Un milieu marqué par le changement climatique et l’intervention humaine
Le lac de la Muzelle, écosystème sensible en constante évolution, subit les effets du changement climatique : augmentation de la température des eaux du lac, diminution de la période d’englacement, modification de la production biologique du lac… Tous ces changements ne sont pas sans effet sur la vie aquatique et en particulier sur les poissons.
Comme dans tous les lacs d’altitude, les poissons ont été introduits par l’homme, d’abord pour apporter une source de nourriture aux bergers, puis pour soutenir l’activité de pêche de loisir. Dans le cas du lac de la Muzelle, sa situation dans le cœur du parc national des Écrins et les résultats des différents travaux dont son peuplement piscicole a fait l’objet (Cavalli, 1997) ont amené le gestionnaire halieutique (AAPPMA « Union des pêcheurs de Grenoble ») à stopper les déversements de poissons depuis 1996. Le dernier inventaire piscicole date de 1994. Les différentes sources de connaissance indiquent que ce peuplement ne serait actuellement composé que de 2 espèces de poissons, la truite fario (Salmo trutta) et l’omble chevalier (Salvelinus alpinus).
Objectif : dresser un état des lieux de la faune piscicole
L’étude des peuplements piscicoles permet d’obtenir des informations sur l’état fonctionnel de l’écosystème lacustre, en relation avec ses conditions environnementales actuelles (température, O2 dissous).
La mise en œuvre d’un protocole d’échantillonnage standardisé de la faune piscicole a été retenue dans le but de pouvoir mesurer une évolution future et effectuer des comparaisons entre différents lacs. Toutes les strates de profondeur du lac ont ainsi été échantillonnées. Chaque poisson capturé fait l’objet de mesures biométriques. On peut ainsi connaître aussi bien la distribution spatiale des espèces présentes, les cohortes d’âge en présence, leur régime alimentaire et conditions de croissance...
Une reproduction naturelle avérée
Au final, 76 ombles et 12 truites ont pu être capturés et plusieurs classes d’âge sont présentes, ce qui permet d’attester d’une reproduction naturelle. Malgré un effort d’échantillonnage supplémentaire conséquent, la présence du vairon n’a pu être confirmée à l’occasion de cette campagne d’échantillonnage. Les inventaires par pêche électrique (affluents et littoral lacustre) ont permis de trouver quelques juvéniles de truite et d’omble.
En parallèle, de nombreux prélèvements d’invertébrés (en cours de détermination) en zone littorale du lac et dans les affluents et émissaire, permettront d’enrichir la connaissance sur la biodiversité aquatique de ce bassin versant, par ailleurs ausculté en permanence car inscrit dans le réseau des Lacs Sentinelles.
Ce type d’opération n’aurait pu voir le jour sans l’étroite collaboration des services locaux de l’OFB et du Parc national des Écrins (service scientifique, gardes et ouvriers du secteur de l’Oisans) mais aussi celle des bergers et des gestionnaires du refuge, usagers du vallon de la Muzelle.