Une cabane patrimoniale à sauver
Perchée sur un replat à 2 312 m, la petite cabane de berger des Clots domine le hameau de Dormillouse depuis au moins le 19e siècle. Abîmée par le temps et les éléments, elle avait progressivement perdu son toit et ses murs s’étaient affaissés. Après le projet de restauration de la cabane de Marjas, rondement mené, les trois partenaires ont souhaité poursuivre leur collaboration en s’attaquant à une cabane voisine, tout aussi intéressante du point de vue patrimonial.
L’équipe du Gabion à la manœuvre
Comme pour Marjas, Commune et Parc national se sont partagés les coûts liés à la bonne réalisation du chantier (hébergement des stagiaires, portage des matériaux…). D’abord sous la houlette du formateur Louis Cagin, l’association du Gabion a déployé une équipe de stagiaires, tous en cours de préparation du CAP d’ouvrier professionnel de restauration du patrimoine. Deux périodes de stage en juin et en septembre ont permis de remonter les murs en pierre sèche de la cabane, puis de lui redonner un toit couvert de bardeaux de mélèzes. Pour ce dernier volet, les stagiaires ont bénéficié de l’expérience de François Denayrou, formateur en charpente-menuiserie. L’équipe a également pu compter sur le soutien des agents du Parc national en Vallouise pour les aspects logistiques, ainsi sur la coopération de l’éleveur et de la bergère présente sur les lieux.
La cabane des Clots, avant et après restauration
Un projet exemplaire à plus d’un titre
Comme l’explique Frédéric Sabatier, chargé de mission patrimoine bâti au Parc national, « cette restauration est très intéressante car elle combine trois dimensions : une avancée des connaissances historiques et scientifiques sur le lieu, la restauration d’un patrimoine singulier et sa valorisation pour l’activité pastorale actuelle ».
Du côté des connaissances tout d’abord, Louis Cagin et ses stagiaires ont mené un travail préparatoire très complet : analyse historique de la cabane, de ses abords et des graffitis présents sur les pierres, collecte des objets trouvés dans la cabane, dont deux silex taillés. « Ce travail exceptionnel de par sa qualité nous a permis de documenter l’histoire de la cabane, commente Frédéric. Les objets récupérés pourront être étudiés par Florence Mocci et Lisa Shindo, deux archéologues qui travaillent avec nous sur Dormillouse depuis très longtemps. » Petit bonus, l’équipe a également réalisé un relevé des araignées présentes dans la cabane, transmis à l’arachnologue Anne Bounias-Delacour. Tous les résultats de ce travail sont consultables dans le compte-rendu en ligne de Louis Cagin.
Du côté de la restauration, les caractéristiques architecturales de la vieille cabane ont été respectées, notamment avec la reconstruction entièrement à la main des murs en pierre sèche. « La toiture en mélèze est cohérente avec la cabane neuve construite à côté, toute en mélèze », complète Frédéric.
Car c’est la troisième caractéristique de ce projet, le fait de redonner à cette cabane un usage pastoral. Grâce au plan France relance, une nouvelle cabane confortable et à l’équipement complet a été construite sur le replat des Clots. « La nouvelle cabane a été dimensionnée pour être complémentaire à l’ancienne, explique Frédéric. Le berger logera dans la nouvelle, tandis que l’ancienne servira de lieu de stockage pour son matériel. Ainsi, le projet réinscrit l’abri dans sa trajectoire historique. »
Les deux cabanes des Clots : à gauche, l'ancienne restaurée, à droite, la nouvelle.
Un grand merci aux stagiaires du Gabion et à leurs formateurs !