Après la saison des amours, les bouquetins des Ecrins se sont stabilisés sur leurs sites d'hivernage respectifs.
Pendant l'année 2017, dans le cadre des programmes de suivi des bouquetins désormais connectés dans une vision internationale, 16 nouveaux individus ont été capturés et équipés de colliers-émetteurs : 7 dans les Cerces, 6 en Oisans, 6 dans le Champsaur. Trois bouquetins ont également fait l'objet d'une recapture pour changer ou réparer leur collier.
Les captures sont l'occasion de collecter des informations sanitaires. De ce point de vue, "le bilan reste mitigé avec la présence de la maladie caséeuse et de la fièvre Q, des pestiviroses toujours largement détectées" indique Michel Bouche, technicien patrimoine, chargé de la coordination de ce programme.
Lire aussi : Une maladie semble accroître la mortalité des bouquetins
"La reproduction a été bonne dans le Champsaur avec près de 80% des femelles marquées qui ont mis bas, un peu moins dans les Cerces avec un peu plus de 60%.
Mais c'est au printemps qu'il faudra faire les comptes après l'hiver particulièrement rude."
L'enneigement important et les inévitables avalanches auront forcément un impact sur les bouquetins des Ecrins.
En émettant une alerte "mortalité", les colliers GPS permettent de retrouver plus rapidement le cadavre de l'animal concerné, afin de réaliser une autopsie et cerner les causes de la mort. C'est l'un des points importants du programme de suivi qui s'étend désormais à d'autres populations de bouquetins dans le cadre du programme international "Lemed ibex" coordonné par les Ecrins.
Des bouquetins voyageurs... ou non
Le bilan de l'année 2017 des déplacements enregistrés grâce aux colliers GPS est l'occasion de mentionner quelques pérégrinations des bouquetins, parfois exceptionnelles.
Transmettez vos observations
Si vous observez un bouquetin marqué dans les Ecrins, de bien vouloir nous retourner la fiche-formulaire à remplir téléchargeable en cliquant ici
et à transmettre à : obs-bouquetins@ecrins-parcnational.fr
Observez les bouquetins marqués et les lagopèdes alpins !
En Champsaur-Valgaudemar
Champsaur, ce jeune mâle a été capturé en 2016 dans le vallon du Tourrond à Champoléon a vu son collier changé en 2017. Il hiverne sur le puy des Pourroys et le vallon duTourrond à Champoléon. Il fait partie des bouquetins "grands voyageurs"... Ainsi, comme en 2016 il estive sur la limite entre Champsaur et Vallouise. Fin novembre 2017, il pousse jusqu'à La Motte-en-Champsaur pour revenir sur son site d'hivernage. En janvier il retourne sur Jartier (Valgaudemar). L'amplitude de ses déplacements atteint 28km et il aurait parcouru plus de 400 km en 2017.
- Abricot, jeune mâle capturé en 2016 dans le vallon du Tourrond, passe de la face-ouest du vieux Chaillol à l'arrête de Pian en été (vallon de Molines en Champsaur), à la face sud du puy des Pourroys en hiver, avec un incursion au Puy des Baumes en novembre
- Dance est une femelle capturée en 2017, également dans le vallon du Tourrond. Sédentaire autour du Puy des Pourroys, elle s'octroie une incursion sur le pic du Tourrond et le vieux Chaillol en automne.
- Elena a été capturée en 2016 sous le Puy des Baumes. Comme en 2016, elle rejoint les arrêtes de Gioberney (Valgaudemar) pour l'été, avec une petite incursion en Oisans au dessus du glacier du chardon.
- Hachka est une femelle recapturée en 2016 dans Champoléon. Depuis 2013, elle fait les aller retours entre le puy des Baumes en hiver et l'arrête de Pian en été.
- Mael : jeune mâle recapturé en 2017 dans le vallon du Tourrond à Champoléon, il hiverne sur le puy des Pourroys et passe l'été sur l'arrête de Pian dans le vallon de Molines en Champsaur. Cet automne, il s'y est repris à 2 fois pour revenir sur son site d'hivernage (22 septembre et 2 novembre).
Dans le Champsaur, un comptage ouvert au public a eu lieu le 30 janvier dernier à Champoléon. Une cinquantaine de personnes y a participé.
Sur les sept postes d'observation, les bouquetins étaient visibles à une distance allant de 800 m à 2 km.
Avec des conditions d'observation qualifiées d'idéales, "304 bouquetins ont été dénombrés contre 273 l'année dernière" souligne Rodolphe Papet, technicien patrimoine chargé du suivi de cette population réintroduite par le Parc national.
Les résultats sont en augmentation. Ce qui rassure les agents du Parc et de nombreux observateurs passionnés, compte tenu des avalanches de début d'hiver qui ont très certainement occasionné des pertes.
"Ce type de comptage permet aussi de repérer les individus marqués visuellement (boucles aux oreilles de couleur), pour tester une nouvelle méthode d'évaluation de taille de la population (méthode dite "CMR" capture, marquage et re-captures visuelles).
Dans les Cerces
- Dimanche, jeune mâle capturé dans les Cerces en 2015, continue ses aller retours entre France et Italie. Après avoir passé l'hiver au nord du Grand Galibier, il rejoint Rochemolles en avril et revient mi juillet sur le site d'hivernage. En novembre il repart en Italie presque jusqu'au mont Cenis, parcourant plus de 70 km en 15 jours. L'amplitude de ses déplacements atteint 43 km, et il aurait parcouru environ 380 km en 2017. Lire aussi : Dimanche, le bouquetin sans frontière
- Baptiste : jeune mâle capturé en 2016 dans les Cerces, il a estivé dans la Clarée entre le lac des Béraudes et le Chardonnet et hiverne côté Guisane entre roche Robert et le clos des Vaches, comme en 2016.
- Boule : vieux mâle capturé au-dessus de Monétier en 2017. Il fait de nombreux aller retours entre Guisane et Clarée avec une préférence côté guisane en hiver... où il vient de mourir. Début février, son collier émis un signal de mortalité. En moins de 12 heures, sa dépouille a pu être récupérée et emmenée au laboratoire d'analyse vétérinaire.
- Camille : jeune femelle capturée dans les Cerces en 2016 : elle reste entre le grand Galibier et le Casset. Elle est la seule étagne marquée à adopter cette stratégie. Quelques incursions en Savoie en 2016 et 2017.
- Electron, ce jeune mâle capturé en 2017 dans les Cerces grâce au mécénat d'EDSB, circule entre Savoie et Cerces en été et passe l'automne et l'hiver entre Roche Robert et Monetier.
- Fabien, capturé en 2016, reste entre Grand Galibier et Casset, mais parcourt plus de 80 km en 15 jours fin novembre entre le Goléon, la Grave et Plampinet et le col du Granon. L'amplitude de ce déplacement atteint 28 km. Il aurait parcouru près de 400 km en 2017 (voir ci-dessous).
- Serge : Mâle capturé dans les cerces en 2017. Il reste entre Grand galibier et Monétier, avec une incursion sur la Grave fin novembre
Un bouquetin bien "surveillé" à Chantoiseau
Ce n'est pas un bouquetin "marqué" mais un vieux mâle de 17 ans qui est venu s'installer vers la fin janvier sur une butte légèrement déneigée située derrière le Centre médical de Chantoiseau, à Briançon. "Certains patients le voient de leur fenêtre !" explique Eric Vannard, garde-moniteur dans le Briançonais, qui a saisi l'occasion pour donner des informations sur cette espèce protégée.
Ce bouquetin est connu des observateurs des ibex des Cerces en raison d'une blessure particulière à l'une de ses cornes.
"La dernière fois que je l'avais vu, c'était au mois de juillet sur L'Alpe du Lauzet" raconte Eric Vannard. "Il a probablement circulé sur les crêtes du Granon à la croix de Toulouse où j'en ai vu d'autres en novembre, puis il est descendu avec ces fortes chutes de neige". Là, il broute le peu d'herbes qu'il trouve... et il est devenu un sujet d'intérêt pour les patients et le personnel.
Il est en tout cas bien "surveillé" et des photos sont transmises au Parc national très régulièrement !
Du côté de l'Oisans-Valbonnais
- Brice : jeune mâle capturé en Oisans en 2017. Il tourne autour du Rochail (Villar notre Dame en Oisans) avec quelques incusion en été sur Plan Vianney et sur la réserve intégrale du Lauvitel au moment du rut.
- Djett, femelle marquée en 2016 à Valsenestre, hiverne sur l'Arcanier au-dessus d'Entraigues et estive dans la réserve intégrale du Lauvitel. Pas de déplacement sur Villar notre Dame comme en 2016.
- Loulou est un mâle capturé en 2017 au lac sec au dessus du lac du Lauvitel. Il passe l'été autour du Rochail, rejoint Valsenestre puis l'Arcanier au dessus d'Entraigues en novembre.
- Moussaillon, capturé en 2016 au lac du Lauvitel, suit le même parcours que Loulou. En 2017, il a été repéré dans le vallon de la Bonne au-dessus du Désert en Valjouffrey.
- Patience a été capturée en 2017 sur Valsenestre. Ses déplacements sont mentionnés sur la carte ci-dessous : elle passe l'été dans la réserve intégrale, avec une incursion jusqu'à l'aiguille du midi au dessus des Gauchoirs (Vénéon).
- Sergio, lui, hiverne sur l'Arcanier au-dessus d'Entraigues et passe l'été entre le signal du Lauvitel et Plan Vianney au dessus du lac Lauvitel.
- Sirocco est un jeune mâle capturé en 2017 dans l'Oisans qui reste sur le Rochail.
Pour en savoir plus, lire aussi :
- "Ibex in the mountain" : un film d'animation pour un programme scientifique - décembre 2017
- LEMED IBEX : un programme européen pour le bouquetin des Alpes - septembre 2017
- Le bouquetin, du Léman à la Méditerranée : tout un programme ! Juin 2017
- Les bouquetins dans leurs quartiers d'hiver - décembre 2016
- Plus de 300 bouquetins dans les Cerces - juin 2016
- Une maladie semble accroître la mortalité des bouquetins -
mars 2016 - Ecouter La chronique nature "Le suivi du bouquetin"
- Des bouquetins géolocalisés - Avril 2013
- Bouquetin des Cerces : l'hiver meurtrier - mai 2010
Suivez les bouquetins... à distance
Un site internet vous permet de visualiser sur votre écran d'ordinateur ou votre smartphone les déplacements des bouquetins actuellement équipés d'un collier-émetteur dans les Écrins. Un outil de partage des données scientifiques.
