Le petit murin
Dans les combles de l’église, de grandes chauves-souris agglutinées par dizaines le long de la poutre faîtière font penser à des grands murins… à moins que ce ne soient des petits murins ; ils ont quasiment la même taille : environ 7 cm ! Une tache claire, très souvent présente entre les oreilles des petits murins, permet de les différencier à coup sûr des grands murins. Mais allez observer cette marque aux jumelles dans la pénombre ! En fait, une des méthodes les plus fiables pour distinguer les deux espèces reste de capturer un individu et de mesurer au pied à coulisse la distance entre la canine et la troisième molaire de la mâchoire supérieure.
Vite, relâchons-le ! Dès le soir, il retournera chasser des fonds de vallée aux pelouses alpines, parfois à plus de 20 km de son église.
Un seul jeune par an
On craint souvent les chauves-souris en raison de leur ressemblance avec ces petits rongeurs que sont les souris. Ne vont-elles pas grignoter la charpente et vite pulluler ? Pas de panique ! Une chauve-souris ne ronge pas et ne fait en général qu’un petit par an, rarement des jumeaux chez certaines espèces. C’est dire si la pullulation ne guette pas la colonie ! Pour compenser ce faible taux de reproduction, les chauves-souris profitent d’une longévité relativement grande pour leur petite taille : de quelques années à plus de trente ans ! Au final, il faut un très grand nombre d’années pour former une colonie importante.
Le grand murin
En pénétrant dans les combles de l’église, une bouffée d’air chaud vous prend à la gorge. Elle est chargée de l’odeur caractéristique du guano de chauve-souris et accompagnée de grésillements bien audibles, les cris sociaux des grands murins. Pendus aux chevrons de la toiture ou plaqués au mur sur plusieurs couches, femelles et jeunes sont agglutinés en essaim de quelques centaines d’individus : méli-mélo de grandes oreilles, petits museaux, dos gris-brun et ventres presque blancs. Les mâles exclus de la colonie passent la journée, seuls ou en petits groupes, dans une fissure ou un trou. À la nuit noire, laissant les petits en « nurseries » au gîte, les mères partent en chasse. Ces spécialistes du vol en rase-mottes, sur sol dégagé ou prairie fraîchement fauchée, peuvent aussi ramper à terre à la recherche de carabes, criquets, araignées et autres petites bêtes.
Chasse au long cours
Dans le cadre d’une campagne de radiopistage, des femelles de grands murins équipées de minuscules émetteurs ont livré le secret de leurs nuits. Si, pendant la chasse, le vol est lent, c’est à 50 km/h que se font les longs trajets. Il n’est pas étonnant qu’avec une telle vitesse de déplacement, des territoires de chasse à plus de 30 km du gîte soient rejoints chaque nuit. De mauvaises conditions météorologiques peuvent compromettre le retour à la colonie ; un gîte de transit fera alors l’affaire pour attendre la nuit suivante.
A écouter
La chronique Nature consacrée aux chauves-souris sur la RAM, radio associative des Hautes-Alpes : L'écologie acoustique des chauves-souris
A lire
Au centre de documentation du Parc national des ecrins :
- Utilisation du gîte de maternité de Bourg d'Oisans par une colonie mixte de grands et de petits murins, rapport, AFONSO E., FARNY G., Université de Franche-Comté, 20 p., 2014
- Le grand murin en Oisans : caractérisation de l'activité et des terrains de chasse de l'espèce, rapport, GIRON S., CORNUT J., CORA Faune Sauvage, PNE, 31 p., 2010
- Vidéosurveillance de la colonie de grand murin de Bourg d'Oisans : rapport d'observations, STOECKLE T., Groupe des Chiroptères de Provence, PNE, 28 p. 2010
A la rencontre des aninaux de montagne
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