Le Parc évalue sa charte

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Il y a 12 ans déjà, le Parc national des Écrins et les acteurs du massif adoptaient la charte du territoire. Aujourd’hui, il est temps pour eux de s’interroger sur cette feuille de route : les objectifs fixés en 2012 ont-ils été atteints ? La charte correspond-elle toujours aux ambitions du territoire ? Répond-elle aux défis actuels du massif ? Suite à cette évaluation, le conseil d’administration du Parc décidera en novembre de conserver la charte ou de la réviser.

Plateau de Saint-Anne à Chaillol © Marc Corail - PNE La charte, un projet collectif pour le territoire

Issue du travail commun entre le Parc national, les communes et les acteurs du territoire, la charte du parc a été approuvée en 2012 et 90 % des communes y ont adhéré. Ce document a fixé pour 15 ans des objectifs pour le cœur du parc (pour sa protection) et des orientations pour l’aire d’adhésion (pour son développement, sa valorisation et la gestion des ressources). La charte arrivant à échéance en 2027, le Parc national a débuté son évaluation en 2023.

La charte depuis 2012 en un coup d’œil

Évaluer l’utilité et l’efficacité de la charte

L'étagne "Lucile" et son cabri © Cyril Coursier - PNE L’évaluation finale de la charte consiste à dresser le bilan de toutes les actions menées depuis 12 ans par le Parc et ses partenaires. En 2023, un premier travail ciblé a permis d’analyser les effets de la charte en matière de pastoralisme, de ressource en eau (et ses usages) et d’activités de pleine nature, trois domaines qui ont beaucoup évolué depuis 2012. L’évaluation s’est poursuivie pendant l‘été 2024 avec des entretiens, une enquête et des ateliers dans les vallées auprès des acteurs du territoire (communes, socioprofessionnels, intercommunalités, associations…). Leur but : s’assurer que la charte remplit bien ses fonctions de protection de la nature, de développement harmonieux, etc.

Pour compléter l’évaluation finale, le Parc peut compter sur le suivi continu qu’il met en place depuis 10 ans, sur les bilans de la charte dressés tous les 3 ans et sur une évaluation intermédiaire réalisée en 2019.

Grâce à tous ces éléments, un rapport final est en cours de rédaction par un cabinet de conseil qui appuie le Parc national dans l’évaluation finale de la charte. C’est sur ce document que s’appuiera le conseil d’administration du Parc pour décider de conserver ou réviser la charte du parc en novembre prochain.

Qu’est-ce qui est évalué concrètement ?

Le glacier Blanc et la barre des Écrins © Thierry Maillet - PNE Pour mesurer l’utilité et l’efficacité de la charte, des indicateurs ont été définis en 2012 et sont suivi annuellement depuis. La conservation des valeurs naturelles, c’est-à-dire des espèces et des milieux, en fait partie. Dans ce domaine, l’action du Parc depuis une dizaine d’années a porté ses fruits, et les objectifs de préservation fixés en 2012 ont été atteints. Toutefois, le suivi de ces indicateurs a permis de montrer l’impact du changement climatique sur certains milieux et espèces fragiles : les glaciers, les lacs, le lagopède alpin et certains oiseaux communs.

Autre exemple d’indicateurs suivis, les services écosystémiques sont toutes les ressources naturelles utilisées par l’homme pour créer des activités sur le territoire, comme les sites majeurs (pré de Madame Carle, Gioberney, col du Lautaret…), le bocage, le pastoralisme, les terrasses de La Grave ou les activités de pleine nature. Il s’agit d’évaluer si on arrive à utiliser ces ressources sans les dégrader. Là aussi, le bilan est plutôt positif, malgré les mêmes alertes de fragilité liées au changement climatique.

La préservation des valeurs culturelles dans les Écrins est un dernier exemple d’indicateurs de suivi de la charte. Dans ce domaine, le bilan est bon : rayonnement des parutions scientifiques issues de travaux dans le parc, efficacité des actions d’éducation à l’environnement...

Tétras lyre en parade à l'aube © Mireille Coulon - PNE

La Liste verte de l’UICN, autre enjeu à venir

Le suivi des indicateurs de la charte sera également un outil précieux pour un autre projet du Parc national : le renouvellement de son label Liste verte, attribué par l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) en 2019. Ce label international vise à reconnaître à travers le monde, des aires protégées qui sont gérées équitablement et efficacement, avec des impacts positifs sur la nature et les sociétés.

Une rencontre avec les rapporteurs de l’IUCN est prévue au printemps prochain dans le Champsaur, avec des visites de terrain et des échanges avec les élus et socio-professionnels locaux.

Pour aller plus loin

Retrouvez tous les bilans et évaluations sur la page Les docs de la charte