A pas de fourmi, la connaissance s'améliore

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Fourmis - © D.Combrisson - Parc national des Écrins
A la faveur d'un inventaire réalisé en 2018 en partenariat avec l'association Antarea, 58 espèces de fourmis ont été déterminées dans les Écrins… La connaissance de ce groupe d'invertébrés s'est ainsi considérablement accrue grâce aux déterminations de ces experts. Deux espèces remarquables ont été identifiées.

La liste des invertébrés connus dans les Écrins continue de s'enrichir…. En 2018, ce sont les fourmis qui ont fait une belle entrée dans la base de données du Parc national.

Fourmis et fourmilière © M.Coulon - Parc national des Écrins Fourmi © M.Coulon - Parc national des Écrins

Le travail d'inventaire engagé avec l'association Antarea a permis de géolocaliser précisément pas moins de 365 données de fourmis dont 44 nouvelles espèces sur l'espace du parc national, augmentant ainsi la diversité de ce groupe à 58 espèces au sein des Écrins, soit un quart des espèces présentes en France continentale.

Il existe en effet près de 230 espèces de fourmis actuellement en France continentale. Seuls des experts sont capables d'identifier les espèces. C'est pour accompagner le Parc national dans cette démarche que l'association Antarea a été sollicitée.

Des invertébrés collectés par les agents du Parc national © M.Coulon - Parc national des Écrins

Des invertébrés collectés par les agents du Parc national sont transmis à des experts pour identification. © D.Combrisson - Parc national des Écrins Ainsi, lors de prospections et selon des protocoles permettant l'identification et le traitement ultérieur des données, les agents du Parc national ont réalisé des collectes sur différents sites du massif. Les individus collectés ont ensuite été transmis aux experts de l'association qui ont réalisé les déterminations.

Voir, sur l'atlas en ligne du Parc national, la liste des espèces de fourmis identifiées dans les Écrins

Parmi les espèces remarquables identifiées en 2018, on peut noter la première mention pour les Alpes françaises de Formica paralugubris Seifert, dans la vallée du Rabioux, sur la commune de Châteauroux-les-Alpes. Cette espèce alpine a longtemps été confondue avec Formica lugubris et n’a été décrite pour la première fois qu’en 1996 dans le Jura suisse. Il est impossible de distinguer leur morphologie sur le terrain et cela nécessite une préparation en laboratoire ainsi qu'une loupe binoculaire. L’ensemble des expertises a été réalisé par Christophe Galkowski, de l’association Antarea.

Autre fourmi remarquable, la présence de Temnothorax grouvellei (Bondroit, 1918), sur la commune de Freissinières, une espèce méditerranéenne très discrète qui n’est connue qu’en Espagne et en France.

"En abritant des espèces méditerranéenne et alpine, le parc national des Ecrins se présente comme un espace de transition, organisant la synthèse entre ces différentes influences climatiques" précise Damien Combrisson, chargé de mission "invertébrés" au Parc national . "C’est en partie sur la base de ce contraste que s’organise la diversité du vivant".

Manica rubida- © Damien Combrisson - photographié au glacier Noir en 2018 Manica rubida (Latreille, 1802) photographiée sur la moraine du glacier Noir le 8 août 2018 

Des experts pour partenaires

Fourmi © M.Coulon - Parc national des Écrins Sous le terme «d’invertébrés», on regroupe les espèces animales qui ne possèdent pas de squelette interne comme les papillons, criquets, libellules pour les plus connus d'entre eux mais également les lombrics, les mollusques, mouches et autres "petites bêtes".... La liste est longue et l'on continue de découvrir de nouvelles espèces quotidiennement sur la planète. Pour les insectes, par exemple, on estime que le nombre d'espèces au niveau mondial est compris entre 3 et 80 millions… Autant dire que le chemin est encore long pour pouvoir appréhender correctement la richesse spécifique d'un lieu !

Le parc national des Écrins n'échappe bien sûr pas à ce constat général et les compétences internes ont permis ces dernières années de travailler sur un état des lieux relativement bien connu pour les papillons de jour, les libellules, les criquets et sauterelles et, plus récemment, les mollusques continentaux depuis 2014.

« En dehors de ces groupes, la connaissance reste fragmentaire voire inexistante » reconnaît Damien Combrisson.

Pour les fourmis, par exemple, la première détermination mentionnée dans les Écrins intervient en 2007 où Formica cinerea Mayr, 1853, sera notée dans le Valgaudemar : une donnée transmise par un entomologiste partenaire du Parc national. Les agent du Parc national ont une très bonne connaissance de leur territoire, tant sur la faune que sur la flore, l'étude des fourmis en revanche nécessite un haut niveau de spécialisation.

En 2015-2016,  un premier inventaire des fourmis a été réalisé dans le cadre de l'inventaire général de la Réserve intégrale du Lauvitel.  Les observations réalisées par les spécialistes avaient abouti à la détermination de 15 nouvelles espèces pour le parc national des Ecrins ! 

Lasius emarginatus, 2018 à Châteauroux-les-Alpes © M.Coulon - Parc national des Écrins
Lasius emarginatus​, photographiée en 2018 dans la cour de la Maison du parc, à Châteauroux-les-Alpes, par Mireille Coulon, garde-monitrice. L'espèce a été ensuite identifiée par un expert de l'association Antarea.

Des invertébrés collectés par les agents du Parc national sont transmis à des experts pour identification. © D.Combrisson - Parc national des Écrins Fourmis et oeufs - © B.Nicollet  - Parc national des Écrins

"De plus en plus, le Parc national des Écrins crée des partenariats et s’associe à un réseau d'experts au sein duquel les compétences taxonomistes permettent de travailler à l'amélioration des connaissances sur un genre, une famille ou bien un ordre d'invertébrés".

C'est dans ce contexte que l'association Antarea, spécialisée dans l'identification des fourmis en France métropolitaine, s'est associée au Parc national afin d’obtenir des informations sur la biodiversité présente au sein de ce groupe sur notre territoire.

« L’association Antarea  a pour but de développer et diffuser la connaissance sur la myrmécofaune de France métropolitaine. Son activité principale est la constitution d’une base de données d’observations géoréférencées pour toutes les espèces de fourmis sur le territoire de la France métropolitaine, sur la base d’échantillons collectés par tout citoyen souhaitant participer au projet. L’association a été chargée par le Muséum National d’Histoire Naturelle de coordonner l’inventaire national des fourmis dans le cadre de l’Inventaire National du Patrimoine Naturel » ajoute Rumsais Blatrix, vice-président de l’association.

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