
Pour les pilotes de planeur, la traversée des Alpes est une "voie royale" qui nécessite de tenir compte de conditions aérologiques particulières et de respecter la réglementation des parcs nationaux en matière de survol.
Pendant plus de trois ans, les échanges et la concertation entre la Fédération française de vol à voile (FFVV) et le Parc national des Écrins ont permis de progresser dans la reconnaissance mutuelle des contraintes et des enjeux de chacun.
Après la convention signée avec la Fédération de vol libre en 2011 et le renouvellement de la convention sur l'alpinisme, l'escalade et la canyonisme en 2012, c'est la pratique du vol à voile qui bénéficie d'un document formalisant la concertation menée entre le Parc national et la FFVV.
En fin de semaine dernière, à l'occasion d'un rassemblement technique des instructeurs et des responsables de clubs à l'aérodrome de Saint-Auban dans les Alpes de Haute-Provence, les deux partenaires, le Parc et la fédération, ont signé officiellement cette convention.
Bertrand Galtier, directeur du Parc national des Ecrins, a précisé que cette convention ne porte pas sur des aspects réglementaires. "Son objectif est de préciser des engagements pour éviter des nuisances, informer et sensibiliser les pilotes sur les enjeux environnementaux" a t-il indiqué. " Il s'agit également de développer des moyens pour évaluer ensemble l'importance de la pratique et son impact sur l'ensemble du parc national".
En effet, depuis cette année, le parc est composé d'un cœur protégé et d'une aire d'adhésion dont les contours découlent de l'adhésion des communes à la charte du parc. Sur cette aire d'adhésion, le parc encourage les actions en faveur de la préservation et de la valorisation de l'environnement naturel, culturel et paysager.
Jean-Pierre Nicollet, chargé de mission concernant les sports de nature au Parc national, a profité de ce rassemblement de pilotes et de responsables de la Fédération pour expliquer quelle est la réglementation dans le cœur du parc.
En effet, par décret, sur le cœur du parc, le survol à moins de 1000 m du sol est réglementé. Il est donc nécessaire de préciser dans quelles conditions.
Des négociations développées notamment avec Hervé Perrin, directeur technique national de la fédération, ont abouti à un compromis qui permet de maintenir la pratique sportive, tout en tenant compte des enjeux de protection du parc national. Parmi ces préoccupations, on peut citer la reproduction des rapaces, la quiétude des bouquetins réintroduits ou encore le caractère sauvage de certains vallons...
Interview d'Hervé Perrin dans le journal du Parc national des Ecrins, fin 2012, dans le cadre d'un dossier consacré aux sports de nature.
Un arrêté du directeur autorise ainsi le survol du cœur à moins de 1000 m du sol mais à une altitude supérieure à 2800 m et sur des cheminements. Ces cheminements sont en effet les plus favorables sur le plan aérologique pour que les pratiquants puissent traverser le massif et évoluer sur les Alpes françaises sans coupures de la voie dite "royale" par les vélivoles.
Télécharger l'arrêté : 13-04-112 arrêté du directeur réglementant le vol à voile au dessus du coeur (3.19 MB)
Le respect des règles
Le bilan du respect de cette nouvelle réglementation sur les années 2012 et 2013 montre que les infractions flagrantes sont peu nombreuses.
Pour Hervé Perrin, ces "bons résultats" prouvent que le choix des cheminements décidés dans la concertation est accepté par les pratiquants.
Le président de la FFVV, Jean-Emile Rouaux, insiste également sur la compréhension dont ont fait preuve les techniciens du parc pour tenir compte de la sécurité des pilotes qui, en situation dangereuse, sont parfois dans l'obligation de s'échapper des cheminements pour retrouver de meilleures conditions aérologiques.
De fait, ainsi que l'a précisé Jean-Pierre Nicollet, les agents de police de l'environnement sont conscients de cette nécessité. Ainsi, les infractions relevées font l'objet de poursuites graduées : au-delà de la simple consignation, le rappel du respect des règles auprès des pilotes qui auront débordé des cheminements peuvent aller jusqu'au procès-verbal, instruit par le Parquet, dans les situations manifestement éloignées des cheminements autorisés.
Une information mutuelle
Les échanges avec les participants lors de cette signature ont révélé qu'il fallait renouveler l'information sur les aérodromes comme cette année avec l'édition d'un poster de sensibilisation et d'information. La prise en compte des pilotes étrangers est également nécessaire.
La collecte des observations sur les espèces d'oiseaux prend toute son importance car les pilotes sont souvent aux premières loges et motivés pour apporter une contribution aux suivis des populations de rapaces notamment.
Pour les observation de rapaces, les informations sont à transmettre à rapaces@ecrins-parcnational.fr
Pour en savoir plus :
Voir le dossier de l'Echo des Ecrins n°37, consacré aux sports de nature
Télécharger le journal du Parc national des Écrins :
L'écho des Écrins n°37 - Hiver 2012-2013 (3.87 MB)
De l'alpinisme au parapente en passant par le vol à voile et le partenariat avec les professionnels de la montagne : des représentants des pratiquants témoignent des échanges menés avec le Parc national des Écrins. Le dossier de cette édition du journal du Parc (décembre 2012), consacré aux sports de nature, n'aborde pas l'ensemble des pratiques. Il met en avant l'intérêt du dialogue et de la concertation menés dans le coeur du parc national, et qui sont bénéfiques à l'ensemble du territoire.