Armés de leurs loupes et de leurs filets, des agents du Parc national se sont perfectionnés dans la distinction des insectes de quelques centimètres au maximum, en particulier ces insectes sauteurs qui peuplent nos alpages.. Organisée en cette fin d'année 2015, une formation était en effet organisée avec notamment l'intervention de Yoan Braud, spécialiste des Orthoptères.
Sur 43 000 données concernant les invertébrés, ce sont les papillons (36 000 données) qui représentent l'essentiel de la connaissance enregistrée dans les bases de données du Parc national.
"Au total, ce sont pas moins de 75 espèces de criquets, grillons et sauterelles qui sont actuellement répertoriées sur le territoire du Parc national" indique Ludovic Imberdis, chargé de mission « Faune » au Parc national des Ecrins. "Deux d'entre elles ont été découvertes au cours de cette formation, cela montre à quel point les insectes sont encore méconnus dans nos milieux naturels !"
Les deux espèces repérées sont deux miramelles : la miramelle piémontaise (Epipodisma pedemontana waltheri) typique du domaine alpien où elle est vulnérable (photo ci-dessus), et la miramelle du Ventoux (Podisma amedegnatoae). Deux "nouveautés" patrimoniales pour les bases de données du Parc national des Ecrins qui, en matière d'invertébrés, restent à compléter progressivement.
Dans l'été, Blandine Delenatte, garde-monitrice en Vallouise, a d'ailleurs découvert le Sténobothre cottien (Stenobothrus cotticus), une espèce également patrimoniale pour le parc national des Ecrins qui n'avait pas encore été enregistrée...
Inventaire et protocoles
Si les grillons, criquets et sauterelles ont été choisis c’est parce qu’ils jouent un rôle important dans les écosystèmes, et notamment dans les alpages.
"En effet, ils y constituent une ressource alimentaire très importante pour les animaux insectivores, et notamment les oiseaux" précise Donovan Maillard qui travaille autour de la thématique des invertébrés, dans le cadre d'une mission de service civique au sein du Parc national des Ecrins.
"Adaptées à des micros-habitats, ces espèces peuvent assez rapidement indiquer des changements de végétations ou de mode d'exploitations. Enfin, nombre d'entre eux sont herbivores ou omnivores et ils peuvent s'avérer très nombreux localement. Ils peuvent alors contribuer, à leur échelle, au maintien de milieux ouverts et au pâturage des alpages".
C'est, entre autres, l'un des objets de ce type de formation : pouvoir récolter des données régulièrement à l'occasion de différentes missions sur le terrain mais aussi mettre en œuvre des protocoles qui permettent de répondre à des questions scientifiques et sociétales. Qu'en est-il de la biodiversité commune, est-ce que les espèces méridionales remontent, quel est l'impact du changement climatique sur des espèces typiquement montagnardes pour lesquelles le Parc a une responsabilité patrimoniale ?