- Année(s) de réalisation : 2015
- Auteur(s) : Sébastien De Danieli (IRSTEA) et agents du Parc national des Écrins
- Nombre d’espèces et sous-espèces : 9
Les vers de terre, ou plus scientifiquement les lombrics, ont un rôle essentiel dans le fonctionnement et la structuration des sols. Ils participent fortement aux processus de minéralisation et d’aide à l’humification de la matière organique, permettant ainsi une amélioration des propriétés du sol telles que la rétention d’eau et l’apport nutritif aux végétaux.
Les différentes espèces sont classées par groupes fonctionnels (épigées, anéciques et endogées) et interviennent à différents niveaux du profil d’un sol. Les lombrics sont considérés comme une espèce ingénieure de l’écosystème, par leur fonction de bioturbation des sols, c'est à dire de transfert d'éléments nutritifs entre les différentes couches du sol. Les turricules ainsi produits par les vers de terre associent matière minérale et matière organique et permettent d’enrichir le sol. Enfin, la rapidité du temps de réponse des communautés lombriciennes aux changements environnementaux représente un facteur complémentaire très intéressant à prendre également en compte dans le cadre d'un suivi sur l'ensemble de la réserve.
Réalisation du pré-inventaire
Sébastien De Danieli (IRSTA) a inventorié les vers de terre de la Réserve intégrale en 2015. Si d'ordinaire la méthode d'extraction chimique est utilisée, elle a ici été écartée. Cette méthode consistant à répandre sur le sol une solution urticante pour les vers, les faisant remonter en surface, n'est en effet pas adaptée à la réserve, de par le caractère sensible des milieux étudiés et la difficulté à transporter le matériel.
Une extraction manuelle a donc été privilégiée en se concentrant sur les zones refuges appréciées par les vers, comme les éboulis végétalisés et les sols forestiers profonds.
État des connaissances
Au total, sur les 14 points d'échantillonnage, 32 individus de 9 espèces différentes ont été identifiés. Les espèces contactées lors de ce premier inventaire reflètent particulièrement bien les milieux d'altitude. Malgré une technique d'échantillonnage peu adaptée et un sol sec, l'activité lombricienne s'est avérée importante sur certains secteurs. De plus, des individus appartenant aux trois groupes fonctionnels ont pu être observés, traduisant une activité équilibrée aux sein des différents horizons du sol.
Vers un inventaire exhaustif et un suivi des populations
Il faudra, à l'avenir, prospecter davantage les milieux d'altitude comme les pelouses et dalles végétalisées, pour lesquels aucun ver n'a été détecté lors de la première campagne. De plus, S. De Danieli préconise la mise en oeuvre lors de prochains inventaires d’un échantillonnage basé sur les techniques moléculaires ou ADN. L’analyse barcoding effectuée sur des échantillons collectés sur les différents horizons de sol et milieux de la réserve permettra de s’affranchir de nombreuses contraintes liées notamment au terrain, à l’humidité du sol et d’obtenir une représentation fine des communautés lombriciennes à l’échelle de la réserve. Grâce au relevé réalisé dans le cadre du protocole ORCHAMP*, ces analyses ADN pourront être réalisées.
* Plus d’infos concernant ce protocole sur le site web du Parc national :
Dispositif ORCHAMP : suivre l'évolution des écosystèmes montagnards
Les 9 espèces rencontrées :
- Aporrectodea chlorotica
- Aporrectodea longa
- Aporrectodea rosea
- Dendrobaena alpina
- Lumbricus castaneus
- Lumbricus friendi
- Lumbricus terrestris
- Octolasion cyaneum
- Octolasion lacteum