Évolutions climatiques : des suivis dans les Écrins

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Quelle est la contribution du Parc national des Écrins à l'étude et au suivi des processus liés aux changements climatiques ? .

De par ses missions et ses travaux d'observations à long terme, il contribue à la veille écologique de nombreux écosystèmes. Au sein de nombreux réseaux, en partenariat avec des équipes de recherche, le Parc national participe à une meilleure compréhension des évolutions en cours.

LE PARC NATIONAL, LIEU D'OBSERVATIONS À LONG TERME

2009-11-station-lauvitelLe Parc national des Écrins participe au suivi du changement climatique en déployant un réseau d'observations. Les mesures physiques constituent le premier axe de travail, qu'elles soient réalisées par des appareils automatiques ou par les agents du Parc national.

La station météorologique du Lauvitel, en place depuis juin 2002, complète le réseau national en apportant des données d'altitude. La station du Casset, sous le col du Lautaret, enregistre quant à elle des données sur les propriétés de l'air.

Le suivi des glaciers reste l'élément le plus démonstratif de l'évolution des climats.
Le Parc national effectue un premier protocole de mesure du recul des fronts et un second protocole permet de calculer la perte de masse glaciaire.

2009-11-montage-glacier-blancLa mesure des fronts est le plus vieux protocole de suivi des glaciers. Réalisée d'abord au décamètre, la mesure de la distance du front depuis un point fixe est aujourd'hui enregistrée à l'aide d'un télémètre laser. Ce suivi est réalisé encore actuellement pour cinq glaciers dans les Écrins : glacier Blanc, glacier Noir, glacier de la Selle, glacier du Sélé et, le doyen en la matière, le glacier de la Pilatte. Pour ce dernier, en effet, les premières mesures de front furent décidées par le service RTM en 1920 !

 

Depuis 1986, le front du glacier Blanc a reculé de 510 mètres, soit 22 mètres de moyenne par an. Pour l'ensemble du massif des Écrins, de simples mesures de distance permettent d'estimer que la superficie des glaciers est passée de 100 km2 en 1986 à 84 km2 aujourd'hui.

 

À lui seul, le recul des fronts ne constitue pas un véritable indice de perte glaciaire. D'autres mesures sont nécessaires pour calculer la perte de masse glaciaire.

 

Ce protocole dit de "bilan de masse" est plus complexe. Il est appliqué sur le glacier Blanc, sur le glacier de Laurichard et  sur le glacier Noir. Le glacier de Sarennes, qui a aujourd'hui quasiment disparu, est l'un des premiers glaciers des Alpes dont les bilans de masse annuels ont été calculés par le laboratoire de glaciologie de Grenoble, partenaire privilégié du Parc national des Écrins dans ces opérations de suivis.

2009-11-graph-gl-blanc

Pour le glacier Blanc, les dix dernières années de mesures aboutissent à un bilan négatif cumulé de 5,36 mètres d'eau, ce qui correspond à 5,90 mètres de perte d'épaisseur moyenne pour l'ensemble du glacier.

Les données collectées par le Parc national des Écrins rejoignent les statistiques des autres pays et contribuent à une meilleure compréhension de l'évolution des masses glacées du globe.

 

Si les mesures physiques des glaciers participent aux diverses études (climat, ressources en eau...), elles permettent également d'expliquer et de communiquer des informations chères aux usagers de la montagne : qui se souvient que le glacier venait frôler le refuge alors qu'il se trouve maintenant 50 mètres en dessous... ? Et de cette voie dont la première partie passait sur glacier alors que maintenant des longueurs difficiles et polies par la glace l'ont remplacée ?

Pour en savoir plus, consultez le cahier thématique sur les glaciers

LE PARC NATIONAL, LIEU D'ANALYSE

2009-11-lecture-vegetationÀ la suite des sécheresses de 2003 et 2005, le Parc national des Écrins a mis en place un programme intitulé "alpages sentinelles".
Une partie des travaux est financée par un programme de recherche du MEEDDM, son ministère de tutelle, portant sur la gestion et les impacts du changement climatique.

Les "alpages sentinelles" font intervenir de nombreux partenaires scientifiques, des techniciens pastoraux et des gestionnaires. Chacun dans son domaine de compétence relève des données permettant d'analyser les mutations induites par les épisodes de sécheresse.
Les principaux paramètres sont d'ordre météorologique (pluviométrie, durée enneigement...), biologique (évolution de la végétation, production annuelle...) et technique (chargement pastoral, période de l'estive...).
Ces alpages sont des lieux privilégiés d'observation des conséquences du changement climatique et des pratiques pastorales sur les pelouses d'altitude.

LE PARC NATIONAL, LIEU DE RECHERCHE

2009-11-zone-atelierLe Parc national des Écrins est aussi un territoire d'accueil de la recherche, à laquelle il participe activement. Ainsi une partie de son territoire est incluse dans la Zone Atelier Alpes (ZAA). Ce "label" associant CNRS et CEMAGREF a permis, avec le Laboratoire d'Ecologie Alpine (LECA), de développer plusieurs programmes en lien avec le changement climatique et la modélisation de ces changements.

Pour l'un d'eux (ANR Diversitalp), l'objectif est de comprendre la réponse des espèces végétales aux variations du milieu, aux niveaux de la structuration de leur aire de répartition, du type de niche utilisée et de l'expression phénotypique évaluée en termes de traits fonctionnels. Cette compréhension devrait permettre, entre autres, de prédire la réponse des espèces aux changements climatiques et/ ou à l'utilisation des terres.

Dans l'optique de compléter l'analyse des conséquences du changement climatique et de l'utilisation des terres, le Parc national des Écrins prévoit, en 2010, de mettre en œuvre une analyse comparée des paysages au moyen de photos aériennes anciennes, réalisées dans les années 1970 et actuelles .

L'analyse de lacs d'altitude (sédiments, données physiques..) devrait également constituer dans les années à venir des sentinelles pertinentes.

Autant de données qui contribuent aussi à alimenter les grands réseaux d'observations internationaux (International Long Term Ecology Recherch -ILTER ou Word Glacier Monitoring Service - WGMS).

Pour en savoir plus sur la Zone Atelier Alpes :  La plaquette de présentation de la Zone Atelier Alpes (2.43 MB)

Pour en savoir plus sur la contribution des parcs nationaux français aux suivis des évolutions climatiques

Pour consulter les actes de la conférence internationale "Réseau écologique alpin : une réponse au changement climatique pour préserver la biodiversité ?", organisée les 15 et 16 octobre 2009 par le Réseau Alpin des Espaces en Allemagne, voir le site de Alparc
Cet évènement a réuni 110 gestionnaires d'espaces protégés alpins, des chercheurs internationaux, des instituts de recherche, des universitaires....