Les communautés végétales constituent un élément essentiel dans le fonctionnement des lacs d'altitude. L'inventaire de cette végétation aquatique est réalisé dans le cadre du réseau "Lacs sentinelles" à l'échelle des Alpes. Il servira de référence pour des suivis ultérieurs et permettra ainsi, dans quelques années, d'étudier l'évolution des communautés végétales des lacs d'altitude.
C'est en particulier la vulnérabilité de ces lacs à la colonisation par la végétation, en lien avec les changements globaux (climatiques, eutrophisations, ...) qu'il sera intéressant de mesurer. Dans ce cadre, une équipe de chercheurs du CARRTEL - Université Savoie-Mont-Blanc est montée faire un état des lieux de la végétation aquatique de trois lacs du parc national des Ecrins.
"Le développement de la végétation aquatique dans les lacs modifie les cycles biogéochimiques, augmente la biodiversité et fournit des abris et de la nourriture à de nombreuses espèces animales" résume Florent Arthaud, du CARRTEL - Université Savoie Mont Blanc. "Cela entraîne un changement fonctionnel important de l'écosystème. La part des plantes aquatiques dans la productivité primaire des lacs d'altitude mérite à ce titre d'être regardée attentivement, notamment au regard des évolutions actuelles : le changement climatique et l'eutrophisation devraient favoriser leur colonisation dans ces écosystèmes".
Les lacs de montagne, disposés le long d'un gradient altitudinal, apparaissent comme de bons modèles pour étudier les effets du changement climatique global sur la biodiversité.
L'étude menée dans le cadre du réseau "lacs sentinelles" devrait contribuer à améliorer la connaissance sur le fonctionnement écologique de ces lacs de montagne qui demeure peu connu.
Du 21 au 24 août, les chercheurs ont échantillonné les lacs des Pisses et de Pétarel dans les Hautes-Alpes et de Plan Vianney en Isère avec l'aide d'agents du Parc national. "La méthodologie se base sur un échantillonnage de cette végétation sur le terrain. Les premiers résultats montrent que la présence de la végétation aquatique dans les lacs d'altitude est sous-estimée jusqu'à présent. On retrouve des espèces aquatiques jusqu'à plus de 2 700 m d'altitude en Vanoise."
Dans le cas des Ecrins, si le lac de Pétarel reste très minéral avec seulement une espèce d'algue observée, les lacs des Pisses et de Plan Vianney sont plus végétalisés.
Ainsi, à Plan Vianney, 6 espèces de plantes, dont 2 mousses, acceptent d'avoir "les pieds dans l'eau", tandis qu'aux Pisses 7 espèces ont été trouvées dont une petite renoncule qui elle plonge jusqu'à 1,50 m de profondeur !
Le lac de la Muzelle, échantillonné en 2015, présente une diversité et un recouvrement très faibles en plantes aquatiques.
En fin d'été, tous les lacs suivis par le réseau auront été échantillonnés : une "photo" de l'état des lieux actuel, à comparer à la situation dans quelques années. A suivre donc !
Pour en savoir plus, le site du Réseau Lacs sentinelles :
Le projet Végétation Aquatique des Lacs d’Altitude (VALA), mené en collaboration avec le réseau Lacs Sentinelles, le Conservatoire Botanique National Alpin (CBNA), ASTERS, le Parc National de la Vanoise et le Parc National des Écrins a pour objectif d’étudier l’évolution des communautés végétales dans les lacs climatiques et les perturbations anthropiques variées.
Le réseau lacs sentinelles alpin bénéficie du concours de l’Union européenne, via le Programme opérationnel interrégional du Massif des Alpes* qui soutient l’action « Les lacs d’altitude, sentinelles pour le suivi des changements globaux des Alpes françaises ».