Les libéristes s'accordent avec le Parc national

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Sur la base de la convention concernant le vol libre passée en 1999, les représentants de cette pratique, réglementée dans le coeur du parc, argumentent et échangent avec les équipes du parc pour trouver les solutions les plus adaptées à la fois dans le cœur et dans la zone d'adhésion.Échanges d'informations et formations sont également au menu de ce partenariat.

"Le vol libre est une façon de découvrir le Parc national des Écrins" : cette reconnaissance de leur pratique, inscrite dans les documents préparatoires de la charte du Parc national des Écrins est, pour les libéristes, le fruit d'un partenariat ancien. Dans la première loi sur les parcs nationaux, la règlementation était stricte : le survol du territoire protégé à moins de 1000 mètres du sol est interdit. Cette règle valait pour les engins motorisés ou non.

Mais à l'époque, la pratique du deltaplane et du parapente n'existait pas... Aujourd'hui, la fédération française de vol libre (FFVL) compte quelque 22 000 libéristes en France. Et, pour un parapente, voler à plus de 1000 mètres au-dessus du sol en permanence revient à peu près à une interdiction totale.

Pour les engins motorisés, l'interdiction de survol à moins de 1000 m au-desus du sol n'a jamais été modifiée et elle demeure avec la nouvelle loi de 2006. Pour le vol libre (deltaplane et parapente), des évolutions ont donc vu le jour dans les Écrins voilà plus de dix ans. La première convention signée entre la FFVL et le parc national des Écrins s'appuyait sur une carte du cœur du Parc avec des zones interdites au survol et d'autres possibles selon les périodes de l'année.

Représentant de la ligue régionale PACA de la fédération française de vol libre (FFVL) et membre du comité directeur de cette fédération, Marc Lassalle est chargé de coordonner les relations avec les parcs nationaux dans le cadre des projets de charte : "l'expérience des Écrins est exemplaire. On s'appuie sur la convention passée en 1999 avec ce parc national pour montrer qu'il est possible de concilier nos pratiques et la protection du milieu naturel". Car la nouvelle loi de 2006 prévoit que les pratiques du vol libre et du vol à voile peuvent être "réglementées". C'est tout l'objet des discussions menées avec la fédération dans le cadre des projets de charte.

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La dernière réunion de concertation entre les représentants des pratiquants du vol libre et le Parc national des Écrins, ce lundi 6 décembre à Gap, permet d'avancer vers une convention réactualisée pour cette pratique dans le cœur du Parc national.

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Les représentants de la FFVL (1) participent au groupe de travail sur la pratique du vol libre dans les Écrins.

"Cette démarche a permis de voler dans des endroits exceptionnels" reconnaît ce passionné d'alpinisme et de parapente. Le "bilan" de la première convention a montré des marges d'amélioration comme la nécessité d'établir une carte simplifiée et plus lisible, de développer des modes de diffusion de l'information et de revitaliser le comité de suivi, à l'instar de ce qui se fait pour la convention escalade.

Dans les faits, sur le terrain, depuis l'autorisation dérogatoire permise par la convention, le cœur du parc national n'a pas été pris d'assaut par les libéristes. Il faut dire que l'engouement que pourrait connaître cette pratique est fortement limité par la longueur des ascensions... avec un parapente sur le dos.

L'expérience de ce passé de discussions n'a pas été vain. Le processus de charte l'a réactivé.

Informer les pratiquants et les professionnels

Un texte réactualisé est préparé actuellement par le Parc national, s'appuyant sur les discussions menées avec les représentants des pratiquants. La carte devrait mentionner des zones de décollage possibles toute l'année et d'autres au-dessus desquelles le survol reste cantonné au-dessus de 1000 mètres du sol, de novembre à fin juin. "Nous sommes d'accord avec cela. Jamais nous n'avons revendiqué de voler partout et tout le temps" souligne Marc Lassalle. Aucun aménagement physique de site de décollage dans le cœur du parc et aucune communication à vocation commerciale pour cette pratique particulière ne seront néanmoins autorisés.

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"Les restrictions de survol correspondent aux sites et périodes pendant lesquelles la faune a besoin d'être particulièrement tranquille. Ce sont les ongulés, les rapaces et les galliformes de montagne comme le lagopède qui sont notamment concernés" explique Jean-Pierre Nicollet, technicien de l'environnement au Parc national et chargé plus particulièrement du partenariat avec les pratiquants d'activités de pleine nature.

Les survols inopinés et réitérés sont susceptibles de compromettre la reproduction et la survie de certaines espèces mais cela n'est pas spécifique au cœur du Parc national... Les distances de réaction au survol de certaines espèces ont été étudiées, en Suisse notamment. Elles peuvent varier, selon les aéronefs, de 400 à 800 mètres.

D'une manière générale, "c'est l'effet de surprise qui est le plus risqué" ajoute Christian Couloumy, chargé des programmes de suivi des rapaces au Parc national des Écrins.

Les interventions d'agents du Parc national dans les rassemblements de pratiquants, la formation des formateurs et des cadres de la fédération comptent parmi les aspects importants de la démarche. "Ce qui est nouveau, c'est l'aller-retour entre le Parc national et les pratiquants" ajoute Patrick Belle, représentant de la ligue Rhône-Alpes de la FFVL.

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Les discussions nécessaires aux évolutions de la réglementation dans le cœur du Parc sont autant d'opportunités de mieux se connaître et de se mettre d'accord sur des règles de bonne conduite.

"Ces échanges permettent d'aboutir à des réglementations justes et proportionnées" analyse Jacky Bouvard, directeur technique national adjoint à la FFVL. "On travaille avec les parcs, avec la LPO, avec la fondation Nicolas Hulot et aussi sur les sites Natura 2000. La formation des pilotes est déterminante et c'est important d'avoir des outils pour intervenir et faire connaître les comportements à adopter".

L'évaluation des pratiques permettra d'évaluer la pertinence du cadre mis en place et de statuer, le cas échéant, sur la nécessité de le faire évoluer pour limiter les impacts négatifs des pratiques sur les espèces sauvages.

(1) Les représentants de la FFVL participent au groupe de travail sur la pratique du vol libre dans les Écrins. Cette fédération rassemble la grande majorité des pratiquants à qui elle fournit une assurance responsabilité civile aérienne, obligatoire pour pouvoir pratiquer ; cette assurance spécifique est délivrée également par la FFCAM (Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne). Ces deux fédérations regroupent la quasi-totalité des pratiquants. La FFVL, seule délégataire du vol libre par le ministère, est l'interlocuteur du Parc national pour organiser la pratique dans le massif et informer les pratiquants.

Des recommandations pour les pilotes

Une information conjointe de la FFVL et du Parc national est diffusée dans les clubs et écoles de vol libre, ainsi que sur le site internet du Parc national.

1. S'en tenir aux places d'envol, itinéraires de vol et places d'atterrissage recommandés par les clubs et les écoles ; éviter les zones de tranquillité pour la faune, indiquées par les clubs, les écoles locales et les agents du Parc national des Écrins

2. Au-dessus de la limite des forêts, choisir son itinéraire de manière à survoler le plus haut possible le terrain à découvert.

3. Éviter les vastes zones non habitées, au-dessus de la limite des forêts.

4. Si on aperçoit des animaux sauvages (par exemple des chamois ou des bouquetins), dévier sa trajectoire ou les survoler aussi haut et tranquillement que possible.

5. Jusqu'à fin juillet, éviter de raser les rochers avec des nids d'aigles et s'éloigner d'eux s'ils manifestent de l'agressivité.

Et pour les nouvelles pratiques ?

Les pratiques de "glisses aéro-tractées" (snow-kite) font également partie des compétences de la FFVL. Dans le projet de charte du Parc national des Écrins, l'objectif est de "contenir la pratique du snow-kite sur des espaces ne comportant pas d'enjeux environnementaux majeurs".

Pour l'instant, cette nouvelle pratique reste interdite dans le cœur du Parc national. La vigilance du Parc national n'empêche pas les échanges avec les professionnels de cette discipline.

Lire aussi l'article : Snow kite : une pratique encadrée

Et pour les planeurs ?

Des discussions sont également en cours avec les représentants des pratiquants du vol à voile. Comme pour les autres activités de plein air, il s'agit de mieux prendre en considération la vulnérabilité de certaines espèces animales dans les pratiques mais aussi préserver la quiétude et le caractère des sites dans le cœur du parc pour les visiteurs et les pratiquants des activités de montagne.

Pour en savoir plus

Voir la page Réglementation consacrée aux Survols non motorisés

Lire l'article : Information aux libéristes dans le massif des Écrins
Juin 2010
Quelques recommandations aux pilotes de parapentes, diffusées conjointement par le Parc national et la fédération française de vol libre dans le cadre de leur travail en commun pour concilier au mieux la pratique et le respect de l'environnement.

Lire l'article : Vol au-dessus d'un parc national
Novembre 2009
Parapentes, deltaplanes, planeurs : la concertation avec les pratiquants est en cours pour établir les règles d'un survol des Écrins, respectant certains sites à enjeux environnementaux, dans le cœur du Parc comme dans l'aire optimale d'adhésion.

Lire aussi l'article  Escalade : nouvelles voies concertées
Juin 2010
Dans le coeur du parc national, en lien avec les pratiquants, plusieurs principes sont établis pour la création de voies nouvelles en haute montagne.

ou encore, Escalade et alpinisme : voies nouvelles et terrain d'aventure - mai 2009