Christian Pichoud
Président du Conseil d'administration du Parc national des Écrins
« La concertation menée autour du projet de charte donne un nouvel élan au partenariat actif et entretenu de longue date entre le Parc national, les communes et les acteurs du territoire.
La réglementation dans le coeur du parc est quasiment celle que l'on connaît depuis 35 ans. Pour l'aire d'adhésion, pas plus que dans le passé, le Parc national ne dispose d'un pouvoir réglementaire spécifique.
Qu'y a-t-il de nouveau alors ? Cette charte justement.
Pour le coeur du parc, elle fixe des objectifs de gestion à promouvoir auprès des acteurs économiques et des pratiquants d'activités de loisirs.
Pour l'aire d'adhésion, elle détaille les orientations que les communes, l'établissement public du parc et leurs partenaires se donnent pour les 15 ans à venir, en s'appuyant notamment sur l'agriculture et le tourisme qui permettent aujourd'hui un développement économique.
Il s'agit d'un projet dans lequel tous les habitants des Écrins doivent pouvoir retrouver les ambitions partagées en termes de culture, de cadre de vie, de respect des ressources et des patrimoines, de valorisation des savoir-faire, de l'accueil du public et de la découverte du massif exceptionnel dont nous avons la responsabilité. »
"Nous sommes dans la continuité"
« En deux ans et demi, nous avons organisé plus de 400 réunions de travail sur la charte, dont près de la moitié avec les communes et leurs groupements. Environ 180 réunions thématiques ont également eu lieu sur les divers thèmes à enjeu, avec les associations, les socio-professionnels et bien d'autres partenaires. A cela s'ajoutent les réunions des instances (Conseil d'administration, CESC, Conseil scientifique) et du comité de pilotage de la charte. Mais au delà de ces chiffres, je dois vous dire que ce qui m'importe le plus, c'est la satisfaction d'entendre que les acteurs du territoire qui souhaitaient s'exprimer ont le sentiment d'avoir été écoutés.
Pendant ces deux années de travail, l'établissement et ses partenaires ont intensifié les collaborations et multiplié les réalisations concrètes. Nous sommes dans la continuité. Le temps est venu d'amplifier ce volet opérationnel de la charte. La construction du programme d'actions pluriannuel est d'ores et déjà engagée. La charte a franchi une étape importante et le projet de territoire est en marche. »
Télécharger le journal du Parc du printemps 2011 avec un dossier consacré au projet : L'écho des Écrins n°34 (1.62 MB)
UN CADRE DE VIE DE QUALITÉ ET UNE CULTURE COMMUNE
Xavier Cret, Maire de Villar d'Arène (Briançonnais) et conseiller général des Hautes-Alpes
«Dans le cadre des projets d'aménagement de village qui ont une dimension patrimoniale, le Parc joue un rôle d'expertise essentiel, complété par des aides à la réalisation sous la forme de subventions.
Cette ingéniérie est une plus-value certaine qui légitime les projets auprès des financeurs potentiels.
La charte affirme le maintien et le renforcement de cette mission d''accompagnement. C'est un aspect majeur pour les communes qui vont décider de faire partie de l'aire d'adhésion du Parc. L'enjeu sera donc de mettre en phase cette volonté avec des lignes budgétaires suffisantes. Les acteurs de la charte y seront particulièrement attentifs.
Pour moi, cela a vraiment du sens d'avoir des villages et du patrimoine restaurés et vivants. C'est essentiel aussi pour donner au Parc l'image d'un territoire dynamique dans lequel les habitants se retrouvent. C'est comme cela qu'ils peuvent aussi s'approprier l'institution «parc». Pour les visiteurs, la préservation du patrimoine architectural est également un atout. Là encore, le Parc apporte un regard qui est un élément de vigilance. Ce n'est pas un frein mais au contraire un argument supplémentaire pour préserver notre cadre de vie et d'accueil.»
Bernard Héritier, Maire de Valjouffrey (Valbonnais), président de l'association des élus du Parc national des Écrins
«Nous avons beaucoup travaillé avec les communes et je pense que l'on n'a rien oublié de ce qui nous semble important pour nos villages.
Nous avons particulièrement insisté sur l'amélioration de notre cadre de vie, l'embellissement général de nos vallées et de nos villages. En zone d'adhésion, il n'y a pas de coercition. La charte rassemble des volontés, des préconisations. On se met d'accord sur nos champs de compétences et on voit les moyens que l'on peut mettre en commun.
Ce qui intéresse l'association des élus du Parc, c'est l'implication du Parc dans l'aménagement de nos villages, sur le plan paysager, pour la préservation de notre "petit" patrimoine. L'intérêt, c'est de valoriser ce qui peut nous différencier d'un autre territoire. En terme de développement économique, ça passe par le maintien et le renforcement d'un tourisme doux tout en tenant compte des stations situées dans la zone d'adhésion et du bassin d'emploi qu'elles représentent.
L'accompagnement d'un développement harmonieux pour notre territoire, c'est ce que l'on attend. Il faudra pour cela que le Parc dispose des moyens suffisants, humains et financiers, pour mener à bien ce travail collaboratif. C'est notre crainte, dans le contexte général de restrictions des moyens. Ce sera déterminant pour que les phrases de la charte soient suivies d'actions.»
Joël Giraud, Député-Maire de l'Argentière-la-Bessée, Président du Comité de massif des Alpes
« L'élaboration de la charte du Parc a été l'occasion d'un exercice sans précédent au service du territoire. Une opportunité véritable de conduire, dans la durée, un dialogue ouvert avec tous les acteurs du territoire : élus bien sûr, mais aussi socio-professionnels et représentants du monde associatif ainsi que montagnards des différentes vallées.
Tous les participants, au cours de ces nombreux rendez-vous, ont bien entendu discuté les contenus avec conviction, mais toujours dans un sentiment très fort d'appartenance et d'adhésion à une culture commune autour des richesses patrimoniales du territoire.
Le diagnostic partagé fait de la charte un projet de territoire ambitieux dont les programmes annuels d'actions successifs traduiront les engagements exprimés.
La charte correspond effectivement à la prise en compte et en main par les habitants de ce qui était hier encore perçu comme un objet d'état mal identifié. »
Gérald Martinez, Maire de Saint-Léger-les-Mélèzes (Champsaur)
« Sur les questions d'urbanisme, c'est important que l'on puisse avoir le Parc pour nous accompagner, donner des conseils... C'est un atout pour une commune de pouvoir s'appuyer sur tous les services de l'État, surtout quand les agents sont impliqués et intégrés dans nos vallées. En ce sens, pour moi, les agents du Parc sont des agents de développement du territoire parce qu'ils y habitent, que leurs enfants y vont à l'école... Ils savent composer, faire valoir la vision du Parc mais ils sont en phase avec la réalité du terrain.
Dans la charte, on parle de cadre de vie. Mettre en valeur le patrimoine, le Parc sait le faire. Mais il ne faut pas tout figer. La nature évolue, ce n'est pas un musée. Quand on met en place des actions pour entretenir un patrimoine, il faut que ce soit lié à une activité économique.
Gérer la publicité et l'information, c'est indispensable. On a demandé à ce qu'il y ait une harmonisation de la signalétique pour que les gens qui viennent sachent où ils sont et qu'ils sachent que le Parc est à proximité.
Pour la circulation de véhicule à moteur, c'est simple : il y a les voies ouvertes à la circulation et celles qui ne le sont pas. La charte ne change rien à ce que l'on doit faire et organiser. Pour moi, c'est surtout une question de dialogue mais aussi d'éducation, de savoir-vivre.
Les élus du conseil d'administration se sont impliqués dans la construction de la charte. Les discussions ont eu lieu. Maintenant, il va falloir bien retranscrire tout cela pour lever les craintes et emporter l'adhésion. »
L'ACCUEIL DU PUBLIC ET LA DÉCOUVERTE DU TERRITOIRE
Thierry Hours Directeur du réseau Gîtes de France - Hautes-Alpes
« Avec la charte, nous sommes sur des axes pérennes de travail avec le Parc national. On peut citer la valorisation du bâti patrimonial sur lequel nous avons déjà travaillé, essentielle si l'on veut favoriser un tourisme qui a une âme, qui puise dans les ressources du territoire.
On s'est notamment appuyé sur ces réflexions pour créer la certification des écogîtes, depuis 2007. C'est une formule qui rencontre beaucoup de succès dans les Hautes-Alpes, notamment dans les Écrins mais aussi dans l'Isère. Cela répond à une écoute de la clientièle. C'est aussi le cas du label des gites Panda, porté par le WWF dans les parcs naturels et récemment lancé dans les Écrins. Il s'intéresse plus fortement à la relation au territoire et à la biodiversité.
La relation humaine, mise en avant dans le projet de charte, est aussi le point fort de nos petites structures. On est accueilli par des gens du pays qui partagent, conseillent... C'est une mise en relation avec le territoire qui valorise l'image du parc national ».
Claudine Peyron, Maire de Réallon (Embrunais)
« Avec la charte, on est autour de la table. C'est le point positif. Même si parfois les discussions sont ardues, on se sent acteurs.
Quand on arrive dans la station, on doit sentir que l'on est dans un parc national. La signalétique, les sentiers, la valorisation du patrimoine naturel, c'est intéressant pour les gens qui viennent, en été comme un hiver. Ils viennent parce que l'on est dans un espace privilégié. Il ne faut pas faire n'importe quoi, être attentif à l'architecture de nos villages, proposer des hébergements et une restauration de qualité et surtout, faire en sorte que les gens se sentent accueillis, qu'il se passe quelque chose.
Le produit est là. Il n'est viable économiquement que si tous les partenaires sont impliqués.
Si je veux utiliser le label du parc, il faut que ce que les gens trouvent en arrivant corresponde à cette image. On est dans une logique. On écoute le rendu des études d'impact... Quand on a restructuré la station, il y a trois ans, on a associé le Parc. Une station de sports d'hiver n'a pas toujours une bonne image mais c'est un produit économique avec des emplois à la clef.
On a enlevé des téléskis par exemple et on dépense moins d'électricité. On propose une piste de luge naturelle et, en été, on redonne ses droits à la nature.
Pas tout le monde peut aller marcher en montagne. Les remontées mécaniques permettent d'accéder au panorama sur le massif des Écrins et sur le lac de Serre-Ponçon, c'est exceptionnel. Depuis la vallée, les villages et la station, on accompagne vers le coeur du parc dans le respect de l'environnement. C'est un cheminement.»
Abdou Martin, Président de la compagnie des guides Oisans-écrins
«La haute-montagne est prise en compte de façon affirmée. Nous avons été présents tout au long des discussions qui ont lieu dans le cadre de la charte et progressivement, cela permet une compréhension mutuelle. J'ai vraiment l'impression que la charte tient compte des préoccupations des acteurs du territoire dont les guides font partie. J'espère que la mouture finale restera fidèle aux objectifs que nous avons proposés lors des contributions.
Quand on échange, on voit bien que les problématiques se ressemblent et les liens se resserrent. C'est ce que l'on a vécu aussi avec la convention escalade qui continue d'évoluer. Pour l'équipement de nouvelles voies, sur la manière de le faire, c'est de l'ordre de l'éthique et finalement, les décisions se prennent de façon relativement unanime.
Ce que l'on a engagé en terme de pédagogie pour faire connaître la haute-montagne aux jeunes est important aussi. On a commencé avec le collège de Bourg d'Oisans. Il y a eu des interventions du Parc et la prochaine étape sera une nuit en refuge et une demi-journée de marche sur glacier. C'est un projet qui rassemble les guides, les accompagnateurs, les gardiens de refuge et le Parc. D'autres collèges pourraient ensuite être intéressés.»
Marc Lassalle, Fédération française de vol libre (FFVL), chargé de coordonner les relations avec les parcs nationaux dans le cadre des projets de charte.
«L'expérience des Écrins est exemplaire. On s'appuie sur la convention passée en 1999 avec ce parc national pour montrer qu'il est possible de concilier nos pratiques et la protection du milieu naturel. Le processus de la charte a réactivé les discussions.
Une nouvelle convention «vol libre» s'appuiera sur la réglementation issue de la charte. Le principe est de se mettre d'accord sur des zones autorisant les décollages et atterrissages toute l'année et d'autres au-dessus desquelles le survol reste cantonné au-dessus de 1000 mètres du sol, en hiver et au printemps.
Nous sommes d'accord avec cela. Jamais nous n'avons revendiqué de voler partout, tout le temps. Ces échanges permettent de mieux se connaître et de se mettre d'accord sur des règles de bonne conduite qui concernent aussi l'aire d'adhésion.
Les interventions d'agents du parc national dans les rassemblements de pratiquants, la formation des formateurs et des cadres de la fédération sont aussi des aspects importants.»
PRÉSERVER LES RESSOURCES, LES PATRIMOINES, LES SAVOIR-FAIRE ET...
Jean-Claude Dou, Maire de Puy-Saint-Eusèbe et président du Mandement Forestier de Savines
«La Charte du Parc national des Écrins est un travail considérable, nécessaire, vital, entamé voila près de 3 ans.
Pour ma part, je souhaite affirmer d'une manière indéfectible ma conviction que demain nous devrons évoluer, vivre et nous épanouir dans un environnement équilibré. La gestion des espèces est indissociable des préoccupations liées à la gestion des milieux naturels qui les hébergent. C'est ce à quoi nous nous attachons dans les comités de pilotage des sites Natura 2000 tout comme dans les instances de gestion des forêts.
Le travail en réseau, le dialogue et la concertation sont essentiels, notamment pour la rédaction des plans d'aménagement et de gestion forestiers. Nous nous appuyons sur l'analyse nous permettant d'associer au maintien de la biodiversité la nécessaire approche économique (vente de bois). L'engagement dans des processus de certification de type «bois des Alpes» en fait partie.
La gestion de la ressource énergétique renouvelable, l'accueil du public et la protection contre les risques naturels sont d'autres fonctions à prendre compte. Notre forêt est déjà tout cela mais elle a besoin d'être reconnue... comme telle. Le projet de charte l'a complètement intégrée. Je ne peux que m'en féliciter.»
Daniel Thonon, Ligue pour la protection des oiseaux, administrateur du Parc national des écrins, représentant des associations de protection de la nature de l'Isère
«La démarche qui consiste à impliquer les acteurs locaux pour que tout le monde se comprenne et tente de se mettre d'accord, c'est intéressant même si ça prend du temps. On progresse et on arrive à trouver des compromis acceptables qui ne sont pas remis en cause.
La complexité des différentes lois et réglementations (Loi montagne, Loi sur l'eau, Grenelle de l'environnement, Natura 2000,...) rend aussi les discussions plus difficiles car le rôle de la charte par rapport à ces textes n'est pas toujours clair. Des explications à ce sujet ont déjà été apportées et le travail doit se poursuivre dans ce sens.
Le coeur, avec sa réglementation, est bien intégré dans les esprits. C'est un acquis et c'est déjà un aspect positif. Personne ne le remet en cause ou bien seulement à la marge.
Pour les zones Natura 2000 hors coeur, c'est moins évident actuellement. Pour la zone d'adhésion, c'est plus difficile. Je regrette que les enjeux de développement durable (économies d'énergie, transports...) et d'environnement ne soient pas plus affirmés.
On a beaucoup parlé de tourisme, la culture et l'architecture sont bien pris en compte, l'agriculture aussi mais finalement les questions d'environnement ne le sont pas autant. C'est comme si on avait déjà assez donné avec le coeur. Ce ne sont souvent que quelques velléités et c'est dommage pour un projet à 15 ans.»
Bernard Fanti, Président de la fédération de pêche des Hautes-Alpes
«Nous avons été acteurs, d'une manière volontaire et constructive, dans la rédaction de ce projet de charte qui, à ce jour, nous satisfait. Nous partageons, avec le Parc national des Écrins, les mêmes préoccupations de gestion raisonnée de ce territoire ; études communes hydro-biologiques des lacs d'altitude, suivi des peuplements aquatiques, plans de gestion..
Dans les Hautes-Alpes, huit lacs seulement, sur la centaine située au coeur du parc national, sont concernés par la pratique halieutique dont l'histoire est ancienne et patrimoniale.
Une gestion spécifique est adaptée à chacun de ces lacs, en fonction de leurs caractéristiques physiques et biologiques propres. Pour les cours d'eau, situés dans le coeur, nous avons adopté une gestion patrimoniale des peuplements piscicoles.
En aire d'adhésion comme dans le reste du département, nous gérons les lacs selon un principe identique.
Nos pratiques halieutiques intègrent la préservation des espèces autochtones. La pêche est une activité traditionnelle pratiquée par les habitants, les vacanciers qui demande à être mise en valeur.
Dans la nouvelle charte, la gestion de la pêche est compatible avec notre mission et nos objectifs de protection et de valorisation du milieu naturel.
Elle constituera un outil supplémentaire pour mener, en collaboration avec le Parc, des actions de réhabilitation des milieux aquatiques, pour contribuer au «bon état écologique» des masses d'eau de son territoire.»
Pierre Martin, Président de la société de Chasse de Saint-Michel de Chaillol
«La charte est une occasion supplémentaire de travailler ensemble. C'est le point positif qu'il faut développer.
Concernant les populations de chamois par exemple, dès lors que l'on a abandonné les grands comptages, il est important de mettre en oeuvre de nouveaux modes de suivis.
Nous avons déjà eu l'occasion de montrer ce que l'on peut réaliser en concertation notamment pour la gestion des galliformes de montagne, en particulier le tétras lyre. Tous les partenaires (la fédération de la chasse et la société locale, le Parc national, les agriculteurs, l'ONF...) se sont intéressés aux contraintes des autres et tout le monde s'y retrouve. Ce travail que nous avons mené à Chaillol a été reconnu par des instances nationales et nous allons continuer dans ce sens. C'est un bon exemple de ce qu'il est possible de faire.
Mon inquiétude aujourd'hui, et c'est un souci croissant, concerne la prolifération de certaines espèces qui peuvent causer des dégâts sur des patrimoines que l'on cherche par ailleurs à préserver (prés de fauche, murets...). Je pense en particulier au sanglier qui, dans certaines zones, devient un vrai problème. De mon point de vue, on ne fera pas l'économie d'une réflexion qui concerne aussi la zone du coeur même si la réglementation actuelle ne permet pas d'intervenir. Toutes les discussions sont et seront utiles pour mieux se comprendre sur ces préoccupations.»
... UNE AGRICULTURE VIVANTE ET DE QUALITÉ
Roland Jacob, Agriculteur et adjoint au maire à La Grave
«Cette charte dit des choses avec lesquelles on est d'accord. En conseil municipal, on y a travaillé et on a fait des propositions. Le problème de la charte, c'est sa lisibilité et cela peut être un frein pour l'adhésion du plus grand nombre. C'est une question de langage. Il y aura une version plus lisible et plus synthétique mais la difficulté restera de faire référence à un texte long et peu accessible.
Du point de vue communal, on a apprécié plusieurs fois l'appui du Parc sur des dossiers d'architecture, d'aménagements pour ses conseils techniques et pour son regard sur le petit patrimoine et sa sensibilité à la culture locale. Bien évidemment, on veut continuer à travailler comme cela dans le cadre de la charte... mais on constate déjà que les restrictions budgétaires touchent aussi le Parc.
Dans le domaine agricole, on sait que l'on peut travailler avec le Parc. Par exemple, pour le problème des campagnols, dès le début, le parc a eu une oreille attentive. Son appui a été important pour l'observation «scientifique» du phénomène, sa cartographie, pour aller voir ce qui se fait ailleurs, rechercher des solutions, les discuter et les mettre en oeuvre. Maintenant, ce fléau est pris en compte plus largement, au niveau de la communauté de communes.
Les questions d'agriculture sont abordées dans la charte : le maintien des prés de fauche, les circuits courts, les aides dans le cadre des mesures agri-environnementales... Bien sûr, on est d'accord avec tout cela. Sur le fait de conserver les terres agricoles actuelles, c'est toujours bien de l'écrire mais je crains que ce soit un voeu pieux. Au moment de faire un nouveau PLU, on sait que ce n'est pas si simple... et on constate que les meilleures terres, celles situées à proximité des villages, servent toujours au développement des communes. »
Jean-Pierre Legeard, Directeur du Centre d'études et de réalisations pastorales Alpes-Méditerranée (CERPAM)
«Dans les grandes lignes, la charte confirme toute une série de relations déjà anciennes entre les activités pastorales et le Parc national. La charte a le mérite de porter véritablement ce partenariat.
Les activités qui se déroulent sur le territoire du parc national sont appelées à participer à ce projet commun. C'est une proposition de contrat qui a été co-construit et dans lequel la partie «pastoralisme» a toute sa place. L'ensemble des mesures et projets développés y sont repris, que ce soit pour l'amélioration des équipements en alpages ou la prise en compte des enjeux environnementaux en lien avec les pratiques pastorales. Les orientations et mesures abordées dans la charte ne s'arrêtent pas aux éleveurs du seul territoire du Parc. C'est un aspect très important. Elles intègrent également les transhumants qui viennent des Hautes-Alpes, de l'Isère et plus largement de la région.
Cette interdépendance entre les différents types d'espaces doit être prise en compte pour accompagner le fonctionnement des exploitations et celui des alpages. C'est ce que nous faisons avec le programme «Alpages sentinelles». Dans les dispositifs d'État concernant les dommages liés aux grands prédateurs, le Parc est l'un des intervenants pour la reconnaissance des dégâts.»
Alain Haret, Agriculteur en Isère, personnalité qualifiée au Conseil d'administration du Parc national des Écrins
«Les difficultés de l'agriculture ne sont pas spécifiques aux Écrins. Un parc national peut les atténuer, c'est en tout cas ce que j'espère. En terme d'urbanisme, on doit pouvoir faire des choix sur la vocation principale de certains espaces. Il me semble que c'est possible au moins à l'échelle d'un SCOT (schéma de cohérence territoriale). Pour un PLU, ce sera plus difficile. En montagne, comme ailleurs, on étale l'urbanisme sans se poser la question d'économiser la terre. C'est inquiétant pour l'agriculture... et on ne pèse pas très lourd.
Dans un système d'exploitation, on ne peut pas faire l'impasse sur le problème du foncier. Le parc a les capacités de faire des projections, de montrer le danger et d'aider à anticiper. C'est ce que l'on essaie de faire avec les alpages sentinelles. Les réseaux et les techniciens du Parc, son conseil scientifique, il ne faut pas s'en priver.
Même à l'échelle de la PAC (Politique agricole commune), il faut faire reconnaître le service rendu par l'agriculture en haute montagne et faire valoir cette spécificité. Cela a une valeur marchande. Les terrasses de La Grave sont un véritable enjeu patrimonial (paysage, biodiversité...) mais l'entretien de ces espaces a un coût très lourd. Le Parc national peut mettre en avant cette haute valeur environnementale et mobiliser tous les partenaires en ce sens. C'est la même chose pour l'installation de nouveaux agriculteurs, il faut une volonté et un investissement collectif.
Un autre aspect important dont on a peut-être pas encore bien pris la mesure, c'est la valeur ajoutée que peut apporter l'image du parc national pour identifier les produits au territoire dans des circuits courts et des filières de proximité. Il ne faut pas faire n'importe quoi mais il y a des solutions à trouver en associant le réseau des chambres d'agriculture et les Parcs sur leurs intérêts communs.»
Calendrier, prochaines étapes pour la charte
> 25 mai 2011 : le conseil d'administration se prononce sur le dossier à présenter à l'enquête publique
> Été 2011 : consultation institutionnelle des communes, des partenaires et des instances nationales
> Automne 2011 : enquête publique
> 2012 : instruction nationale : Conseil national de protection de la nature, Comité interministériel des parcs nationaux, Conseil d'État
> Fin 2012 ou au tout début de l'année 2013 : les communes seront appelées à se prononcer sur leur adhésion à la charte
L'Écho des Écrins n° 34 est paru au début du mois de juin. Il évoque les grandes lignes des principales orientations pour l'aire optimale d'adhésion et reprend les paroles des acteurs publiées ci-dessus.