Le samedi 28 février 2009, nous partons de chez nous, au Pied du Col, en ski de rando pour faire le tour du Combeynot par le col d'Arsine.
Après un mois de froid continu, c'est le premier jour de réchauffement et il y a énormément de neige accumulée en montagne cet hiver. Il est tard quand nous entamons la descente et de petites coulées sont descendues du Combeynot.
En arrivant sur les pentes au-dessus du lac de la Douche, nous remarquons sur la gauche en contrebas une coulée de neige lourde assez importante qui est descendue dans la journée jusqu'au lac. Un point qui ressemble à une aile d'oiseau vient de disparaître à la surface de la coulée.
Je scrute attentivement l'endroit... on dirait plutôt un chamois et mon amie me le confirme avec ses jumelles.Nous décidons qu'un seul de nous deux doit y aller, pour ne pas effrayer le chamois davantage. Je descends jusqu'à la coulée. Je laisse mes skis et me dirige vers l'endroit : le chamois me regarde approcher, il est effrayé mais il ne peut pas s'enfuir : il a l'arrière train et les deux pattes de derrière prises dans cette neige très lourde et très compactée.
Je lui parle doucement pour le rassurer en avançant ma main vers son museau. Il se défend en donnant des petits coups de cornes dans le vide. Je sors ma pelle du sac et commence à le déneiger. Il s'est maintenant calmé, il se laisse faire, la tête posée entre ses pattes dans la neige.
C'est assez long et fastidieux, la neige est vraiment bétonnée. Enfin : la première patte est dégagée, puis la deuxième. Il ne se lève pas tout de suite. Après un moment, il se dresse, mais son arrière-train est ankylosé d'être resté de longues heures en position immobile et inconfortable dans le froid de la neige. Je remarque qu'il a fait sous lui.
Il part rapidement s'abriter sous une petite barre rocheuse, sa démarche est un peu raide et on espère qu'il ne s'est pas fait mal.
Après toutes ces émotions, et une fois arrivés dans la vallée de la Guisane, ma compagne s'est aperçue qu'il lui manquait un gant : elle l'a quitté près du lac de la Douche pour téléphoner à Eric Vannard, garde moniteur du Parc national des Ecrins afin de l'informer de l'accident. Celui-ci s'est rendu le lendemain sur les lieux, à la recherche du chamois. Il n'a pas retrouvé l'animal, qui s'en est donc tiré, mais il a retrouvé le gant !
-- Emmanuel Cerdan, illustrateur et peintre, et Claire Meynand, accompagnatrice en montagne --
Il n'est pas rare, à la fonte des neiges, de retrouver les dépouilles de chamois, chevreuil, ou mouflons pris dans une avalanche. C'est une des causes de mortalité des ongulés durant l'hiver. Celui-ci a eu de la chance ! En règle générale, observez à distance : en hiver particulièrement, la fuite d'un animal apeuré met sa survie en danger.
Si vous trouvez un animal sauvage blessé, vous pouvez prévenir les gardes-moniteurs du parc (dans les maisons du parc), ou contacter directement le Centre de Sauvegarde de la Faune sauvage 05, géré par le C.R.A.V.E. (Centre de Recherche Alpin sur les Vertébrés). Un membre du réseau des bénévoles sera alors contacté pour une prise en charge rapide.
Tél : 04.92.54.74.31
Infos et conseils : http://crave.free.fr/centre2/accueilcentre.htm