6 couples d’aigles connus dans le Champsaur
Pour mémoire, à la création du parc en 1973, les gardes avaient recensé 11 couples. Mais ce n’est qu’en 1976 que l’aigle royal, ainsi que tous les autres rapaces, ont bénéficié du statut légal d’espèce protégée. Dans la vallée du Champsaur, nous connaissons 6 couples, dont un installé à Prapic (commune d’Orcières). Pour la petite histoire, nous avons découvert le dernier de ces couples il y a seulement 5 ans sur la commune de Saint-Jean-Saint-Nicolas. Par ailleurs, une aire que nous ne connaissions pas a été découverte par un jeune passionné d’ornithologie le printemps dernier à Champoléon.
Un couple d’aigle royal possède plusieurs aires dans son domaine vital d’une superficie de plus ou moins 50 km².. C’est celui de Prapic qui en compte le plus, avec au moins 6 aires différentes. Et évidement, que l’on ne peut pas voir du même endroit ! Place à la patience... Chaque année, le couple de Prapic utilise une aire différente, probablement pour limiter la propagation des parasites et éviter le repérage de son lieu stratégique de reproduction.
Des couples scrutés de près !
Depuis la création du parc, les gardes moniteurs suivaient systématiquement chaque année tous les couples d’aigles.
Ce travail commence en février avec le repérage de l’aire choisie par les aigles. C’est à cette période que les couples sont les plus démonstratifs, avec la réalisation de vols « en festons » et la recharge de l’aire en branches. Leurs nombreuses allées et venues les trahissent ! L’aire est une imposante construction bâtie dans la partie supérieure d’une falaise, sur une corniche protégée par un surplomb ou située dans une cavité. On estime qu’en France moins de 10 % des nids sont construits dans des arbres, mais nous n’en connaissons pas dans le Champsaur.
Puis, la surveillance dure jusqu’à l’envol de l’aiglon qui se produit en général de fin juillet à début août.
La recherche de l’aire en février, un travail de patience !
Ce suivi systématique représentait un travail considérable. Depuis 5 ans, afin d’alléger la charge de travail mais surtout d’estimer la réussite de la reproduction à l’échelle du parc de manière statistiquement fiable, il a été décidé de réaliser un tirage au sort aléatoire de 1 à 2 couples par vallée et par année afin de les suivre intensément. Ce choix permet aussi d’évaluer l’effort de surveillance, ce qui a son importance dans la fiabilité des résultats.
Ce travail de longue durée des gardes du parc a permis à un étudiant de publier un article dans une revue scientifique montrant que la fécondité des aigles a chuté avec l’augmentation du nombre de couples. Il a attribué cette baisse à la contraction des territoires et à l’augmentation des conflits intraspécifiques. Un phénomène nommé « densité dépendance », bien connu en écologie. (CHAMBERT Thierry et al. (2020), Density dependance in golden eagle fecundity better explained by individual adjustment than territory heterogeneity. IBIS, vol. 162 (4). DOI:10.1111/ibi.12826)
À l'échelle du territoire du Parc national, ce sont 11 couples qui ont été suivis de près par les agents cette année. Pour le Champsaur, ce sont les couples d’Ancelle et d’Orcières qui ont été tirés au sort. En avril, nous avons trouvé l’aire choisie cette année par le couple d’Orcières et l’avons suivie jusqu’à l’envol de l’aiglon fin juillet. Il arrive que les aigles produisent 2 aiglons, comme à Autane en 2020 ou à Champoléon/les Auberts l’année dernière. Malgré nos nombreuses journées de surveillance, le couple d’Ancelle ne semble pas s’être reproduit.