
Avec le retour du loup dans les alpages, le métier de berger a dû évoluer avec une forte augmentation de la charge de travail : le regroupement nocturne est devenu quasi systématique, la surveillance du troupeau est renforcée, la présence des chiens de protection occasionne de nouvelles contraintes.
En cas d’attaque, le berger doit aussi chercher les brebis tuées ou égarées et rétablir l’ordre au sein du troupeau.
Alléger la pression
La saison en alpage peut parfois s’avérer longue pour les bergers qui s’occupent des bêtes tous les jours, et parfois même la nuit. Et d’autant plus lorsque la pression de prédation est importante et que les alpages sont difficiles à garder (terrain accidenté, broussailles ou forêts denses, éclatement du troupeau,…).
Pour soulager les bergers en cas d’attaques récurrentes ou à la suite des épisodes de forte tension, le Parc national des Écrins a pu mobiliser des financements pour le recrutement de trois bergers expérimentés. Ils pourront être sollicités en appui aux bergers en place en cas d’urgence-prédation sur les alpages du cœur du parc du 13 juillet au 13 octobre.
Berger de tous les instants
Depuis des siècles, les bergers conduisent et gardent les troupeaux (vaches, brebis et parfois même les chèvres) en alpage pour leur permettre de profiter d’une ressource alimentaire neuve et fraîche pendant qu’en plaine, les prairies sont fauchées afin de constituer des stocks de foin pour l’hiver.
La surveillance des troupeaux en alpage requiert une importante connaissance du milieu et des animaux, une grande autonomie et une forte capacité à s’adapter aux conditions parfois rudes en montagne.
Le berger est chargé d’organiser le pâturage. Aidé de chiens de conduite, il guide le troupeau sur les différentes zones de l’alpage pour qu’il soit correctement nourri, tout en optimisant la ressource pour ne pas compromettre son renouvellement pour les années suivantes.
Il surveille l’état de santé des animaux et peut prodiguer des soins (sutures, soins contre les parasites ou maladies, mises-bas, …). Il aménage les parcs de nuit lorsqu’il y en a, transporte le matériel entre les différents quartiers de pâturage, assure le nourrissage des chiens de conduite et des chiens de protection...
Ce nouveau soutien au pastoralisme vient compléter les mesures d'accompagnement portées par le Parc national depuis plusieurs années pour aider la profession à faire face à la prédation : réalisation des constats de dommage, sensibilisation sur les chiens de protection, cabanes d'appoint héliportables, réseau radio....
"Ce dispositif d'appui a été mis en oeuvre en s'appuyant sur le retour encourageant de l’expérimentation menée en 2019 par les Parcs nationaux de la Vanoise et du Mercantour" rappelle Isabelle Vidal, responsable du service "aménagement" du Parc national. "Il est aussi le fruit des discussions menées au sein du groupe « élevage et prédation » du Parc national de Ecrins".
Formé à l'automne dernier, ce groupe de travail et de dialogue rassemble des élus, des représentants de la profession agricole ainsi que des représentants des bergers, les chambres d’agriculture et services pastoraux, l’Institut de l’élevage, le Syndicat National des Accompagnateurs en Montagne, et les structures de l’État (Office Français de la Biodiversité, Directions Départementales des territoires, Parc national des Écrins).
Ainsi, les trois bergers recrutés pour intervenir cet été forment une sorte de "brigade", financée par la DREAL AURA dans le cadre du Plan national d'actions (PNA) en faveur de l'élevage en lien avec la prédation. Leur appui est proposé aux éleveurs de brebis ayant leurs troupeaux sur des alpages gardés du cœur du parc national ainsi qu'aux bergers qui gardent sur ces alpages.
Pour une vingtaine d'alpages concernée au total, chacun des bergers intervient sur un secteur géographique défini comprenant 5 à 8 alpages selon les sites.
En dehors des situations d’urgence et de pression de la prédation, le berger d’appui va tourner sur les différents alpages de son secteur selon un planning prévisionnel qui a été établi en début de saison, en lien avec les éleveurs et des bergers.
Outre les compétences dans le métier (connaissance des brebis, expérience de la garde et de la conduite de troupeaux en alpage en contexte de prédation, connaissance des chiens de protection,...), ces bergers devront faire preuve d'écoute et d'une souplesse pour s'adapter à chacun des alpages, aux habitudes et aux contraintes des différents bergers auquels ils viennent prêter main forte.
Un plus pour les bergers dans les moments de détresse, ou pour souffler un peu quand cela devient nécessaire.
Des renforts pour 20 alpages
Secteur Briançonnais-Vallouise-Embrunais
- - Dormillouse
- - Faravel - Grand Cabane
- - Palluel - Chichin
- - Jas Lacroix
- - Arsine
- - La Vieille Selle
Secteur Valgaudemar
- - Les Pales
- - Surrette - Vallompierre
- - Gioberney
- - La Lavine
- - Beranne - Prantiq
- - L'Aup
- - La Muande
Secteur Oisans - Valbonnais
- - Alpe du Pin - Mariande
- - Le Rousset - Lavey Rive Gauche
- - Le Puy - La Selle
- - Le Ramu
- - Font Turbat
- - Montagne de Chantelouve
- - Vet Combe Guyon
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Dossier : Des alpages partagés - 2020 : cet article reprend pour l'essentiel le contenu du journal du Parc national des Ecrins paru à l'automne 2019
L'Echo des Ecrins, le journal du Parc national n°43
Soutenir le pastoralisme bousculé par le retour du loup : un défi pour le Parc national des Écrins, à conjuguer avec ses missions de protection et d'accueil des visiteurs.Vidéo : qui sont les chiens de protection des troupeaux ?
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