50 ans d’histoire : La réserve intégrale du Lauvitel #2

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À l’occasion des 50 ans du Parc national des Écrins, nous vous proposons de découvrir chaque semaine un pan de l’histoire et des missions du Parc, en images et en témoignages. Cette semaine, continuons notre plongée dans la réserve intégrale du Lauvitel, racontée par Jean-Pierre Raffin, enseignant-chercheur en écologie et membre du conseil scientifique du Parc depuis 1979.

Un vallon délaissé au fil du temps

« L’histoire de la réserve a commencé en 1974 quand les héritiers de la famille Balme ont vendu à l’État le fond du vallon du Lauvitel. L’État a ensuite confié la gestion du territoire au Parc national en 1980. Comme c’était un milieu où il n’y avait plus d’exploitation forestière depuis la 1ère Guerre mondiale et plus d’exploitation pastorale depuis 1947, le conseil scientifique a jugé qu’il était intéressant d’en faire une réserve intégrale.

La réserve intégrale du Lauvitel en 1992 © L. Tron - PNE

La réserve intégrale du Lauvitel en 1992

La première réserve intégrale de parc national français

Des études ont été menées au début des années 1990 en parallèle avec la procédure de création conduisant au décret du 9 mai 1995 instituant la réserve. Ce fut la première réserve intégrale de parc national en France ! C’était un territoire où l’on pouvait étudier des milieux qui évoluaient spontanément sans impact direct de l’homme. Pour les scientifiques, c’était passionnant de pouvoir mener des études sur le long terme. Depuis, les suivis scientifiques se succèdent, sur le monde vivant, la géologie, l’archéologie, etc.

Inventaire généralisé de la biodiversité (ATBI) dans la réserve du Lauvitel © M. Corail - PNE

Étudier la nature sans l’impact de l’homme

C’est important d’avoir ce genre d’endroits où l’on peut constater comment fonctionne la nature par elle-même. Car ce qu’on appelle la nature ailleurs est en fait le résultat combiné d’activités humaines et d’une évolution spontanée du reste du monde vivant. Dans la réserve, on a par exemple des cortèges de mousses et d’insectes qui vivent sur des bois morts. C’est très intéressant car cela n’arrive jamais dans les forêts exploitées !

Forêt dans la réserve intégrale du Lauvitel © L. Imberdis - PNE Conseil scientifique au Lauvitel © D. Maillard - PNE

Une forêt vivante par son bois mort !

Chaque année, le conseil scientifique détermine le nombre de jours de présence des scientifiques amenés à travailler dans la réserve. À l’époque, l’accès terrestre à la réserve était scabreux. Aujourd’hui, on y accède en bateau. Cela facilite les campagnes scientifiques !

Accès en barque à la réserve intégrale du Lauvitel © M. Corail - PNE

L’importance de la communication

Depuis quelques années, des animations ont lieu sur la digue à l’occasion des Journées du patrimoine. On explique aux aux visiteurs, habitants de la région ou venus d’ailleurs, le pourquoi de la réserve. Les scientifiques sont très heureux d’expliquer l’intérêt de leurs travaux qui ont été rendus possibles grâce à la décision des anciens propriétaires de vendre leur terrain. C’est une excellente initiative, car le patrimoine n’est pas que culturel et bâti, il est naturel et scientifique aussi. »

25 ans de la réserve intégrale du Lauvitel © B. Clouët - PNE

Les 25 ans de la réserve intégrale, fêtés avec les habitants et les partenaires en 2022.

Coté lecture...

CENTRE DE DOCUMENTATION DU PARC NATIONAL DES ECRINS, Réserve Intégrale de Lauvitel : Revues de presse et documents, 2018

PARC NATIONAL DES ECRINS, Réserve intégrale du Lauvitel, livret, 2022.