Le suivi des micromammifères de la réserve intégrale

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Piège et mulot ©Parc national des Ecrins

Les campagnols, mulots et musaraignes de la réserve intégrale sont suivis depuis 1992. Le but est d'observer l'évolution de ces espèces dans un milieu non exploité par l'homme, et de la comparer à d'autres populations européennes.

Pesée d'un campagnol ©Parc national des Ecrins Nigel Gilles Yoccoz, professeur à l’université de Tromsø (Norvège), réalise le suivi des populations de micromammifères et plus particulièrement du campagnol roussâtre (Myodes glareolus) afin d’étudier leur évolution au cours du temps. Il travaille aussi sur des populations habitant d’autres régions froides du monde (Scandinavie...).

Les campagnols, contrairement à leurs cousines les marmottes, sont actifs toute l'année mais ne se reproduisent que de juin à septembre.

 

Une densité importante de petits rongeurs

Campagnol des neiges  ©Damien Combrisson PNE Le vallon du Lauvitel possède des peuplements de micromammifères typiques des milieux de montagne, avec une diversité locale assez élevée.

Cette densité fait des petits rongeurs une composante importante des différents écosystèmes du vallon. En effet, les densités élevées (100 campagnols roussâtres/ha) rendent non négligeable l’impact de ces animaux herbivores sur la végétation, qui peuvent influencer négativement la survie des jeunes plantules de conifères. Par ailleurs, ces espèces constituent la base du régime alimentaire de nombreux rapaces nocturnes. Ils sont donc un élément essentiel de la chaîne alimentaire.

Capturer et relâcher

Le protocole de piégeage est identique depuis 1992, ce qui est indispensable pour suivre l’évolution des

populations. Deux grilles de pièges ont été mises en place, soit environ 90 pièges. La première grille se trouve dans la pessière à l’entrée de la réserve, tandis que la seconde, plus petite, se situe dans une casse plus en amont de la forêt.

Les pièges sont posés dans la matinée et relevés une première fois le soir-même et une seconde fois le lendemain matin tôt. Les deux sessions de capture sont rapprochées (environ 9h) afin de garantir une mortalité quasi nulle des individus. Les animaux sont identifiés, comptés, sexés, pesés, puis relâchés.

Capture et libération d'un campagnol ©Parc national des Ecrins

Au total, 3013 captures ont été réalisées depuis le début de l’étude en 1992. Les effectifs par espèces sont visibles dans le tableau suivant.

Effectifs capturés de 2002 à 2017 ©Gilles Yoccoz En 2011, une Musaraigne alpine a été capturée. Cette espèce est très rarement observée.

La population de campagnol roussâtre la plus stable d’Europe

Campagnol roussâtre (Myodes glareolus) ©Christophe Albert PNE

Si on s'intéresse plus spécialement au Campagnol roussâtre, une espèce typiquement forestière, ses effectifs dans la pessière comme dans la casse diminuent globalement depuis le début de l'étude, à raison de respectivement 0,73 et 0,31 campagnols de moins chaque année. On a cependant pu observer des variations dans la casse, avec une augmentation des effectifs durant les premières années, puis une décroissance après 2004-2005.

Malgré cette tendance à la diminution des effectifs, la population de campagnol roussâtre du Lauvitel est à ce jour la population de rongeurs forestiers la plus stable d’Europe, parmi bien sûr celles suivies sur le long terme. Cette stabilité semble être une carcatéristique des populations de montagne. En plaine, les effectifs peuvent varier d'un facteur 10 à 100 en quelques années seulement.

Les effectifs de mulots et musaraignes sont quant à eux plus variables.

Evolution des effectifs de campagnol 92-2017 ©Gilles Yoccoz

 

Pour en savoir plus sur les différents micromammifères de la réserve intégrale : 

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