Une reproduction avortée après l’éclosion...
Dans notre dernier article, nous nous réjouissions des reproductions en cours chez les trois couples et le trio du massif. Après des pontes qui se sont échelonnées entre fin décembre et mi janvier, les observateurs de la haute Romanche, du Vénéon et du Valgaudemar avaient les yeux levés vers les aires pour détecter les signes d’éclosion. « Le suivi régulier des reproductions a permis d’attester la naissance de chacun des quatre poussins, explique Yoann Bunz, chargé de mission faune au Parc national. Mais dans le Vénéon, moins d’une semaine après l’éclosion le 5 mars, les adultes ont été observés en vol ensemble sur des périodes longues et répétées, laissant le nid sans surveillance. Ce comportement indique clairement que leur reproduction a échoué. »
Si la nouvelle est un peu triste, elle n’a rien d’étonnant toutefois, sachant que « les reproductions du gypaète barbu se soldent par une réussite dans seulement la moitié des cas », confirme Yoann.
… Mais trois autres qui se poursuivent
Pour les autres gypaètes, la reproduction suit son cours et les adultes sont régulièrement observés nourrissant le jeune. Les dates d’éclosion ont été estimées ainsi : le 13 février pour le trio du Chambon (haute Romanche), le 8 mars pour le couple du Grand Clot (haute Romanche) et le 9 mars pour celui du Bourg (Valgaudemar), soit « quasiment un mois d’écart entre le premier jeune et les deux autres », constate Yoann Bunz.
Si tout se passe au mieux, on peut s’attendre à un envol des jeunes entre la mi juin pour celui du Chambon et la première quinzaine de juillet pour les autres. Affaire à suivre !
Quid de la proximité géographique entre deux aires ?
Nouvellement installé à l’automne 2024, le couple du Grand Clot a choisi pour sa reproduction une aire appelée Maison blanche, située sous le glacier de la Girose, soit à moins de 3 km à vol d’oiseau de l’aire du trio de Malaval. « À première vue, cette installation très proche peut paraître étonnante, note Yoann Bunz, surtout quand on sait que les territoires de vie et de chasse des gypaètes sont compris entre 350 et 700 km². Mais dans les faits, leurs territoires sont distincts : le couple du Grand Clot se concentre plutôt à l’est, côté Hautes-Alpes, alors que pour le trio, c’est plutôt à l’ouest, côté isérois. » Pour le chargé de mission faune, cette proximité est même « un bon signal en matière de qualité de l’habitat pour les gypaètes. On peut estimer que l’espace disponible en terme de recherche alimentaire est plus que suffisant. »
Les périmètres de protection évoluent
Au vu des récentes informations, toutes les zones de sensibilité majeure (ZSM) protégeant les aires historiques non utilisées cette année ont été désactivées le 1er mars. Seules quatre ZSM restent donc effectives (voir carte ci-dessous).
Pour le moment, la ZSM du Vénéon reste active du fait de la présence du couple dans le secteur.