Plongée dans les fleurs jaunes

-A A +A
Prairie de fleurs jaunes © B.Nicollet - Parc national des Ecrins
Au beau milieu du printemps, il y a de quoi être impressionné par l'apparition en masse de fleurs jaunes... Du pissenlit à l'arnica en passant par l'épervière ou le tussilage, quelques repères dans la grande famille des astéracées.

"On peut considérer qu'au printemps et en début d'été la couleur jaune domine mais, avec un tantinet de précision, il s'avère qu'en nombre d'espèces, ce ne sont pourtant pas les plantes à fleurs jaunes qui sont les plus nombreuses" précise Bernard Nicollet, garde-moniteur dans le Valbonnais et féru de botanique.

"Parterres de primevères acaules, champs de pissenlits en plein midi, bouquets de jonquilles... et j'en passe, participent à l'éblouissement vernal. S'ajoute à cette féerie, la floraison malvenue de crucifères invasives tels que le Bunias d'Orient ou les cohortes de moutardes sauvages qui envahissent les cultures."

Voici quelques repères dans la grande famille des astéracées, celle dans laquelle on effeuille la marguerite.

Primevère acaule - © B-Nicollet - Parc national des Ecrins

Des astéracées par milliers

Crepis hispidus - Prairies - © Cedric Dentant - Parc national des Ecrins Dans la famille des astéracées, appelées hier « les composées », figurent les chardons et la légendaire marguerite, le tournesol, l'edelweiss et les chrysanthèmes. Elle regroupe un grand nombre de genres et plus de mille espèces et sous-espèces à fleurs jaunes. C'est dire qu'il est nécessaire pour les différencier d'emprunter, même s'il est sinueux, le meilleur chemin qui mène à leur reconnaissance.

Les astéracées (allusion à l'aster figurant dans cette famille dont l'identification est à priori un peu rébarbative), ont une particularité majeure : leurs plus ou moins nombreuses petites fleurs appelées fleurons, sont regroupées dans un capitule simulant une seule et même corolle. La seconde réside dans le fait qu'elles peuvent avoir trois aspects ou architectures différents, selon qu'elles sont liguliflores, radiées ou tubliflores. N'ayez pas peur, on vous explique...

Dans le groupe des pissenlits...

Epervières, pissenlits, salsifis, laitues,… font partie d'un premier groupe, celui des liguliflores. Leurs capitules renferment seulement des fleurs toutes dotées d'un seul « pétale » allongé et étroit appelé ligule. Un peu, beaucoup,… C'est justement elle que l'on retire lorsque l'on effeuille une marguerite !

Grâce à leurs facultés prononcées de clonage naturel et d'hybridation, les épervières détiennent la palme de la prolifération et de la diversité : de la plaine à la haute montagne, elles investissent tout le territoire et tous les habitats.

Apomixie et téléoxie !

Épervières et pissenlits peuvent se reproduire et donc donner des graines sans aucune forme de pollinisation et de sexualité. Ce privilège s'appelle l'apomixie semblable à la parthénogenèse dans le règne animal.

Comme l’épervière piloselle, l'épervière de Lepeletier prend ses aises en secrétant des toxines pour éliminer les plantes voisines. Cette particularité se nomme la télétoxie ou l'allélopathie. Leur présence en nombre peut être un indicateur de surpâturage.

Epervière Lepeletier - © B-Nicollet - Parc national des Ecrins Epervière velue © Parc national des Ecrins Epervière poilue  © Parc national des Ecrins Epervière laineuse © Parc national des Ecrins
Chez les épervières, de gauche à droite : celle de Lepeletier, la velue, la poilue qui "monte" jusqu'à 3000 mètres d'altitude, et la laineuse.

Le salsifis des prés
Salsifis des près © B-Nicollet - Parc national des Ecrins Akène Salsifis © Parc national des Ecrins
En plein soleil, il colore en jaune vif prairies et bords des champs... jusqu'à midi ! avant que ne se referme son capitule. Les insectes butineurs le repèrent grâce à sa couleur et à ses qualités nutritives. Alors laissons-le fleurir et fructifier pour le plaisir de tous. D'ailleurs, racines, jeunes feuilles et bouton floral sont comestibles.

Regroupées en boules argentées, les graines des salsifis, comme celles des pissenlits, leur donnent un aspect des plus spectaculaires. A maturité, les fruits équipés de parachute ne demandent qu'à coloniser l'espace au moindre souffle du vent.

Le pissenlit
Pissenlit © Bernard Nicollet - Parc national des Ecrins Fruits pissenlits - © P.Saulay - Parc national des Ecrins
Il n'a pas de tige, mais un pédoncule floral creux. Toutes ses feuilles sont regroupées à la base et plaquées au sol.

Bunias d'Orient - © Bernard Nicollet - Parc national des Ecrins L'invasif Bunias d'Orient

C'est une espèce envahissante qui monte aujourd'hui dans les vallées alpines, jusqu'à 1800 m. Elle est considérée comme une menace pour la nature, la « santé » agricole et l'économie.

Un peu, beaucoup, passionnément...

...à la folie ! A l'image de la marguerite, voici le deuxième groupe, celui des radiées, dont les capitules sont composés de fleurs en forme de tube au centre et avec ligules en périphérie.

Tussilage  © B-Nicollet - Parc national des Ecrins Le tussilage :

c'est l'espèce aux ligules les plus fines. En revanche, en plein floraison, les fleurs centrales en tube sont particulièrement bien visibles.

Il s'appelait populairement , « le fils avant le père ». Une allusion à l'apparition de ses fleurs bien avant ses feuilles comme ont l'habitude de le faire les pétasites.

 

Arnica - © Marie -Geneviève Nicolas - Parc national des Ecrins L'arnica :

Pour se prémunir des coups à venir, nombre de montagnards glanent encore, au début de l'été, quelques poignées des capitules au puissant arôme de cette belle marguerite d'un
jaune presque orangé.
Ils la reconnaissent à coup sûr grâce à son aspect velu et aux deux petites feuilles opposées et esseulées sur sa tige.
Mais gare ! Ingéré, l’arnica possède aussi des pouvoirs funestes dont certains ont fait les frais.

 

Le Doronic à grandes fleurs © Bernard Nicollet - Parc national des Ecrins Le doronic à grandes fleurs :

Par sa grande taille, il fait exception parmi tout le cortège des minuscules plantes alpines qui l'accompagnent dans les éboulis calcaires.

Ses capitules lumineux atteignent huit centimètres de diamètre.

 

 

Le Buphtalme à feuilles de saule -© Bernard Nicollet - Parc national des Ecrins La buphtalme à feuilles de saule :

Son nom est issu du grec bous : bœuf et ophtalmos : œil. On l'appelle ainsi Oeil de bœuf.

Sa floraison plutôt estivale en bouquets lumineux éclaire le bord des haies et les prairies plus ou moins délaissées dans les pentes bien exposées de moyenne altitude.

Un peu, beaucoup,… pas du tout !

Pas de ligule pour le troisième groupe d'astéracées appelé les tubuliflores dans lequel figurent les chardons, les centaurées et surtout les mythiques génépis, bien sûr à fleurs jaunes !

Génépi des glaciers ©  Parc national des Ecrins Le Génépi des glaciers :

Le plus rare des génépis. Ses capitules d'un jaune franc terminent de courtes tiges émergeant d'une sorte de coussinet de feuilles assez compact.
Il affectionne plus particulièrement la partie orientale du département des Hautes-Alpes.

 

Génépi bourru ©  Parc national des Ecrins Le Génépi bourru :

On l'appelle aussi le génépi laineux ou le génépi mâle. C'est le plus vigoureux, sa taille peut dépasser 20 cm.
Ses caractéristiques : un long épi de fleurs groupées
en capitules et son arôme puissant. Sa cueillette est interdite.

 

Génépi vrai ©  Parc national des Ecrins Le Génépi vrai :

Cette espèce est dotée d'un épi compact au sommet d'une tige plutôt courte mais épaisse.
Les bractées entourant les capitules sont bordées de brun, d'où son appellation de génépi noir. Il exhale un parfum d'absinthe, ce qui le distingue du génépi laineux avec lequel il est souvent confondu.

Lire aussi :

Les actions du Parc sur la flore
Patrimoines : Fleurs

Les dossiers : Fleurs des prairies
A propos des génépis...

A la découverte des fleurs des Alpes

Ce guide de terrain rédigé par les agents du Parc national des Ecrins, présente 350 espèces regroupées selon le milieu naturel où elles se rencontrent le plus fréquemment.
Elaboré par des botanistes attentifs à vous faire découvrir facilement le monde passionnant de la flore alpine, cet ouvrage original est le compagnon indispensable de vos balades en montagne...
Voir la boutique en ligne