Confidences sur l'oreiller...

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Les Androsaces dévoilent quelques-uns des secrets de leur histoire évolutive, liés notamment à leur forme en coussin.

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La prestigieuse revue Evolution publie en avril 2012 des résultats obtenus par le laboratoire d'Ecologie Alpine (LECA, Grenoble), en collaboration avec la Station alpine Joseph Fourier (Grenoble/Lautaret).

2012-04-couv-publicationLes androsaces sont des plantes de la famille des Primulacées (famille des primevères). Elles comptent une centaine d'espèces distribuées dans l'hémisphère nord, dans les zones tempérées et froides. Certaines espèces sont des plantes annuelles (qui germent, poussent, fleurissent et produisent des graines en une année avant de mourir), d'autres sont vivaces, en forme de rosette ou de coussin. De nombreuses espèces sont emblématiques des hautes montagnes, en particulier dans les Alpes et dans l'Himalaya. L'androsace helvétique (Androsace helvetica), en couverture de la revue, en est un exemple emblématique. Elle colonise ici les crêtes schisteuses du Galibier, à 2700 m d'altitude. Sa forme en coussin est une adaptation qui permet de limiter les pertes de chaleur (et d'eau) et de résister à l'emprise des vents.

Quel rôle a joué cette forme en coussin dans la colonisation par les Androsaces des habitats les plus extrêmes de haute montagne ? Cette forme en coussin est-elle ancestrale ou bien a-t-elle été acquise récemment en lien avec la colonisation des reliefs ?

En étudiant les séquences génétiques de nombreuses espèces, Florian Boucher (doctorant au LECA) et ses collaborateurs ont montré que les androsaces ancestrales étaient probablement des plantes annuelles asiatiques qui ont colonisé l'Europe il y a environ 15 millions d'années. En relation avec la surrection des massifs himalayens et alpins, la forme en coussin a été acquise à deux reprises et de façon indépendante. Cette remarquable convergence d'adaptation a ainsi conféré un avantage évolutif permettant aux Androsaces de coloniser des milieux froids en haute altitude.

Une étude plus large est en cours avec les centaines d'espèces en coussins qui colonisent les milieux froids de la planète et qui appartiennent à plusieurs dizaines de familles botaniques.

Le Parc national des Écrins et le LECA travaillent ensemble pour comprendre l'histoire des plantes d'altitude et comment elles ont affronté les glaciations.

Télécharger la publication : sur le site de la station alpine

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