Des pierres et des gestes dans l'Embrunais

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Les chantiers de formation à la pierre sèche se sont poursuivis cet été pour la troisième année : à Réallon, sur un mur de soutènement en bordure d'un sentier et pour la dernière phase de restauration d'une ancienne cabane de berger sur l'alpage de l'Hivernet.

Chantier formation restauration muret Reallon - août 2018 - © S. Raymond - Parc national des Ecrins Pour la troisième année consécutive, un groupe d'apprentis murailleurs, dont certains déjà bien aguerris, a participé à des travaux de restauration sur les terrasses de Réallon et sur l'abri de l'alpage de l'Hivernet.

Pendant trois jours, du 9 au 11 août, un stage "pierre sèche" était proposé à tous, initié par l’Association de Sauvegarde du Patrimoine Réallonnais, financé par le Parc des Ecrins et encadré par Le Gabion.
Le formateur, Louis Cagin, alias Loys Ginoul, intervient depuis 2016 pour transmettre les gestes d'un savoir-faire intégré dans les paysages. 

Chantier formation restauration muret Reallon - août 2018 - © S. Raymond - Parc national des Ecrins Chantier formation restauration muret Reallon - août 2018 - © S. Raymond - Parc national des Ecrins
Au programme cette année, la restauration de trois brèches dans le soutènement surplombant l’ancien chemin d’accès à Réallon. Ces trois brèches étaient dues à l’affaissement en parement d’une ou plusieurs pierres de fondation sous le poids du mur chargé par la poussée des terres, initiant sur toute la hauteur un ventre, puis un effondrement. Une petite équipe intergénérationnelle s'est mobilisée sur le chantier.

Chantier formation restauration muret Reallon - avant restauration - août 2018 - © S. Raymond - Parc national des Ecrins
Avant restauration

Chantier formation restauration muret Reallon - août 2018 - © S. Raymond - Parc national des Ecrins Malgré une première journée passée à demi sous des trombes d'eau, la bonne humeur et la motivation étaient bien présentes.

Ouvert à tous dans une démarche d’auto-construction pour permettre à chacun de restaurer ou comprendre ses propres murs, ce type de formation par l'action permet un transfert de compétences et favorise le respect de la dimension patrimoniale et écologique de ce type d'ouvrage.

Chantier formation restauration muret Reallon - août 2018 - © S. Raymond - Parc national des Ecrins Comprendre le profil local des murs, apprendre à démonter un ouvrage en vue de sa restauration, décider quelles pierres sont à enlever, celles qui sont à garder... Pour cela, rien ne vaut la confrontation au réel.

Le formateur est un spécialiste de la pierre sèche mais aussi conscient de l'importance écologique du milieu naturel, respectant jusqu'aux strates du sol dont il s'agit de ne pas mélanger les différentes couches !

L'hivernet, dernière phase de travaux

Abri Hivernet - chantier 2018 - photos L.Ginoul et S.Raymond

Abri Hivernet - chantier 2018 - photos L.Ginoul et S.Raymond Du côté d'Embrun, sur l'alpage de l'hivernet, ils étaient une douzaine d'ouvriers bénévoles réunis sur un week-end de juillet pour la troisième phase de travaux et l'achèvement de la restauration de l'abri de berger : des personnels du Parc des Ecrins, du Gabion et des membres de la formation d'ouvrier professionnel en restauration du Patrimoine (OPRP) ainsi que Loys Ginoul, pour l’association "Une pierre sur l’autre" (*).

Lors de ces deux journées, ils ont achevé la couverture en lauzes. "Le stock de lauzes disponibles n’étant pas suffisant nous avons cherché alentours et avons exploré la falaise. Certains de ses lits étaient composés de lauzes identiques à celles utilisées initialement pour la cabane" explique Loys Ginoul.
"Cette recherche nous a permis de répondre à la question de l’origine des pierres de la cabane et de confirmer qu’elles semblent bien issues des différentes couches géologiques découvertes par la coupe de la falaise. Idem pour le linteau millésimé de 1617 qui a donc dû être choisi, taillé et travaillé sur place".

Abri Hivernet - chantier 2018 - photos L.Ginoul et S.Raymond

Les pierres brutes ont nécessité un travail de reprise pour devenir des lauzes appareillables. 

"Lors de la première restauration nous avions essayé de poser les lauzes selon des lits réguliers dessinant des lignes parallèles, il nous est vite apparu que cette méthode impliquait un besoin disproportionné de pierres. Nous avons donc depuis posé les lauzes en nous adaptant à leur forme propre ce qui nous a amené à les placer « en losange » pour faciliter les recouvrements et ce qui a donné l’aspect final irrégulier de la couverture".

Abri Hivernet - chantier 2018 - photos L.Ginoul et S.Raymond

(*) Les participants au chantier de l'Hivernet : Laurent Limousin (Le Gabion) et des stagiaires de la formation OPRP : Samuel Dautheville, Claire Hilairet, Benoît Mazière, Mattéo Pellegrino, Aurore Renaud, Jean-Philippe Roux, Cloé Verwaerde ; Loys Ginoul pour l’association « Une pierre sur l’autre » ; Sandrine Raymond, Laurent Ripert, Dave Lavictoire pour le Parc national des Ecrins.

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