Trop chaud pour le glacier Blanc... et pour la Meije aussi !

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Relevés mi-septembre 2018 Glacier Blanc - photo M.Bouvier - Parc national des Ecrins
Encore une bien mauvaise année pour le glacier au suivi le plus méridional des Alpes et ce, malgré le bon enneigement hivernal dont il a bénéficié. La chaleur estivale a également conduit à un effondrement au glacier Carré, rendant impraticable l'itinéraire historique de la traversée depuis le 7 août.

Un dernier relevé réalisé hier sur le glacier Blanc par l'équipe du Parc national vient confirmer la tendance de cet été très chaud. Bilan : 1,34 mètres de perte en eau pour le géant des Ecrins. 

Glacier blanc - septembre 2018 - photo Martial Bouvier - Parc national des Ecrins Glacier blanc - septembre 2018 - photo Martial Bouvier - Parc national des Ecrins

Ce n'est pas la pire des années mais cela reste dans les plus mauvaises pour le glacier Blanc, commente Martial Bouvier qui vient de réaliser le bilan de masse 2018. Si les accumulations de neige de l'hiver dernier ont été conséquentes en-dessous de 3 000 mètres, ce n'était pas exceptionnel au-dessus. Pas de quoi compenser la fonte liée à la chaleur estivale et une ablation de 2,91 mètres d'épaisseur, plus importante que l'an dernier.

graphique 2018 - glacier Blanc - PNE

Lire aussi : Forte perte estivale pour le glacier Blanc - octobre 2017

Glacier Blanc - 1995 /2018 - photo constat J.Faure et T.Maillet - Parc national des Ecrins
1995 à 2018 : 23 ans de recul en continu pour le glacier Blanc

137 mètres de recul du front en 2018

Le recul du front du glacier Blanc en 2018 compte parmi les records. Spectaculaire visuellement, la langue glaciaire s'est retirée sur plus de 137 mètres... "Une mesure "conjoncturelle" essentiellement liée à la configuration du glacier" précise Martial. La mesure peut donc fortement varier d'une année à l'autre sans lien direct avec le niveau de fonte du glacier de l'année.  "En moyenne sur 10 ans, le front du glacier recule d'environ 45 mètres par an, c'est ce qu'il faut retenir" résume le garde-moniteur.
Le retrait devrait se poursuivre puisque le glacier fabrique moins de glace en altitude, ce qui est montré par les bilans de masse calculés depuis l'année 2000. Cette perte de masse entraîne une diminution de la vitesse d'écoulement du glacier.

Glacier carré après éboulement de l'été 2018 - oct 2018 - photo P.Saulay - Parc national des Ecrins Effondrement à la Meije

Les gardiens des refuges d'altitude n'ont enregistré que très peu de températures négatives dans l'été.

Ce réchauffement ne touche pas que les glaciers mais aussi le permafrost (ou pergélisol) : la fonte du sol glacé, véritable "ciment" des sommets, est à l'origine d'effondrements de plus en plus fréquents. Le phénomène est désormais bien décrit. Il a touché cet été l'itinéraire de la Meije, rendu impraticable depuis le 7 août dernier par un énorme éboulement au glacier Carré qui, miraculeusement, n'a occasionné que des blessés.

L'avenir de cet itinéraire mythique est en question...

L'urgence climatique est encore plus forte en montagne.

Glacier carré octobre 2008 - octobre 2018 - photos P.Saulay / Aurore Seignemartin - Parc national des Ecrins
Le glacier Carré, d'octobre 2008 à octobre 2018

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