Un glacier Blanc bien recouvert ce printemps

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Avec plusieurs semaines de retard dues au mauvais temps du mois de mai, les équipes du Parc national des Écrins et de l'INRAE (l'institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement) ont finalement pu mettre les skis sur le glacier Blanc début juin. Comme chaque année, ils sont montés mesurer l'accumulation de neige sur ce géant des Écrins. Bonne nouvelle : une très belle accumulation, la 3e plus forte depuis 2000 !

Sur le glacier Blanc - J. Charron - PNE Il aura fallu attendre la semaine du 31 mai pour mener la traditionnelle campagne de mesures. En cause, l'absence de créneau météo favorable et la neige qui se semblait pas vouloir s'arrêter de tomber ! Les équipes du Parc national et de l'INRAE doivent en effet attendre la fin des dernières chutes de neige afin de bien mesurer l'accumulation maximale. Mais c'est grâce à cet enneigement constitué sur le tard, en avril et en mai, que les accumulations sur le glacier Blanc sont très conséquentes cette année. Julien Charron, chargé de mission glaciers au Parc national précise : « Les mesures de début juin donnent un résultat de 1,99 mètre d'équivalent en hauteur d'eau, ce qui est la 3e plus forte accumulation mesurée depuis 21 ans ! En comparaison, la moyenne de l'enneigement se situe autour d'1,56 mètre d'eau. »

En raison de l'enneigement très tardif, les mesures n'ont pas pu être réalisées en totalité. « Cette année, nous ne sommes pas allés faire les mesures dans la face nord de la barre des Écrins, explique Julien, à cause du risque très élevé de chute de sérac combiné au manteau neigeux encore instable. Une chute de sérac pouvant provoquer une avalanche comme cela est arrivé fin mars. Cette décision prend en compte aussi le fait que nous passons environ 6 heures dans cette face (2 heures par point de mesure) ce qui augmente l'exposition au risque. »

Mesures et carrottages sur le glacier Blanc - J. Charron - PNE Mesures et carrottages sur le glacier Blanc - J. Charron - PNE

Les bonnes accumulations relevées ne doivent pas faire oublier que la saison la plus risquée commence maintenant. Des températures caniculaires cet été pourraient ainsi tirer le bilan annuel du glacier vers le bas. Il faudra également compter sur l'impact de la couche de sable déposée les 6 et 7 février derniers dans les Alpes. « Cette couche est à environ 2 mètres sous la surface du manteau neigeux dans le bassin supérieur du glacier, nous apprend Julien. Elle devrait ressortir en juillet et à ce moment singulièrement accélérer la fonte de la neige en absorbant nettement plus le rayonnement solaire. » Pour apprendre plus sur ces dépôts de sable, les scientifiques ont profité des carottages pour prélever des échantillons de neige contenant les dépôts. Ils ont été transmis au centre d’étude de la neige (CNRM CNRS Météo-France) pour estimer les flux de sable et procéder à des analyses géochimiques.

Le Parc national tient à adresser un grand merci au PGHM et au DAG qui se sont rendus disponibles pour une dépose malgré 2 reports de date, à la FFCAM qui permet de stocker le matériel au refuge des Écrins, à Damien le gardien et à Anna son aide pour leur accueil, et à Emmanuel Thibert de l'INRAE pour les calculs et pour ses passionnantes explications sur le fonctionnement des glaciers !