
La diversité floristique des prairies naturelles mérite d'être soulignée. Cette richesse, reflet de l'environnement proche, est étroitement liée à la pratique de fauche.
Une prairie naturelle est une construction écologique. Le nombre d'espèces vivantes différentes et les interactions qui les régissent sont les garants de sa pérennité.
Chacune des plantes des prairies de fauche apporte un élément essentiel dans l'alimentation des animaux. Ensemble, elles contribuent à la qualité du foin de montagne.
Le concours national des prairies fleuries, initié par les espaces protégés français en lien avec la profession agricole, récompense les prairies qui offrent le meilleur équilibre entre production fourragère et biodiversité.
C'est l'occasion de montrer aussi la richesse et l'importance de ces milieux, reconnus comme « habitat d'intérêt communautaire » et d'en encourager la fauche, réalisée bien souvent dans des conditions difficiles, notamment en altitude.
Cette année, c'est le secteur de la Vallouise qui représentait les Ecrins au concours national des prairies fleuries. Voir l'article et la vidéo "De riches prairies fleuries"
Parmi les huit parcelles qu'ils ont examinées avec soin en Vallouise, les membres du jury ont sélectionné celle proposée par Jean-Baptiste Martin pour représenter les Ecrins au concours national des prairies fleuries 2013
Des herbes appelées graminées... ou poacées
Cette famille rassemble des espèces d'un intérêt alimentaire et économique majeur. Du gazon au blé en passant par la canne à sucre et le maïs, elles assurent une grande partie de la nourriture de l'humanité. Flouve odorante, fléole des prés, fétuque rouge, paturin des prés, avoine dorée, agrostide capillaire,dactyle pelotonné, brize intermédiaire, mélique ciliée...
Agrostis stolonifera
Dans les prairies naturelles, toutes ces herbes difficiles à différencier sont légion mais discrètes car leurs fines feuilles et leurs épis de fleurs dérisoires et sans véritable couleur, les privent d'un quelconque caractère décoratif. Et pourtant, leur valeur fourragère est loin d'être négligeable même si elles ne représentent guère d'intérêt pour la multitude d'insectes qui fréquente les lieux puisqu'elles sont fécondées par le vent.
Flouve odorante (Anthoxantum odoratum) et dactyle peletonné (Dactylis glomerata)
L'azote des légumineuses
Dans le foin, elles sont la principale source de l'azote qu'elles captent dans l'air et fixent dans leur racines... Ces plantes de la famille des fabacées sont indispensables à la fabrication des protéines.
Le trèfle des près
C'est une plante commune des prairies et des pelouses d'altitude, facilement reconnaissable à son trio de folioles composant ses feuilles et à sa boule de fleurs allant du blanc au rose vif.
Espèce très riche en éléments nutritifs et en protéines, elle peut d'ailleurs être utilisée comme engrais vert
Très mellifère, elle est aussi à l'origine d'un miel très raffiné.
Le sainfoin ou esparcette
Son système racinaire développé lui permet de retenir les éboulis mais le sainfoin ne rechigne pas à s'associer aux plantes de la prairie sur terrain calcaire pas trop humide.
Cette plante aux fleurs roses en grappes serrées très mellifères, a la capacité de métaboliser l'azote de l'air pour enrichir le sol en matières nutritives. Elle fait partie des meilleures plantes fourragères de montagne.
Et quelques autres... non moins indispensables
Les espèces présentées ci-après apportent chacune une propriété particulière et participent aussi à la productivité de la prairie, à commencer par leur volume...
Le fenouil des Alpes
Très abondant sur les prairies d'altitude, le fenouil compte parmi les meilleures plantes fourragères des Alpes. Il favorise la sécrétion de lait chez le bétail. De la famille de la carotte, ses fleurs en ont le parfum et le goût anisé de ses fruits améliorent la qualité des produits issus de l'élevage de montagne.
Le salsifis des prés
En plein soleil, il colore en jaune vif prairies et bords des champs... jusqu'à midi !... avant que ne se referme son capitule. Les insectes butineurs le repèrent grâce à sa couleur et ses qualités nutritives. Alors, laissons-le fleurir et fructifier pour le plaisir de tous. D'ailleurs racines, jeunes feuilles et bouton floral sont comestibles.
Le cumin des prés
En montagne, il est surtout présent dans les prairies au sol plutôt frais. La fauche précoce empêche la maturation de ses graines et limite le développement de cette espèce bisannuelle. Ses fruits au goût anisé contiennent des huiles essentielles qui participent à la qualité du lait produit en montagne. Ils sont aussi fort appréciés comme condiment.
La campanule rhomboïdale
C'est une plante de belle apparence. Ses fleurs bleu ciel se composent de cinq pétales soudés en forme de clochette facilement reconnaissable. Elle pousse sur des sols riches dans les prairies et les bois clairs des montagnes. La fauche précoce limite la maturation de ses graines et son développement.
La renouée bistorte
Sa grande et belle inflorescence cylindrique rose peut être admirée dans les champs humides au printemps. Les bêtes domestiques préfèrent la consommer sèche dans le foin alors que les apiculteurs l'apprécient bien en fleur pour leur abeilles.
Les promeneurs connaisseurs cuisineront ses jeunes feuilles et le phytothérapeute s'en servira d'anti-inflammatoire ou pour limiter les saignements.
L'achillée mille feuilles
La très commune achillée mille feuilles doit son nom à ses feuilles découpées en « mille » ramifications évoquant un plumet. Elle affectionne les milieux ensoleillés, jusqu'à plus de 2000 m.
Au printemps, ses jeunes feuilles sont comestibles en salade et elle guérirait ... mille maux.
La centaurée de montagne
Elle dresse vers le ciel son grand capitule dont la couleur lui a valu le surnom de bleuet de montagne. Amatrice de sols frais, sur terrains plutôt calcaires, elle se rencontre dans toutes les montagnes du sud de l'Europe.
Plante mellifère aux vertus digestives avérées, elle satisfait hommes et bêtes.
La sauge des prés
Dans les prairies un peu plus sèches de l'étage montagnard, elle attire le regard grâce à ses longues grappes de fleurs d'un beau bleu violacé. Son irrésistible parfum attire abeilles et bourdons. Fort évoluée en matière de fécondation, elle utilise la ruse pour qu'à leur insu , ces insectes repartent vers d'autres belles recouverts de pollen.
La knautie des champs
Dans les prairies naturelles. elle se distingue des autres en hissant à l'extrémité de ses longues tiges de larges capitules en forme de demi-sphère. Ils se composent d'innombrables fleurs rose violet aux étamines démesurées. Agglutinées et gorgées de nectar, elles accueillent en masse les pollinisateurs au bénéfice d'une bonne fécondation et pour le plus grand bonheur de l'apiculteur.
Ne marchez pas dans les prairies !
Le piétinement couche l'herbe et rend la fauche plus difficile, occasionnant pour l'agriculteur une gêne et une perte de fourrage. Merci de respecter leur travail en ne pénétrant pas dans les prairies.
Pour en savoir plus
A la découverte des fleurs des Alpes – 350 espèces dans leur milieu – Collection des guides de terrain des parcs nationaux de France. Réalisé par l'équipe du Parc national des Ecrins. Editions Glénat
Dans les Maisons du Parc national et sur la boutique en ligne