Des nouvelles des gypaètes du massif

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Cette année, ce n’est pas un mais deux petits gypaètes barbus qui sont nés dans le nord des Écrins ! Une excellente nouvelle pour cette espèce protégée qui recolonise lentement ses habitats d’autrefois. Baptisés Meije et Pâquerette par les écoliers de Villar-d’Arène et de Venosc, les deux gypaétons ont pris leur envol il y a quelques semaines. Nous profitons également de cet article pour vous donner des nouvelles d’Emparis, jeune gypaète né en 2019 en haute Romanche et équipé d’une balise GPS.

Une quatrième reproduction réussie en haute Romanche

C’est du côté de la combe de Malaval (La Grave) que la situation s’est accélérée en premier. Né à la mi février, le poussin du trio « historique », présent dans la vallée depuis au moins 2016, a pris son envol le 19 juin dernier en fin de matinée. À la faveur de leur déménagement cette année plus en amont dans la combe, les parents ont donc donné naissance au premier gypaéton des Hautes-Alpes depuis la disparition de l’espèce il y a plus de 100 ans… C’est leur sixième reproduction, et la quatrième qui se solde par l’envol d’un jeune, après Muzelle (2018), Emparis (2019) et Edelweiss (2021).

Les enfants de l’école de Villar-d’Arène ont tranché : le gypaéton cuvée 2023 s’appelle Meije ! Après une animation sur le gypaète barbu par le Parc national et l’association Envergures alpines, un tirage au sort a été organisé le 6 juillet parmi la vingtaine de noms proposés par les élèves.

Animation à l'école de la Meije (Villar d'arène) © C. Coursier - PNE Animation à l'école de la Meije (Villar d'arène) © C. Coursier - PNE

Baptème du gypaéton à l'école de la Meije (Villar d'arène) © C. Coursier - PNE

Baptème de Meije en compagnie des maires de Villar-d'Arène et de La Grave... et de la mascotte de l'événement !

Un premier gypaéton pour le Vénéon

Gypaète barbu à la bosse de Chamoissière © C. Coursier - PNE Après une installation récente dans la vallée du Vénéon, il s’agit de la première reproduction réussie du couple de gypaètes qui a niché cette année au dessus de Plan du Lac (Saint-Christophe-en-Oisans). Leur petit étant né tout début mars, tous les regards étaient tournés vers l’aire début juillet pour assister à son envol… En vain, puisque le gypaéton a déployé ses ailes en toute discrétion, aux alentours du 10 juillet. Quoi qu’il en soit, le jeune multiplie désormais les allers-retours dans les environs, sous la surveillance de ses parents.

Côté isérois, ce sont les élèves de l’école de Venosc qui ont eu la responsabilité de baptiser le gypaéton le 4 juillet. Même principe qu’à Villar-d’Arène : une animation suivie d’un tirage au sort parmi les propositions des enfants. « Leur » gypaéton s’appelle Pâquerette !

Et maintenant ?

Les gypaétons resteront encore quelques semaines en compagnie de leurs parents, qui continuent à les nourrir le temps qu’ils s’aguerrissent. Puis le temps viendra de partir pour une longue période d'erratisme, typique de cette espèce et lors de laquelle les jeunes parcourent des milliers de kilomètres jusqu’à leur maturité sexuelle (généralement entre 6 et 8 ans).

Cette année, les petits n’ont pas pu être équipés de balise GPS pour suivre leurs déplacements. Du côté de Malaval, l’aire choisie était inaccessible ; côté Plan du Lac, c’est un choix délibéré pour que cette première reproduction réussie ne soit pas associée à un sentiment d’insécurité chez les parents. Pour cette même raison, le sexe des gypaétons n’est pas connu.

Le long voyage d’Emparis

Née en Oisans en 2019, Emparis a été baguée et équipée d’un GPS juste avant son envol. C’est grâce à lui que nous pouvons avoir de ses nouvelles régulièrement et et connaître ses multiples déplacements à travers les Alpes. Car Emparis est une grande voyageuse : en 4 ans, elle a quadrillé le ciel des Alpes du Verdon aux portes du Liechtenstein.

Les trajets d'Emparis depuis 2019

Déplacements d'Emparis depuis son envol jusqu'au 24 juillet 2023. Ils peuvent être suivis presque en temps réel sur https://wildlifemonitor.org/telemetry/public/Emparis

En avril 2023, son passage à proximité de Zermatt a été immortalisé par un photographe animalier. Bientôt en âge de se reproduire, nous espérons que son avenir la ramènera sur ses terres d’origine !

Emparis photographiée en avril 2023 en Suisse © S. Pollinger

La jeune gypaète Emparis en 2023

Une implication collective

La recolonisation des Écrins par le gypaète et toutes les reproductions réussies de ces dernières années sont un signe de la bonne santé de la biodiversité dans le parc national. Mais elles sont également le résultat du travail et de l’engagement de nombreux acteurs, de la réintroduction du rapace jusqu’à son suivi minutieux. Dans les Écrins, l'implication des gardes-moniteurs permet de suivre la nidification des oiseaux et de la protéger, via la mise en place de zones de sensibilité majeure qui interdisent tout survol et toute activité humaine à proximité immédiate des aires.

Les bénévoles d’Envergures alpines et les observateurs indépendants sont également des informateurs de premier ordre grâce à leur présence quasi quotidienne, hiver comme été, pendant la reproduction des gypaètes. Nous les en remercions chaleureusement !