
Le mois de mai est traditionnellement celui des comptages de galliformes. Pour les lagopèdes alpins, seuls les comptages prévus à Chantelouve (Valbonnais) et à Arsine (Briançonnais) ont pu se dérouler cette année. L'organisation de deux autres dénombrements, dans le Champsaur et en Embrunais, a été annulée en raison des conditions climatiques ou d'accès.
Dans le Briançonnais, le site du col d'Arsine est concerné par le suivi du lagopède alpin depuis 2011. Cette petite poule (400 à 500 g) vit toute l'année au-dessus de la limite supérieure de la forêt. Formidablement adaptée à la rudesse de ce milieu de roches et d'herbe rase, très discrète et mimétique, la perdrix blanche se repère néanmoins au printemps au lever du soleil grâce au chant du mâle.
"Le protocole recommande de réaliser l'opération deux fois de suite chaque année afin de profiter du meilleur créneau et de retenir ainsi le comptage le plus favorable" relate Cyril Coursier, technicien patrimoines dans le Briançonnais.
"Après quelques affinages de la méthode, l'équipe du secteur a figé une façon de travailler : 7 postes fixes distants de 400 m environ les uns des autres couvrant tout l'espace entre le col d'Arsine, les lacs et les plates du Réou. Depuis 2011, les effectifs sont relativement stables autour d'une bonne dizaine de mâles".
Les agents qui participent à cette action dorment la veille au refuge d'hiver de l'Alpe de Villar et le quittent à 3h30 afin d'être en place sur leur poste avant le lever du soleil un peu avant 5 heures.
Cette année, les premiers coqs ont chanté à 4h47. En général, l'opération se termine vers 5h30, les animaux qui se déplacent ensuite augmentent le risque de double comptage.
"Si la courbe semble progresser, il ne faut pas s'emballer et être très prudent avec cet animal dont le taux de reproduction est le plus bas des galliformes" précise Cyril Coursier.
C'est également le cas pour la population de Chantelouve, même si on dispose d'un peu plus de recul dans le suivi.
Ces dénombrements s'insèrent dans un programme national mené par l'OGM (Observatoire des Galliformes de Montagne) qui permet d'estimer une tendance nationale des évolutions de ces poules sauvages. Et la tendance est à la baisse, surtout sur la bordure ouest des Alpes françaises.
"Le lagopède est une espèce pour laquelle le Parc national a une une forte responsabilité : le cœur du parc national recouvre une partie importante du domaine vital de l'espèce et une part importante des populations françaises" souligne Ludovic Imberdis, chargé de mission "faune" au Parc national.
"On explore actuellement différentes pistes pour aller au-delà des comptages et évaluer des perspectives pour l'espèce : modélisation de sa niche écologique, évaluation de l'impact des changements globaux sur sa répartition et sur les possibilités d'échanges entre populations..."
Participez au suivi des lagopèdes !
Espèce emblématique des régions froides et de la haute montagne, le lagopède alpin est une espèce à forte valeur patrimoniale en particulier pour le Parc national des Écrins.
Doté d’un grand mimétisme (capacité à se confondre avec son environnement), il est particulièrement difficile à détecter.
Dans le contexte actuel du changement climatique, vos données sont précieuses, elles peuvent nous aider à mieux comprendre l’évolution des populations alpines ainsi que leur répartition dans les Ecrins.Merci donc, si vous observez un lagopède, de bien vouloir nous retourner cette fiche à :
Un jeu : Ouvrez l'oeil ! Trouvez les lagopèdes
A écouter, deux chroniques nature sur la RAM, radio associative des Hautes-Alpes: Le lagopède alpin, un oiseau d'altitude menacé et Les poules de montagne
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