’objectif de contribuer à la stratégie 30x30 adoptée lors de la COP 15 à Montréal en 2022 (30 % des terres et des mers de la planète protégées d’ici 2030).
À Montréal, il a été estimé qu’1,5 million de gardes sont nécessaires pour protéger efficacement ces espaces… alors qu’on ne compte que 286 000 gardes environ dans le monde aujourd’hui. « Il existe un fort déficit de main d’œuvre pour que les espaces protégés soient réellement efficaces dans leurs missions, commente Emmanuel Icardo. C’est pourquoi c’est si important de faire entendre la parole des gardes et la plus-value des agents de terrain dans la protection de la nature. »
Déclaration en main et grâce au soutien de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), le président de l’IRF et la présidente de Gardes nature de France se sont rendus fin octobre à la COP 16 de Cali (Colombie) pour présenter le document.
Le prochain Congrès mondial des rangers aura lieu en 2027 en Argentine. D’ici là, les gardes français et européens continueront à défendre et promouvoir leur métier, notamment lors du Congrès européen des gardes, l’an prochain en Roumanie.
Pour aller plus loin
- Télécharger la déclaration de Hyères
- Consulter le site web du Congrès international des rangers
- Consulter le site web de la Fédération internationale des rangers
- Consulter le site web de l’association Gardes nature de France