Des refuges, sentinelles pour les sciences

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Refuge de Vallonpierre © P-Saulay - Parc national des Écrins
Le refuge comme poste avancé de la recherche : la rencontre entre des professionnels de la montagne et des scientifiques a permis de confirmer l'intérêt de tous pour un programme sur le long terme dans les domaines des sciences de la nature comme des sciences sociales.

Une initiative originale, liant le monde de la recherche et des professionnels de la montagne pour mieux comprendre ce qui se passe "là-haut" : le séminaire « refuges sentinelles » qui s'est déroulé les 9 et 10 juin à la Galerie de l'Alpe, au col du Lautaret, a réuni une bonne soixantaine de personnes sur deux journées d'échanges.

Faire du refuge un poste avancé de la recherche scientifique a suscité un consensus d'intérêts et un réel enthousiasme.

"L'objectif était d'organiser une rencontre entre professionnels de la montagne (gardiens de refuge, guides de haute-montagne, fédérations sportives, associations…) et scientifiques (sciences de la nature et sciences sociales) afin de définir un programme de recherche de long terme à partir des refuges" souligne Richard Bonet, chef du service scientifique du Parc national des Écrins.

Séminaire refuges sentinelles - juin 2016 - Lautaret © G.Traub - Parc national des Écrins

Car il s'agit avant tout de rassembler des données scientifiques pour suivre concrètement les impacts des évolutions climatiques et la mutation des pratiques.

Ces questionnements sont portés notamment par le Parc national des Écrins et le laboratoire de recherche en sciences sociales PACTE qui, pour y répondre, ont engagé un partenariat avec le LabEx Innovation Et Territoires de Montagne et la Zone Atelier Alpes du CNRS. Ensemble, ils ont construit cette démarche pluridisciplinaire et participative "pour faire converger les motivations des acteurs impliqués par ce sujet".

Lire aussi : Refuges sentinelles, l'observatoire de la haute-montagne

Le gardien de refuge, au centre du dispositif

Avec ce programme « refuges sentinelles », le refuge a vocation à devenir un véritable camp de base pour la recherche scientifique ainsi que la transmission des savoirs au grand public. Un moyen donc de collecter des observations en croisant les approches homme-climat-biodiversité mais également de communiquer sur celles-ci en direction du grand public.

Séminaire refuges sentinelles - juin 2016 - Lautaret © G.Traub - Parc national des Écrins Séminaire refuges sentinelles - juin 2016 - Lautaret © G.Traub - Parc national des Écrins Séminaire refuges sentinelles - juin 2016 - Lautaret © G.Traub - Parc national des Écrins
Séminaire refuges sentinelles - juin 2016 - Lautaret © G.Traub - Parc national des Écrins

C'est dans une démarche participative que le projet se construit : chaque personne impliquée dans le programme est acteur et moteur dans le dispositif. Avec comme médiateur principal : le gardien de refuge.

Les huit gardiens de refuge présents lors du séminaire ont montré un réel intérêt à intégrer le dispositif.
Pour eux, ce programme est un moyen de mieux connaître leurs milieux, de faire avancer la recherche scientifique, d'échanger et de partager avec les autres acteurs impliqués dans le projet, de faire vivre leur refuge et de transmettre de nouvelles informations au public. Le projet permettrait d'améliorer la visibilité des refuges et éventuellement d'attirer un public nouveau en générant de la curiosité. Les gardiens intéressés sont prêts à s'impliquer dans le projet et à l'intégrer dans leurs missions.

Tous les gardiens de refuge du parc national des Écrins sont invités à intégrer le dispositif avec un investissement variable selon les disponibilités et les motivations de chacun. « Refuges Sentinelles » est une démarche volontaire qui permet une liberté d'investissement de la part des acteurs.

Refuge La Lavey - © Bertrand Bodin - Parc national des Écrins

Cette implication sera bénéfique pour les autres professionnels de la montagne qui sont demandeurs d'information sur l'évolution des milieux et des pratiques mais également pour les chercheurs qui souhaitent analyser les observations collectées sur le terrain et avoir une vision sur la dynamique de terrain. Pour eux, le gardien est une source d'informations à part entière et un interlocuteur clef pour comprendre les mutations en cours.

La mutualisation des motivations et des objectifs

Durant le séminaire, les acteurs présents se sont répartis pour discuter autour de trois thématiques : nature/biodiversité, sciences sociales et géomorphologie/glaciologie/climat. La ligne de conduite consistait à définir leurs contraintes et limites, à faire émerger leurs propres objectifs puis d'essayer de développer des moyens d'action.

Durant ces ateliers, chacun a pu exprimer ses souhaits vis à vis du programme mais également ses contraintes : turn over des gardiens, limites de la science participative, charge de travail des gardiens et des chercheurs, traitement des données, collecte de données en période non gardée, prise en compte des activités parallèles (bivouac…)…

matériel station mesure © C-Sagot - Parc national des Écrins Séminaire refuges sentinelles - juin 2016 - Lautaret © G.Traub - Parc national des Écrins

Des pistes d'actions et de travail ont pu ensuite être identifiées comme la mise en place envisagée de stations météo, la réalisation de photographies périodiques de la part des gardiens, l'incitation à la collecte d'information de la part du public via une application participative, l'affichage en temps réel des observations au sein des refuges (via Internet..)… Autant d'orientations qui restent à approfondir.

Refuge Adèle Planchard - © C.Dautrey - Parc national des Écrins Un calendrier pour la suite du programme

- Été 2016 : Les acteurs présents lors du séminaire se sont mis d'accord pour démarrer le programme dès cet été. Chaque personne impliquée dans le programme est invitée à entrer en contact avec les refuges. Les gardiens intéressés par le dispositif seront référencés et signalés à l'ensemble des participants afin que les acteurs puissent échanger et créer des liens formels et informels sur leurs objectifs et motivations.

Des actions simples pourront également être mises en place : posters dans les refuges, interventions des chercheurs en refuge, test de l’application Alprisk, collecte sur l’accidentologie… En parallèle, un travail sera réalisé sur la recherche de financement et la définition des rôles de chacun, notamment sur l'animation du projet.

- Octobre 2016 : mise en place de groupes de travail pour définir plus précisément le programme et les actions et thématiques à développer.

- Été 2017 : mise en place d'actions définies avec les groupes de travail.

- Automne 2017 : organisation d’un 2ème séminaire technique d’évaluation et de développement du dispositif.

Contact :
Gwenaelle Traub, chargée de mission "refuges et sports de nature" - Parc national des Écrins - tel. 04 92 40 20 28
gwenaelle.traub@ecrins-parcnational.fr